Alicia R. 24/01/2020

Je suis née à la bonne époque pour chercher ma sexualité

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Alicia se pose beaucoup de questions sur sa sexualité. Heureusement, il y a les réseaux sociaux et les séries LGBTQ+ !

Je suis bi, enfin je crois. Je me suis collée cette étiquette car la société me demande de me définir, mais comment en être sûre ? J’ai beaucoup de proches de la communauté LGBTQ+ qui pensent qu’on peut être amoureux d’une personne et non d’un genre, et je les rejoins sur ce point de vue. Je pense que notre sexualité est évolutive, alors comment trouver sa place lorsqu’aucune étiquette ne nous convient ? 

J’ai commencé à me poser des questions sur ma sexualité lorsque j’ai remarqué que je ne regardais pas les filles comme mes amies. Des amis qui sont maladroits et qui ne comprennent pas ma difficulté me disent parfois « Oh je suis sûr que t’es lesbienne » ou « Tu es hétéro c’est sûr ». Ils essaient de me définir alors que moi-même je ne sais pas. Ils pensent que ma sexualité me définit.

Le fait que les gens aient besoin de savoir, cela m’a beaucoup fait réfléchir. J’ai fait des recherches sur internet, regardé des youtubeurs (comme Shannone Beverige alias Nowthisisliving) qui parlaient de leurs expériences… La représentation m’a énormément aidée lorsque je me posais des questions et maintenant, je me sens moins seule. 

Nowthisisliving, c’est une youtubeuse qui s’est fait connaître pour ses questionnements sur la sexualité en vidéos. L’une d’entre elles, A letter to you, est un court-métrage où Shannone lit une lettre à elle-même plus jeune.

Même si parfois certaines représentations colportent encore des stéréotypes, des séries comme Euphoria ou encore le classique The L World aident beaucoup. Cela ne m’a pas donné une réponse à ma question sur ma sexualité, car je suis la seule personne à pouvoir y répondre, mais cela m’aide dans l’acceptation. Dans ma tête, c’est encore une guerre et une question qui tourne en boucle : « Qui suis-je ? » 

Parler librement et faire des rencontres 

Les réseaux sociaux aident beaucoup lorsqu’on ne connaît personne de la communauté LGBTQ+. Cela permet d’en parler librement. Cela m’a aussi permis de connaître des gens qui en font partie et qui ont les mêmes questions que moi, et des expériences à partager. Ils ont tous été bienveillants et ils se sont même renseignés sur le sujet pour moi. Par exemple, une simple connaissance a remarqué qu’on suivait toutes les deux une même personne sur Instagram et on en est venues à parler de nos questionnements. 

Mes parents sont ouverts à ça. Je doute peut-être plus de la réaction de mon père car il est plus réservé et on a une relation très pudique. Ma mère aura peut-être besoin d’un temps d’adaptation, mais j’ai parfois fait des allusions au fait que je sois lesbienne et elle a bien réagi. Mon frère a eu des propos homophobes quand on a abordé ce sujet à table. Cela m’a choquée, mais j’ai essayé de me mettre à sa place. Je sais qu’il finira par m’accepter telle que je suis, si je lui dis. 

Il n’y a pas « d’âge pour savoir »

Je ne souhaite pas leur dire tout de suite car pour beaucoup de mes proches il y a un âge pour savoir. Parfois, mes proches me demandent si c’est pas juste une phase de questionnements de l’adolescence. Alors que c’est complètement faux ! On peut découvrir qu’on est gay, lesbienne, trans à n’importe quel âge, qu’on ait 10 ans ou 75. Je ne veux pas que cela leur serve d’excuse pour réfuter ce que je leur dis.

Ifrikya, elle, a découvert son homosexualité quand elle avait 10 ans. Aujourd’hui adolescente, elle tombe toujours amoureuse de ses potes hétéros.

Actuellement, je suis pleine d’espoir. La société change, j’ai la chance d’être née à la bonne époque, d’être bien entourée, de connaître des gens de la communauté qui me soutiennent… Mon âme est enfin en paix. Je voudrais finir sur une citation de Morgan Freeman trouvée sur une story Insta, qui m’a énormément touchée :  « Arrêtons de parler d’homophobie, les gens n’ont pas de phobie des gays ou lesbiennes… Ils n’ont pas peur, c’est simplement juste des connards» Elle est un peu trash mais c’est la vérité, la mienne en tout cas.

 

Alicia, 14 ans, collégienne, Rueil-Malmaison

Crédit photo Unsplash // CC Aditya Ali

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