Anaïs D. 24/02/2021

Hypersensibilité : pour les autres, je suis « trop »

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Poser un diagnostic sur mon hypersensibilité, c'était déjà compliqué. Mais pour le faire accepter par les gens qui m'entourent, je fais comment ?

J’ai toujours su que j’étais bien plus sensible que les autres. Mais je ne savais pas que ça se diagnostiquait. Maintenant j’essaie de vivre avec « mon cinéma ».

« Mais pourquoi tu te mets dans cet état ? » ; « Tu devrais vraiment arrêter de jouer la comédie » ; « Tu surréagis ». Face à ces réactions, je n’ai pas réussi à comprendre le comportement impassible de mes camarades de classe. Peut-être n’avaient-ils pas écouté le cours ? Après une discussion avec eux, il s’est avéré qu’ils n’étaient simplement pas aussi touchés que moi par toutes ces informations, ces horreurs que nous venions d’apprendre. Ce jour-là, on m’a fait comprendre que j’étais trop fragile.

Trop triste, trop joyeuse, trop angoissée…

C’est seulement après plusieurs années, au cours d’une séance chez la psychologue, que j’ai appris que j’étais hypersensible. Je me souviens toujours de ces mots qu’elle a prononcés : « Avez-vous conscience que vous êtes hypersensible ? » Oui, bien sûr, j’étais sensible, je l’avais toujours su. Elle ne m’apprenait rien. C’est alors qu’elle m’a expliqué ce qu’était réellement l’hypersensibilité, et comment j’allais devoir vivre avec.

J’ai d’abord cru que cette singularité était un fardeau, car faire preuve d’énormément d’empathie est souvent difficile. Mes émotions étaient mes pires ennemies et j’avais constamment peur du jugement des autres, d’être perçue comme étant « trop » sensible. Comme ce fameux jour de cours, on m’a souvent reproché que j’essayais d’attirer l’attention. Pour certaines personnes, j’étais toujours « trop » : trop triste, trop joyeuse, trop angoissée, trop altruiste, trop gentille.

Pourquoi est-ce si mal vu de pleurer en public, d’avoir peur ou de faire une crise de colère ? Dans cet épisode de sa série de podcasts « Émotions », Louie Media et ses invité.e.s s’interrogent sur l’hypersensibilité.

D’anciens amis m’ont souvent répété que je ne pouvais pas rester aussi sensible face aux événements de la vie, qu’il fallait « se renforcer » et « se durcir », car je n’arriverai à rien en étant affectée par tout et tout le monde, tout le temps. Et je me rappellerais toujours les mots d’un des surveillants du collège : « Hypersensible ? Hyper-susceptible oui ! »

Cette hypersensibilité, c’est une force

Il m’a donc fallu du temps avant de comprendre que oui, je pouvais être vulnérable, et que mes sentiments n’étaient pas mes adversaires. Être hypersensible, c’est comme être la passagère d’un train à grande vitesse que je ne sais pas conduire et qui pourrait dérailler à tout moment.

L’empathie, une faiblesse ? Maxime n’est pas d’accord et défend son tempérament avec un message : n’ayez pas peur de vos émotions.

Il faut que j’apprenne à le contrôler, à me contrôler, et accepter que tout le monde ne me prenne pas au sérieux. Malgré les jugements et les incompréhensions, j’ai fini par admettre que je n’étais pas « dans l’excès », comme m’ont parfois dit certaines personnes de mon entourage. Je ne suis pas faible, c’est ma force d’être hypersensible. Et non, je n’arrêterai pas « mon cinéma ».

 

Anaïs, 20 ans, étudiante, Paris

Crédit photo Pexels / CC0 Athena

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1 réaction

  1. Je suis très sensible

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