Diagnostiquée schizophrène, l’hospitalisation m’a beaucoup aidée
Quand j’avais 18 ans, mon frère jumeau est parti du jour au lendemain faire ses études ailleurs. Ma psy m’a dit que cela avait été le « déclencheur ». C’est là qu’ont commencé les crises d’angoisse, les troubles, les difficultés de concentration, les pleurs… Une descente aux enfers que je ne soupçonnais pas.
J’étais en IUT information-communication, loin de ma mère et la formation ne me plaisait pas. J’avais rejoint mon père avec qui je n’avais jamais eu beaucoup de contacts. Mon esprit vagabondait, je n’arrivais pas à suivre les cours, j’avais des maux de tête horribles et des difficultés pour communiquer avec mes camarades. Le tableau bougeait, j’avais du brouillard devant les yeux. Je ne comprenais pas le ou la prof qui faisait le cours. Quand j’étais dans le bus, j’avais parfois l’impression que les gens parlaient de moi. Je sortais alors immédiatement. Je faisais des dessins assez étranges de petites filles qui se trouvaient dans un puits noir, sans fond. Des dessins que j’ai toujours. J’ai des souvenirs confus, mais je me souviens bien des hospitalisations.
Hospitalisée, loin du tumulte
Après ces symptômes, j’ai décidé de me faire hospitaliser. J’ai demandé à mon père de m’emmener, en urgence, dans un grand hôpital parisien spécialisé dans les maladies psychiques. Ambiance calme, salles lumineuses, climat assez chaleureux au premier abord. Cela ne coïncidait pas avec la gravité de la situation. J’ai eu plusieurs rendez-vous, j’ai dormi là-bas 15 jours. Après diverses tests et tergiversations, le diagnostic est tombé : « Trouble du spectre schizophrénique. » Donc pas de la schizophrénie pure et dure, mais quelque chose qui s’en approchait. De là, loin du tumulte de la ville et de ma vie, restait à accepter la maladie. Par moi et par mes proches.
Pour Vincent, pas d’hôpital. Mais il est bipolaire et essaie de continuer ses études et veut travailler, comme les autres. A lire : « Bipolaire, je peux travailler ».
Le traitement de ce type de maladie, c’est un traitement médicamenteux assorti d’un suivi psychologique. Beaucoup de questions sur moi. C’est une sorte de thérapie plus poussée qu’une thérapie classique. A côté de ça, il est très dur de trouver la molécule qui convienne au type de maladie (il en existe pléthore…). On fait donc des « essais » et on voit si ça marche. Mes médicaments me calment, réduisent l’anxiété, la dépression, les crises d’angoisse et les hallucinations.
A l’hôpital, j’avais une chambre individuelle, assez « cosy », mais j’avais le droit de me déplacer dans tout l’hôpital, et de rencontrer les autres patients. J’ai également assisté à des groupes au sein de l’hôpital afin de parler de mes symptômes et d’extérioriser les maux par le sport. Les autres patients étaient plutôt sympas, « normaux ». Je pense qu’on était pas les pires cas… J’ai été soutenue. Les professionnel.le.s de santé et mes proches m’ont très bien accompagnée. J’ai changé plusieurs fois de psy, j’ai expérimenté les centres médico-psychologiques. Tous était là pour m’aider.
Je n’ai plus peur
Depuis, je me rétablis. J’essaye d’avoir une vie plus saine. Après diverses hospitalisations (trois dans trois hôpitaux différents), je vais beaucoup mieux. Les médicaments m’aident à tenir le coup.
Je ne sais pas combien de temps ça va durer. Toute la vie ? Je suis aujourd’hui accompagnée par des professionnels pour reprendre ma vie en main. Je vois mon psychiatre une fois tous les mois environ, c’est bien moins qu’au début. Nous parlons pendant 30 minutes, une heure, de ma vie, de mon moral, de mes projets. En y repensant, je pense que cet épisode m’a permis d’évoluer et de me recentrer sur moi. En fait, quand tout va bien, on ne se rend pas bien compte que tout peut basculer d’une seconde à l’autre. J’ai pris en sagesse je crois, puis en maturité. Je n’ai plus peur d’affronter les tracas de la vie quotidienne, je suis plus forte. Je relativise et me dit que si j’ai pu endurer ça, je peux endurer le reste.
« La vie est une traversée orageuse à soutenir et à diriger vers le port, un effort, bref une épreuve. » – Henri-Frédéric Amiel
Sophie, 25 ans, étudiante, Ile-de-France
Crédit photo Instagram // © Kate Fenner @awkwardapostrophe
Bonjour Edel, merci pour ton commentaire. J’ai effectivement écrit cet article pour que d’autres personnes dans le même cas que moi, s´y reconnaissent et partagent (s’ils le veulent) leur expérience.
Concernant l’hospitalisation, tu peux en parler d’abord à ton médeçin généraliste? Mais souviens-toi que l’hospitalisation n’est qu’en cas de grosse urgence car ce ńest pas joyeux tous les jours.
Un psychiatre ne t´engage à rien mais je te conseille pour l’instant à demander à tes proches d’abord.
N’hésites pas si tu as des questions ou si tu veux papoter.
Je me retrouve pas mal dans ce que tu écris, hormis pour les hallucinations, je suis passée et je suis toujours en train de passer à travers des épreuves similaires, mais je n’ai jamais osé demandé une hospitalisation, et les rdv pour psychiatre sont longs à obtenir…
Ça fait néanmoins du bien de lire qu’on n’est pas la seule à être concernée, alors merci pour ce témoignage…