Le deal, c’est aussi dans les campagnes
J’ai grandi dans un petit village des Yvelines où j’ai vécu le trafic de drogue. Exact, acheter de la drogue, la consommer, mais aussi la vendre. Qui aurait cru ça possible dans un village de 1000 habitants ?!
Au collège, je me posais trop de questions style : « C’est quoi l’shit ? D’la drogue ? Comment tu la consommes ? » J’ai été choqué de découvrir que les potes de mon village connaissaient les réponses. C’est ce jour-là que j’ai commencé à fumer. Pas des clopes, non non, direct des joints. J’me sentais pas fier, mais j’y trouvais quand même un intérêt : être avec des potes, le fameux « se mettre bien ».
J’ai donc acheté de la drogue. Bon, en petite quantité ! J’étais jeune et conscient que ce n’était pas bien. Puis la drogue a pris un peu plus d’importance dans ma vie. Je suis entré dans les délires de deal, à acheter pour revendre. On a eu envie de vendre car il n’y avait pas grand chose à faire par chez nous et on a vu que ça rapportait un peu. J’ai découvert les systèmes du deal, les réseaux, les vendeurs. Et il y avait beaucoup de trafic dans mon village. C’est ouf, je n’y aurais jamais cru, moi qui pensais que c’était un p’tit village de vieux ! Nan nan. Tous les villages ont leurs petits secrets.
A la campagne, c’est très facile
Et habiter dans un village facilite justement le deal. C’était tout simple : nous étions un petit groupe d’amis, fumeurs, et un de nous faisait pousser chez lui, dans sa chambre. Ses parents n’étaient pas au courant, j’ai jamais trop compris comment. A moins qu’ils l’aient été mais qu’ils s’en foutaient, j’ai jamais voulu en savoir plus. Il s’occupait de faire les récoltes, de faire le séchage et de récolter le pollen. On le laissait faire ses petites manips, il avait l’air de savoir ce qu’il faisait.
Ensuite, on allait vendre dans les villages d’à côté. On allait à vélo ou à pied. Vraiment juste les villages voisins ! C’était trop dangereux d’aller voir les potes en ville, là où les policiers passent leur temps à faire des contrôles. Et ce qui est drôle, c’est qu’en fait, nous sommes tous villageois, avec des critères de villageois : tous Français, blancs de peau, mignons, gentils, ni Arabes, ni Noirs (et oui, vous devriez faire attention aux amalgames !).
Xavier les subit ces clichés ! Juste parce qu’il s’habille en survêt ! A lire : C’est pas parce que t’es en survêt que tu vends de la drogue #delitdefacies
C’est vrai, c’est illégal, j’en ai fait les frais. Après deux ou trois passages au commissariat, on se remet vite en question. En tout cas, faut arrêter d’assimiler le deal aux cités, arrêter de se dire : « Oh ça parle de drogue, c’est encore les cités ça. » Non messieurs dames, même dans les petits villages dans lesquels vous habitez, il se passe sûrement des choses que vous ignorez. On doit juste accepter que le deal est un problème présent PARTOUT.
Dylan, 18 ans, étudiant, Nanterre
Crédit photo © tmtb // Breaking bad (série 2008)