Irina K. 05/01/2022

1/4 Qui va m’apprendre à voter ?

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À presque 18 ans, Irina va pouvoir voter pour la première fois, mais elle ne se sent ni prête, ni préparée pour une telle responsabilité.

J’ai bientôt 18 ans, je vais pouvoir voter, la présidentielle approche rapidement et je ne sais plus vers qui me tourner pour essayer d’appartenir à ce monde, qui risque bientôt de devenir le mien. Voter, un beau cadeau d’anniversaire ? Comment en profiter si on ne m’a jamais appris à l’utiliser ?

Spectatrice plutôt qu’actrice

La politique a toujours été pour moi quelque chose de compliqué à comprendre. Depuis petite, je vois mes parents voter, parler politique et débattre aux repas de famille le dimanche. Mais j’ai toujours pensé que ma place resterait la même toute ma vie : spectatrice. À l’école, la politique est un sujet constamment écarté, voire censuré au sein des classes. On a pris deux ans pour m’expliquer le règne de Louis XVI en France, mais pas une seule seconde pour m’apprendre la politique actuelle de notre société.

Les cours d’éducation morale et civique qu’on nous enseigne sont beaucoup trop simples, et surtout trop courts. Nous en avons seulement une heure par semaine, ce qui est en réalité très peu comparé au français ou encore à l’histoire-géographie. Une heure pour comprendre notre société est théoriquement impossible.

Ne pas voter, qui nous écoute ?

Et puis, j’ai toujours eu l’impression que parler politique avec des personnes de mon âge était quelque chose de dérangeant et peu approprié. Je me souviens d’un jour, j’étais avec des amies à Paris et j’avais vu le matin même sur les réseaux sociaux qu’une manifestation pour le climat avait lieu pas loin du quartier où l’on était. Je leur ai demandé d’aller y faire un tour, parce qu’à mes yeux c’était vraiment important. La seule réponse que j’ai eu c’est : « Tu crois vraiment que notre présence va changer quelque chose ? La planète est déjà foutue, et personne ne nous écoute de toute façon. »

Série 2/4 – À la base, la politique n’est pas non plus le truc de Sofiane. Mais quand c’est sur un plateau de télé, comme celui de « Touche pas à mon poste ! », ça commence enfin à l’intéresser.

Sur l'illustration, un jeune avec un sweat à capuche est installé dans un canapé et tient une télécommande dans sa main droite et s'apprête à appuyer dessus. Devant lui, sur sa droite, une télé est posée sur une table basse. Flottants au-dessus de la télé, on voit des cadres représentants des écrans. A droite, un écran affiche de face trois personnes assises côte à côte, qui semblent discuter. L'homme de gauche est chauve et porte un costard-cravate, des lunettes et une chevalière. L'homme du milieu porte une casquette, des lunettes de soleil et un tee-shirt à manches courtes. Tout à droite, un homme se tourne vers les deux autres et porte une casquette, un sweat à capuche et une sacoche. En haut à droite de l'écran, on peut lire un encadré indiquant "C8 DIRECT". A gauche un streamer parle dans un micro suspendu devant lui et porte un casque sur les oreilles. En fond d'écran, on aperçoit une fenêtre, des meubles, des cadres photos, le côté d'une armoire et une lampe de chevet.

Manifester, défendre ses convictions politiques et hurler qui nous sommes dans les rues semble pour moi être une solution accessible à tous. Mais est-ce qu’on nous écoute vraiment ? Qui nous écoute ? Nos voix ont-elles vraiment un impact sur la société ?

Voter pour ce monde qui sera bientôt le mien

Et lorsque la politique se retrouve dans la bouche des adultes, elle se transforme en une force pour débattre… ou même se battre. Les hommes se contredisent constamment sur leur propre manière de penser, et je trouve ça terrifiant.

Allumer la télé pour écouter les débats politiques qui se transforment en règlements de comptes, lire les articles de presse sur les derniers scandales politiques, ou encore les discours trop compliqués à comprendre sur des choses qui ne nous concernent pas encore réellement, sont une impasse pour essayer d’appartenir à la politique.

Irina, 17 ans, lycéenne, Paris

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

Abstentionnistes mais pas dépolitisé·e·s

Le vote n’est plus un réflexe

L’abstention atteint 72 % chez les 18-34 ans et les jeunes rejettent une partie des institutions traditionnelles. 90 % des 18-30 ans n’ont plus confiance dans les partis pour agir contre le réchauffement climatique, alors que sept jeunes sur dix se déclarent « très engagés » en matière d’environnement.

Des actions concrètes et solidaires

Ils et elles sont attiré·e·s par des formes d’engagement qui leur paraissent plus directes. 43 % des jeunes de 18 à 30 ans ont signé une pétition ou défendu une cause sur internet, un blog, ou un réseau social, 36 % ont participé aux activités d’une association et 15 % à une manifestation, une grève ou à une occupation de lieux.

La colère gronde

Le retrait vis-à-vis de la politique traditionnelle s’accompagne aussi d’une colère. 52 % des jeunes pensent que seule une certaine forme de violence peut permettre de faire bouger les choses et 34 % adhèrent par exemple à l’idée que l’armée puisse diriger le pays. Tourné en mai 2017, le documentaire Demain le Feu rend audible la colère sourde de plusieurs personnes, jeunes et moins jeunes, partout en France.

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