Après une scolarité catastrophique… je prépare un doctorat
Les échecs font (aussi) partie de la réussite, car sans mes échecs, je ne serai jamais parvenu dans mes études où j’en suis maintenant.
J’ai arrêté l’école à 16 ans après, après un parcours scolaire catastrophique. J’ai toujours été le dernier de ma classe. J’ai eu de nombreuses exclusions, convocations chez le juge pour enfant, en conseil de discipline, au rectorat. Au collège, j’ai redoublé deux fois – sixième et troisième – et j’en suis parti sans le brevet. Je n’ai donc jamais mis un pied au lycée.
Je suis alors rentré dans l’armée sans conviction ni patriotisme, mais il s’agissait à l’époque du seul employeur susceptible de me nourrir et me loger, et qui recrutait sans formation. Passé cette expérience, j’ai enchaîné des petits boulots : livraison de pizzas, distribution de publicités dans le métro, petits chantiers au noir). J’ai aussi tenté une formation de paysagiste dans une école à Vincennes. Mais, pic de la crise oblige – nous étions en 2010 – aucune entreprise ne recrutait. J’ai donc quitté cette formation pour retourner à mes petits boulots alimentaires.
Sans le bac, je vais faire du droit !
En septembre 2011, j’ai croisé un ami du collège, qui était rentré en fac de droit. Il m’a parlé d’une équivalence au bac, une capacité en droit, une formation gratuite en cours du soir qui me permettrait soit d’entrer en fac (et pas seulement en droit), soit de passer les concours de la fonction publique.
Je me suis lancé dans cette formation, à la Sorbonne. Je ne connaissais absolument rien. Qu’est-ce que le droit ? Quelle est la différence entre un maire et un préfet ? Entre un juge et un procureur ? Entre l’Etat et une mairie ?
La formation a été exigeante. J’ai parfois travaillé toute la nuit pour lire des bouquins et répondre à mes questions sur la société. Et puis je me suis découvert une passion pour le droit. J’ai découvert les institutions, les enjeux des grands débats relatifs à la démocratie ou aux questions sociales…
Aucun bac ne prépare aux études de droit
Après l’avoir validé haut-la-main, j’ai intégré une licence de droit, puis un master de droit public, que j’ai obtenu avec mention. J’ai été recommandé par plusieurs de mes profs pour intégrer Sciences Po Paris, dont j’ai passé le concours, et obtenu la note de A (soit la note maximale).
Aujourd’hui, je termine de rédiger un mémoire de recherche. Puis je vais débuter un doctorat, toujours à la Sorbonne, pour devenir chercheur.
Roderick a écrit ce témoignage en réaction au texte écrit par Violette et repris par Le Monde Campus « La fac a été pour moi une réelle souffrance ». En réaction, aussi et surtout, aux commentaires qu’il a suscité.
Aucun bac ne prépare aux études de droit. J’ai été bien meilleur élève que des bacheliers ES obtenus avec mention très bien, et bien moins bon que certains élèves issus d’un DAEU (Diplôme d’Accès aux Études Supérieures) ou d’une capacité en droit. Je tire une évidence de mon expérience : le parcours scolaire du collège-lycée n’est absolument pas prédéterminant pour la réussite à l’université.
Roderick D., 28 ans, étudiant, Paris
Crédit photo Pexels // LinkedIn Sales Navigator
Bonjour, nous organisons un évènement sur le thème de la valorisation de l’échec avec mon association, s’agissant notamment de l’échec scolaire, serait-il possible d’entrer en contact avec Roderick?
Vous en remerciant par avance
Bonjour,
Je tiens à te féliciter et dire que je me retrouve dans ton parcours.
Après un bac STT, je suis titulaire de 3 Masters dont un à HEC Paris et à la Toulouse Business School.
Nicolas
Si c’est Roderick je peux lui transférer votre mail.
Si c’est La ZEP : elliot@la-zep.fr !
Bonjour, Je souhaiterais vous contacter afin de vous poser quelques questions si cela vous convient.
Bien à vous,
Hélène Marchal
Salut Roderick,
Nous sommes déjà nombreux à être convaincus de l’idée que l’instruction scolaire ne présente pas d’intérêt particulier, à part transformer une masse d’enfants en de dociles travailleurs et consommateurs obéissants, généralement dépendants et incompétents.
Forts de ce constat, nous avons créé une nouvelle génération d’écoles appelées « écoles démocratiques ». Je t’invite à regarder ma conférence « pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent » (https://www.youtube.com/watch?v=Mi59UJYV9jU) et le site http://www.eudec.fr, montrant les 31 écoles démocratiques en France. Il y a un forum Facebook « EUDEC France » où nous sommes plusieurs à avoir très favorablement accueilli ton histoire, et nous serions ravis d’avoir ton avis sur l’éducation démocratique.
A bientôt j’espère,
Ramïn