Dialla B. 27/07/2021

Famille nombreuse : organisation XXL

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Vivre dans une famille nombreuse n’a pas que des mauvais côtés. Entre les brunchs et le ménage en musique, Dialla ne se sent jamais seule.

Mes parents, c’étaient les présidents de cette administration qu’on appelait « la maison ». Mes grandes sœurs, elles, étaient vice-présidentes. Nous, moi, mes frères et mes sœurs, on était les gens de l’accueil. Et il y en avait du monde, à l’accueil.

Dans ma famille nous étions neuf enfants dans un appartement de quatre chambres avec seulement une salle de bain. On pourrait penser que ce n’est pas facile de venir d’une famille nombreuse. En tout cas, c’est ce qu’on voit souvent à la télé dans les reportages. Mais c’est surtout une question d’organisation.

Pour éviter les embrouilles, la semaine, on se réveillait en décalé. Pas plus de trente minutes par personne dans la salle de bain. Pareil pour le ménage. Mes parents affichaient au frigo et dans le salon un planning hebdomadaire. Chacun avait sa tâche ménagère. Le lundi, l’une de mes sœurs faisait la vaisselle. Le mardi, c’était au tour d’un de mes frères, et ainsi de suite.

Le week-end, c’était souvent le grand ménage de printemps. On changeait l’emplacement des meubles dans chaque pièce, on triait les vêtements que l’on ne mettait plus pour savoir ce qu’il fallait racheter ou ce qu’il fallait envoyer au Mali. Tout ça se faisait avec la musique à fond. Quelques battles de danse et de chant en même temps. Ça résonnait dans tout l’appartement et à la fin, nous avions tous la satisfaction d’une maison propre avec l’odeur du tchouraï un peu partout.

À onze, on peut difficilement éviter les embrouilles

Les brunchs tous les dimanches, c’était aussi toute une organisation. Ma mère venait tous les matins entre 8 h 30 et 9 heures dans nos chambres pour trouver une personne qui irait acheter du pain, les œufs, les merguez, de la charcuterie et les boissons. Ça tombait souvent sur moi. À mon retour des courses, ma mère et une de mes grandes sœurs s’activaient pour préparer le repas. Quand tout était prêt, que tout le monde était douché et habillé, on pouvait commencer à manger. Chacun avait son plat. C’était un moment important et joyeux car on se racontait nos semaines et on décidait du programme de la semaine qui venait.

Être le petit dernier d’une famille nombreuse a été synonyme d’intégration pour Lucas, né d’une famille déjà recomposée. Il a dû apprendre à trouver sa place.

Devant un ciel nuageux sombre une file de personnes dont on ne voit que les silhouettes descendent une pente.

Le mardi par exemple était un jour spécial. Mes parents organisaient un tirage au sort et une personne choisissait le menu de ce qu’on allait manger. Quand ça tombait sur moi, c’était tacos pour tout le monde. On les préparait tous ensemble. Après, à onze, on peut difficilement éviter les embrouilles. Ce n’est pas toujours une partie de plaisir la vie en communauté.

Les embrouilles chez moi, c’était comme Les Anges de la téléréalité. Chacun essayait de dire à l’autre la chose la plus blessante. Ça allait rarement jusqu’aux coups, mais il fallait que les parents interviennent pour remettre de l’ordre. Car, pour qu’une famille fonctionne, tout le monde doit être au garde à vous !

Dialla, 19 ans, étudiante, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Orlando Allo

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