Mali-France : en voyage, la solidarité, c’est la base
Dans mon pays, même si la personne ne te connaît pas, elle va t’aider. Quand j’ai quitté le Mali, je pensais que c’était comme ça partout. Même si un ami m’avait dit que sur la route jusqu’en France, ça allait être dur. J’imaginais vraiment pas ça.
Surtout entre l’Algérie et le Maroc. Les rebelles m’ont attrapé. Ils m’ont maltraité et ils m’ont retiré tout mon argent. Après deux heures avec eux, ils nous ont laissés. J’ai mis une semaine avant d’arriver en Algérie. On était beaucoup, 36 personnes. Quand les gens étaient malades, on les aidait, même à manger. Et mes amis me prêtaient de l’argent pour que je mange.
En Algérie aussi c’était très dur. J’ai fait trois jours sans manger car je n’avais plus rien. Et je dormais dans les rues. Un jour, j’ai rencontré un Monsieur qui m’a vraiment aidé pour travailler. Je nettoyais des tables matin et soir dans son restaurant et il me donnait un peu d’argent. C’était pas facile…
Beaucoup de gens en France m’ont aidé
En arrivant en Espagne, c’est la Croix-Rouge qui nous a aidés. Et on m’a surtout beaucoup aidé en France ! C’est Hélène, une femme de 30 ans, qui m’a parlé à la gare. Elle m’a aidé à trouver un hébergement. Elle m’a aussi donné un petit Samsung simple et une puce ! J’ai passé trois jours à la gare en attendant qu’elle me rappelle. Elle m’a envoyé un texto avec les indications. Comme je parlais pas du tout français et que j’étais jamais rentré dans le métro, je montrais le texto aux gens qui m’aidaient.
J’ai habité un an dans une famille d’accueil à Levallois. Ils étaient gentils : un couple avec trois enfants. J’avais ma chambre et ma douche, tranquille ! Un Pass Navigo, des vêtements, des chaussures. On mangeait ensemble, eux et moi on cuisinait. Ils m’ont aidé à faire mon recours au juge des enfants pour que je puisse être scolarisé. Ils me rassuraient : même si le juge ne m’aidait pas, eux ils m’aideraient à aller à l’école. Le juge m’a convoqué, il avait eu les résultats de mes radios pour confirmer que j’étais mineur.
Moussa aussi s’est fait aidé en arrivant en France ! À Paris, où il vit depuis trois ans, il est herbergé dans un foyer réservé aux « jeunes migrants isolés », va à l’école et participe à de nombreuses activités.
J’ai fait neuf mois à l’hôtel et j’ai fait des stages. Aujourd’hui, j’habite à Gare de Lyon avec quatre personnes dans un appart’ de l’asso Timmy. Et ma famille d’accueil m’appelle toujours pour prendre des nouvelles !
Il y avait beaucoup plus de solidarité dans mon pays, le Mali. En France aussi j’ai eu la chance d’être aidé. C’est ça qui m’a permis d’avancer.
Baba, 18 ans, en alternance, Paris
Crédit photo Flickr CC UN Photo/Albert González Farran