Fatima V. 12/05/2020

Agents d’entretien, on ne compte pas pour rien

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Nous sommes agents d'entretien, et malgré la crasse et les manques de respect, on l'aime notre boulot.

Notre métier, c’est le ménage. On rend les choses sales au propre. Et quand c’est propre, il y a la santé. On travaille tous les matins, chacune six bâtiments par jour de cinq étages. On commence par le haut de l’immeuble et on termine en bas. On fait les vitres, on jette les poubelles et après on ramasse et on balaie.

Le lundi, il y a beaucoup de travail. Le matin, le plus difficile, c’est les jeunes qui font n’importe quoi. La semaine dernière, il y avait des vitres cassées et du sang sur les murs.

Agents d’entretien, on a parfois envie de vomir

Il fallait tout nettoyer. Il y a aussi des locataires qui jettent les poubelles par la fenêtre, n’importe quoi, des pots de yaourt, des compotes, des jus de fruits, des couches de bébé. On ramasse et on voit tout ce qu’il y a dans les poubelles. Des fois, on a envie de vomir. On n’a pas le droit de parler, de dire : « Pourquoi tu as fait ça ? » On ramasse.

Les agents d’entretien ont continué de travailler pendant la période de confinement. Beaucoup se plaignent d’être les oubliés de cette crise sanitaire. Tant dans les remerciements populaires, que dans les discours présidentiels…

Les escaliers sont sales à cause des crachats, des mégots et des crottes des animaux de compagnie. Les gens laissent leurs animaux faire leurs besoins. Des fois, on a peur quand on ouvre l’ascenseur : on ne sait pas ce qu’on va trouver. Des fois, il y a de l’urine.  En hiver, c’est plus sale à l’intérieur parce que les jeunes squattent. Ils fument, ils jettent leurs canettes par terre, ils mangent et laissent leurs restes, ils crachent. En été, c’est plus sale à l’extérieur.

« Ça sent bon, c’est propre… » Ça nous met le sourire

C’est la vie. On est habituées à le faire. Nous, on aime notre boulot et on ira jusqu’au bout. Côté positif, il y a des locataires sympas. Il y en a qui sont respectueux. Pas tous. Ils attendent notre arrivée pour causer avec nous. Ils nous invitent à prendre le café et nous proposent de l’eau ou du jus quand il fait chaud. Il y en a qui nous aident à ramasser les poubelles.

Chala a testé le métier de livreur chez Uber Eats… et il n’a pas approuvé. Entre le salaire dérisoire et les mauvaises conditions de travail, il considère avoir pris beaucoup de risques inutilement.

Quand même, on aime bien se réveiller le matin et aller au travail. C’est dur, mais on est contentes. Surtout quand les gens nous félicitent. Quand ils descendent, ils nous disent : « Ça sent bon, c’est propre. » Ça nous met le sourire.

 

Florence, 26 ans et Fatima, 47 ans, agents d’entretien, Troyes

Crédit photo Pexels // CC Caio Christofoli

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