Alex T. 27/04/2021

De l’expo universitaire à l’action solidaire

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La fac a permis à Alex de découvrir le milieu associatif et l'engagement. Quand un projet dans le cadre d'un cours s'est transformé en exposition de sensibilisation et collecte de dons.

LE truc qui a véritablement lancé la machine, c’est notre rencontre avec la vice-présidente de la branche de Montpellier de l’association SOS Méditerranée. Notre première rencontre fut un peu une révélation. J’avais ancré dans la tête les clichés des bénévoles à la retraite qui font ça parce qu’ils ont tout le temps du monde. Cette trentenaire nous a fait découvrir un pan inconnu de la vie associative, de l’engagement. Elle est devenue notre soutien le plus solide tout au long de ce projet.

En début de L3, à la fac de Science politique de Montpellier, on nous introduit aux différents cours qu’on devra suivre pendant le semestre et l’année. Tous sont des cours d’amphi qu’on devra recracher le jour de l’examen. Sauf un : un cours de PPP (projet professionnel personnel) dans une quasi totale autonomie. Sujet libre, mais qui devra toucher le domaine associatif ou bénévole.

Là, je suis largué. Je me mets en groupe avec mes potes. Je les regarde dans le blanc des yeux et j’hurle de façon silencieuse mon inexpérience des milieux associatifs et bénévoles. On parle d’écologie d’abord, mais je ne sais pas vraiment pourquoi, c’est le thème de l’immigration qui ressort plus clairement. Enfin, après le sujet, le thème. L’expo-photo « sponsorisée » par des associations vient très naturellement. Titré « Les migrants : de l’exil à l’intégration », notre projet (ambitieux) souhaite couvrir un large spectre sur le processus d’immigration en France.

Une entrée dans le monde des adultes

Notre prof référent nous met sur la voie d’un ancien appartement reconverti en « galerie ». On revient régulièrement là-bas pour mettre petit à petit les lieux en forme pour notre exposition, qui aura lieu au printemps. Agir par nous-même, c’est un peu notre première fois « dans le monde des adultes », à devoir tout monter par nous-même, contacter, rappeler, organiser, prévoir.

On veut pousser le truc plus loin. On cherche des intervenants pour gagner en légitimité, et on trouve une prof de notre fac qui développe sa thèse sur l’accès à la santé pour les migrants qui arrivent sur le sol français. Et les associations La Cimade et Collectif Migrants Bienvenue 34 nous assurent de leur participation la veille de notre exposition.

Et le soir fatidique arrive

On ouvre l’expo qu’un seul soir, un jeudi de 18 heures à 21 heures, et on a évidemment prévenu au maximum notre famille, nos amis Facebook et répandu le message au sein de la fac. On accueille les premiers visiteurs avec nervosité, en se demandant si tout ça va marcher. Et là, c’est un peu l’explosion.

Les salles se remplissent, un peu, beaucoup (passionnément ?), et on commence à ne plus pouvoir circuler de façon fluide. Des camarades de promo passent, certains de nos profs, des amis, de la famille (dont la mienne), des amis d’amis, des intéressés. Au milieu de ce qui commence à ressembler à un sacré brouhaha, on lance nos intervenants. Bientôt les gens doivent écouter depuis la porte, sans pouvoir rentrer. Les gens vont et viennent, achètent à manger, regardent les photos, discutent entre eux et avec les associations présentes, vont visionner le film amateur de nos camarades de promo.

Du féminisme à l’antiracisme en passant par l’écologie, les jeunes ne se sont jamais autant engagé·e·s selon Le Monde Campus. 40 % auraient déjà fait du bénévolat, et un jeune sur deux a défendu une cause dans l’année.

Enfin, vers 20 h 30, le calme revient peu à peu, le buffet est quasi vide, la boîte de dons quasi pleine. 21 h 01, les portes de l’expo sont closes. Nos voix résonnent dans les grandes pièces vides. On se regarde, un peu étourdis, pas encore bien certain de ce qui vient de se passer. On commence le rangement, partagé entre cette sensation de flotter sur un petit nuage, et ce triste vide qui accompagne toute fin d’événement dans lequel on s’est impliqué. Ça ne m’était jamais arrivé de faire prendre conscience à des gens qu’il existait des causes graves à prendre en compte.

« Je crois que je vais m’engager »

On a monté un compte rendu pour la fac (le projet était quand même pour eux à la base) quelques jours plus tard. Et on voyait que, même légèrement, tout ça nous avait changé. Plus de deux cents visiteurs uniques tout au long de la soirée, 180 euros de dons récoltés qu’il faudra reverser aux associations à parts égales. L’une d’entre nous a lâché : « Je crois que je vais m’engager auprès de SOS Méditerranée. »

Moi, à l’époque je me pensais (un peu à tort) bien trop focalisé et plongé dans mes études pour me consacrer à une cause. Du coup, je n’ai simplement pas donné suite (malgré notre bonne note !) sur le moment, et je l’ai classée comme « super expérience ».

L’engagement dissipe mes inquiétudes

Ce n’est que plus tard que j’ai eu ce déclic. Je sortais de mon master 1,  je voulais faire autre chose, mais j’avais zéro idée. En faisant le tour de ce que j’avais fait dans ma vie, je me suis souvenu de la sensibilisation qu’on avait apportée, ne serait-ce qu’à quelques personnes, sur des préoccupations très éloignées des gens.

Ça a guidé mes recherches et j’ai farfouillé tout l’été autour de ce concept d’engagement que j’avais si peu testé dans ma vie. Mi-juillet, je suis tombé sur l’AFEV et les services civiques qu’elle proposait. J’ai su que c’était là que je voulais aller : dans l’engagement associatif en lien avec le réseau des bibliothèques de Lyon. Moi qui suis plutôt grand lecteur, trop de points positifs pour le peu de points négatifs. J’ai postulé, j’ai été rappelé, et engagé.

L’engagement, ça s’apprend, parfois très jeune. Les parents de Lalou l’ont encouragée dès ses 9 ans à faire du bénévolat. Grâce aux valeurs qu’ils lui a transmises, elle se bat aujourd’hui pour l’accessibilité culturelle.

Ce qui m’a poussé à me lancer dans tout ça, c’est de pouvoir donner aux gens des clés pour qu’ils ouvrent leurs portes. Soyons honnête, je n’ai absolument aucune idée de quoi mon avenir sera fait, mais faire ce qui me motive sur l’instant présent dissipe mes inquiétudes.

 

Alex, 23 ans, volontaire en servie civique, Montpellier

Crédit photo Pexels // CC Cottonbro

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