Perdue dans les dédales de l’administration, je quitte la France
« Issue d’une famille monoparentale je me retrouve dans une situation délicate suite au décès de ma mère… » Cette phrase je l’ai écrite et réécrite des centaines de fois lorsque je me suis retrouvée orpheline à 19 ans.
J’ai toujours vécu seule avec ma mère et mon frère. Sans relation avec le reste de ma famille depuis le divorce de mes parents. Mon frère et ma mère étant handicapés, c’était toujours un peu la folie chez moi. Et ma mère ne pouvait pas travailler à cause de sa maladie donc, financièrement, c’était compliqué.
J’ai toujours dû grandir plus vite que les autres pour ne pas crever. Cette vie m’a rendue dure, froide et en colère. Pour survivre. Mais j’avais encore la niaque. J’avais encore mes rêves pour avancer. J’espérais que mes études allaient me sortir de tout ça. J’espérais que la France soutiendrait mes efforts. Mais un sillon sépare la réalité de l’idylle qu’on m’avait enseignée.
Maman est décédée le 7 février 2017. À cette date, mon univers s’est écroulé.
Je n’avais plus envie de me réveiller parce que je ne voulais pas affronter ce cauchemar éveillé. J’avais envie de m’ouvrir les veines. Mais au lieu de ça, je me suis surprise à choisir la couleur des draps du cercueil de ma mère. Parce que ce n’était qu’une journée comme les autres. Le monde ne s’était pas arrêté de tourner.
Mon cas, pas assez urgent pour l’administration
J’ai dû prendre sur moi, devenir chef de famille. Tous ces papiers à faire, toutes ces choses à penser, toutes ces dépenses, je me sentais submergée. Dans mon désarroi, je me suis tournée vers les aides sociales, la mairie, les associations, les banques. Vers tous les organismes qui inscrivaient « ENTRÉE » sur la porte.
Jusqu’au dernier moment, j’y ai cru. Malgré le fait que je vivais dans un appartement misérable, malgré ma pauvreté, malgré mes proches handicapés, j’y ai cru. J’ai cru que la France allait remplacer ma famille. Qu’elle allait m’épauler, me soutenir comme le père que je n’ai jamais eu, comme la mère que j’ai perdue.
Personne ne m’a apporté d’aide. Je me suis d’abord tournée vers des circonscriptions de vie sociale pour obtenir une assistante sociale. Lorsque j’ai appelé, on m’a fait comprendre qu’on s’occuperait de mon cas lorsque j’aurais régularisé moi-même ma situation ! Une simple histoire de succession selon eux. En forçant un peu, j’ai eu le droit à deux bons alimentaires et au numéro d’une aide juridique. C’est tout. J’ai tenté à plusieurs reprises de les recontacter, mais ils n’ont jamais considéré que mon cas était assez urgent.
Ni ma bourse ni mon loyer n’ont été réévalués
Quand j’appelais ou que je me rendais dans ce centre, on me rabaissait. On me terrorisait en me disant que j’allais finir à la rue, que j’étais une incapable, que je n’avais aucune compétence administrative, que je ne parviendrai jamais à finir mes études avec mes maigres revenus. J’ai mis six mois à obtenir un rendez-vous grâce à la mère d’un ami.
Lorsqu’on ne me méprisait pas, on me caressait dans le sens du poil : le Crous, la société Domaxis qui me loue mon appartement ou la CAF m’ont accueillie. Ils m’ont fait remplir des dossiers d’aide prioritaire. Ça n’a abouti à rien. Ni ma bourse ni mon loyer n’ont été réévalués malgré ma situation. Je n’ai même pas pu toucher les APL.
J’ai tenté d’obtenir une allocation handicap pour mon frère. Mais ce dossier nécessite une lettre écrite de sa main afin d’expliquer son handicap. J’attends encore un retour de son psychiatre pour l’aider à la rédiger… Ah, et le dossier met un an après envoi avant d’être étudié !
Ce pays m’étouffe
On argumente souvent que je vais toucher un héritage… Je n’en ai pas vu un centime puisque les notaires font trainer mon dossier pour me faire raquer un maximum de fric. Même l’appartement parisien de ma mère me tient à la gorge puisque je dois en payer les impôts. Sans parler des 3000€ de dettes à mon bailleur, des frais d’obsèques, de notariat. Je n’ai même pas eu de délai pour rendre mes dossiers à la fac.
Je voulais faire l’adulte, je me devais de faire l’adulte, pour ma famille, pour mon frère. Mais personne n’était dupe. On ne me prenait pas au sérieux, on se moquait de moi.
Au bout d’un certain nombre de rejets, on a fini par me faire comprendre que l’État n’avait pas envisagé un pareil cas. Pas assez orpheline : il aurait fallu que mon père soit mort. Là, on m’aurait aidé. Trop vieille : si j’avais été mineure j’aurais pu aller à l’ASE. Pas assez handicapé : mon frère ne peut prétendre à une assistance à domicile. On m’a même dit de faire un procès à mon père pour lui réclamer de l’argent. Un procès à ma seule « famille »…
Je n’ai plus foi ni en l’administration, ni en l’Éducation nationale
Cette année m’a fait passer de désillusion en désillusion. Ce manque de considération m’a profondément écoeurée. Aujourd’hui, je n’ai plus foi ni en l’administration, ni en l’Éducation nationale. A la fin de ma licence, j’ai décidé d’arrêter mes études. À quoi bon travailler dur pour finir smicarde ? Pourquoi offrir mes services à une France qui ne m’a jamais tendu la main ?
Comme Aude, qui ne rentre dans aucune case de l’administration française, C. a aussi témoigné de ce dédale pour obtenir son RSA.
L’année prochaine je m’en irai. Parce que ce pays m’étouffe. Parce que je me sens esclave de cette société qui me prend tout et ne m’apporte rien. Et qu’importe mes dettes, qu’importe le handicap de mon frère, qu’importe mon parcours scolaire, je partirai. Je fuis mes responsabilités mais que voulez vous, apparemment, je ne suis qu’une enfant.
Aude, 20 ans, étudiante, Nanterre
Crédit photo AdobeStock // CC Michaklootwijk
Vacances scolaires 2000, Marie et ses sœurs sont contentes de passer de bons moments auprès de leurs grands parents. Deux jours après leur arrivée, une tante leur annonce la fête d’anniversaire de Johanna, leur cousine. L’anniversaire est prévu le lendemain. Il faut donc se coucher de bonheur pour être en forme pour la grande fête.
Joyeuses, Marie et ses sœurs sautent au lit comme leur a recommandée leur tante.
Malheureusement, les choses ne vont pas se dérouler comme elles l’auraient imaginées.
Elles ne se doutent de rien … Vous non plus, n’est ce pas ?
Jour d’anniversaire, les filles se réveillent et se préparent en attendant tantie Clémence qui doit les conduire chez Johanna pour une JOURNÉE I.N.O.U.B.L.I.A.B.L.E.
Les voilà à bord du taxi qui les emmènent vers le changement, que dis-je, la transformation, ou plutôt la destruction.
Arrivées sur place, l’ambiance n’est pas festive. Les adultes parlent entre ELLES. Plus personne ne prête attention aux filles.
Une quinzaine de minutes plus tard, l’une d’entre elle est appelée à entrer dans une pièce. Très vite on l’entend hurler, encore et encore…
Les trois autres en attente viennent de comprendre qu’elles vont se faire MUTILER à leur tour.
CES FEMMES, SAVAIENT ELLES, QU’ELLES ALLAIENT DÉFINITIVEMENT CHANGER LES VIES ET LES CORPS DE CES FILLETTES.
CES DERNIÈRES SERONT EXCISÉES L’UNE APRES L’AUTRE SANS LES ACCORSD DE LEURS PARENTS.
Je viens de vous raconter mon histoire, celle de mes sœurs Yatou et Éva, Celle d’une fillette appelée Poupette, venue elle aussi en vacances, celle de Marie et de ses sœurs, mais aussi celle de Khadija, de Sabrina, de Bintou, de Fatou, de Djeneba, de Mariama, et de plus de 200 millions de filles et de femmes dans le monde.
D’après les chiffres de l’ ONU, Il y a aujourd’hui , 60 000 Femmes victimes de mutilations génitales féminines en France.
Pour toutes ces VICTIMES ET POUR SAUVER LES FUTURES GENERATIONS DE CETTE BARBARIE, rejoignez-nous et dites STOP AUX MUTILATIONS GENITALES FEMININES.
Je vous remercie de l’attention que vous avez accordée à ce message, recevez mes salutations distinguées.
Anita TRAORE,
Présidente-Fondatrice de l’Association Chance et Protection Pour Toutes.
Bon courage Aude!
Espère que ton cas a été résolu.Sois courageuse chère amie!
Je suis vraiment toucher par ton histoire. Si quelqu’un de proche de cette jeune femme lit mon commentaire, faites une cagnotte pour aider le frère de cette jeune fille et qui par la même occasion l’aidera financièrement et psychologiquement.
Beechette
Hé oui la France malheureusement devient n’importe quoi.
Elle dit tout.