Végétarienne entourée de carnivores, mission impossible ?
« C’est parce qu’il y a trop d’animaux dans les dessins animés que tu as pitié. » C’est la réflexion faite par un prof quand je lui ai dit que les êtres humains étaient injustes avec les animaux. Cette incompréhension m’a marquée.
J’ai toujours voulu défendre la cause animale. Mais, faute de moyens, pour l’instant, j’essaie déjà de ne pas trop en manger. Je dis bien « essayer », car étant née dans une famille « pro-viande », c’est pas évident. De la viande à chaque repas, chaque fête ou réunion de famille. Forcément, quand je leur ai sorti que je ne voulais pas manger le mouton sacrifié pour la fête de la Tabaski [l’Aïd], ça a été l’éclate ! Ils ont tous ri et j’ai été montrée du doigt pendant toute la journée : « C’est elle ! Elle mange pas le mouton ! »
Pour éviter de me ridiculiser, j’évite de me montrer ou d’être présente pendant les fêtes religieuses. Je n’apprécie pas le fait qu’ils en rient parce que, pour moi, c’est du sérieux. Mais je préfère encore leurs rires à la réplique de ma grande sœur : « Arrête tes conneries. » Pour elle, c’est une lubie. Un délire de petite fille. Bref, elle a une manière de penser assez différente de la mienne. Pour elle, consommer de la viande, c’est une évidence.
Depuis petites, notre mère nous dit : « Les animaux sont des objets sans vie créés par Dieu pour les Hommes. » Déjà, à 8 ans, ça me choquait. Du coup, vers la pré-adolescence, j’ai décidé que j’allais la faire changer d’avis. Ça a été long, mais long de chez long ! Et un jour, par surprise, elle m’a dit : « Tu as raison, on est injustes avec eux. » Ça m’a vraiment fait plaisir. Évidemment, la viande est toujours au programme à la maison, mais sa manière de penser a changé. Le reste de ma famille, je sais que je ne pourrais pas les changer. Souvent, mon père me dit : «Tu manges des spaghettis sans viande ? Tu me fais rire ! »
« On va manger au grec ? Subway ? Burger King ? »
Mais moi, je veux changer. Je l’avoue, c’est difficile, c’est pourquoi je déteste la phrase de ma sœur : « Tu fais genre mais t’en manges ! » Quand tout revient à la viande, chez toi mais aussi dehors, ce n’est pas de l’hypocrisie, c’est une bataille perdue d’avance ! Dehors, quand je suis seule, c’est facile, même si la viande se trouve à tous les coins de rues. Avec mes amis, c’est compliqué : « On va manger au grec ? Subway ? Burger King ? » Je veux pas faire ma relou, alors je les suis. Sinon, je vais entendre : « Wesh t’es sérieuse là ? » ou « T’es bizarre ». Je vais casser le délire du moment, donc j’ai pas trop le choix.
Poulet, boeuf, dinde, voilà ma limite. Si on me propose autre chose, je refuse. Quitte à casser le délire. Même si ils sont en colère, c’est non. Clairement, je peux pas m’adapter. Il y a des jours où j’ai du mal avec le poulet aussi, au point d’aller vomir.
De toute façon, quand la faune aura disparue (j’espère pas quand même !) je serai bien obligée de ne plus en manger du tout ! Burger King, kebabs, pizzas, bye-bye. C’est difficile de suivre ses valeurs quand elles ne sont pas partagées et quand tout le monde t’incite à les transgresser.
Sarah, 20 ans, volontaire en service civique, Paris
Crédit photo Flickr // CC Joey Yee
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