Dans mon quartier ça a été la guerre
C’est parti d’un match de foot dans un gymnase l’été 2017. Je trouvais ça bête de faire de la violence aussi grave pour un match entre deux quartiers. Un jeune a blessé un joueur de l’autre équipe. Ils se sont battus et ça a donné une bagarre générale. Un plus grand a été blessé d’une ouverture à la tête.
Il y a eu des gaz lacrymogènes, des matraques, des couteaux, des pistolets à plomb et à gaz, des battes de baseball et même des marteaux. Les jeunes, les voisins, tous les habitants du quartier ont été traumatisés. Surtout les plus petits.
Un gaz lacrymogène et parfois un pistolet à plomb
Les personnes âgées se sont plaintes. Elles disaient qu’on était des animaux, une sale jeunesse. Mais on était obligés de se protéger. Si on ne sortait pas avec une arme, ceux du quartier adverse allaient en découdre avec nous. Le plus souvent, je prenais un gaz lacrymogène et parfois un pistolet à plomb. Le gaz lacrymogène, on l’achetait à l’armurerie. Enfin pas nous, mais un grand de notre quartier. On n’est pas majeurs, on n’a pas l’âge d’entrer dans l’armurerie.
Pendant cette période, ma vie a changé parce que ma mère me laissait sortir de moins en moins. Les seules fois où je sortais, j’étais obligé de me protéger, de me méfier au cas où le quartier ennemi viendrait par surprise. Les plus grands, de 17 à 20 ans, conseillaient aux plus petits de ne pas sortir. La dernière fois qu’ils sont venus dans un endroit de notre quartier, on les a entourés, frappés et coursés avec nos chiens et nos armes. Ce jour-là, on était tous contents car on savait qu’ils ne reviendraient plus.
Aujourd’hui, les conflits se sont arrêtés. Mais on recommencera car on a une fierté. On ne peut pas laisser un autre quartier mener la terreur et effrayer les habitants. Je suis quand même content que tout ça soit fini. Tant qu’il y a la paix, il n’y aura plus de blessés, ni de personnes dans le coma.
Johnny, 15 ans, collégien
Crédit photo Flickr // CC Sylvain SZEWCZYK