Gaëlle V. 10/07/2020

15 déménagements en 13 ans, ma vie de passage

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Depuis toute petite, je ne reste jamais longtemps quelque part. Obligée de déménager tout le temps, c'est dur pour construire des relations.

D’aussi loin que je me souvienne, lorsque j’étais plus jeune, rester dans une ville assez longtemps pour l’appeler « chez moi » n’était pas quelque chose de réalisable. La seule stabilité que j’ai jamais connue, c’est l’instabilité. Et pour moi, la stabilité géographique est source de beaucoup de doutes et de gêne.

Cela fait bien longtemps que j’ai arrêté de compter, mais  je dirais que j’ai déménagé plus de quinze fois durant les treize dernières années, et bien plus de vingt fois durant toute ma vie. Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment su ce qui poussait mes parents à déménager si souvent ; je suppose que c’était pour le travail.

Mon père travaille dans le bâtiment. Je suis née à Grande-Synthe et j’en suis partie à 2 ans. Entre 2 et 8 ans, j’ai eu deux maisons à Annemasse, une à Bonneville, une à Annecy, une à La Roche-sur-Foron et deux ou trois autres dont je ne me souviens plus. Après, on est revenus dans le Nord, mais c’est confus. On a habité à Hondschoote, à Uxem, puis à Bergues. Il nous arrivait de ne rester que quelques mois dans une maison. Avec ma sœur, on se demandait si on allait déballer nos cartons. Ça nous arrivait souvent de laisser des affaires emballées, car on savait que, quelques mois plus tard, on allait les refaire.

Rencontrer des gens ? Ça je sais faire. Mais construire une relation sur le long terme ?

Arrivée à l’âge du collège, mes parents se sont séparés. J’habitais à Bergues en alternance chez mon père, chez ma mère et chez ma sœur aînée, qui avait 18 ans. En plus, à Bergues, ma mère a changé trois fois de maison, et mon père deux fois.

Si je ne me perds pas dans la chronologie, on a ensuite eu deux maisons aux Moëres, puis un appartement à Coudekerque avec ma mère et ma deuxième sœur. Ensuite, alors que ma mère est partie habiter en Corse, je suis partie vivre aux Moëres avec ma plus grande sœur, puis avec mon oncle à Coudekerque. Quelques mois plus tard, je suis retournée avec ma sœur dans un camping avec mon père, à Hondschoote. La dernière maison en date est à Grande-Synthe. Depuis que j’ai 18 ans, j’y habite avec ma sœur et mon chien, sans mes parents.

Tellement habituée à déménager, je n’ai que très rarement envisagé une ville ou un logement comme un lieu de vie permanent. Je me suis faite à l’idée de n’être que de passage. Alors, pourquoi se donner la peine de rencontrer de nouvelles personnes ou de découvrir les environs si, à peine quelque mois plus tard, je suis obligée de tout laisser ? Rencontrer des gens ? Ça, je sais faire. Construire une relation sur le long terme ? J’ai toujours eu cette peur que mes parents nous obligent, mes sœurs et moi, à déménager encore une fois et à tout recommencer autre part.

Hanae vivait en Italie et a du déménager aussi. Heureusement, grâce à l’athlétisme, elle est parvenue à trouver sa place dans sa nouvelle vi(ll)e : Bondy.

Je suis arrivée à Grande-Synthe avec cette idée. Cela fait maintenant plus de quatre ans et je commence seulement à me dire que, peut-être, Grande-Synthe est ma ville.

 

Gaëlle, 21 ans, en formation, Grande-Synthe

Credit photo Unsplash // CC Andrew Leu

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