Les arts martiaux m’aident à m’assumer en tant que femme
Après six ans de natation, j’ai brusquement arrêté de pratiquer et j’ai décidé de m’inscrire au Jeet Kune Do à la rentrée de terminale. Il fallait que je pense à mon bac qui approchait, mais surtout à l’après. Je compte faire des études et je ne pourrai plus appeler mon frère à la rescousse ! Je savais que je voulais aller sur Paris, mais je savais aussi que j’étais faible physiquement et mentalement… Très loin de mon image de la femme indépendante.
J’étais, et je le suis encore, incapable de repousser quelqu’un. J’ai plus tendance à fuir et à sortir la fameuse phrase, « j’ai un grand frère », qui m’a permis de tenir pas mal de garçons à l’écart. La preuve : lorsque je pratiquais la natation, un garçon plus âgé avait un comportement ambigu avec moi. Je ne savais pas comment le repousser sans créer de malaise. Du coup, j’ai préféré arrêter de pratiquer la natation dans ce club. J’aurais vécu le changement de club comme une trahison envers mes entraîneurs qui m’ont vu grandir et devenir une femme !
Et puis on ne sait jamais sur qui on peut tomber dans la rue. Ça peut être des personnes qui comprennent facilement que vous n’avez pas envie de faire leur connaissance et qui s’en vont, mais ça peut aussi en être d’autres plus insistantes, et pas forcément très équilibrées mentalement. Avec toutes les histoires d’agressions et de viols que j’ai pu entendre aux informations, je me suis dit : « Je peux pas attendre des autres qu’ils me protègent, ni attendre que le monde soit meilleur, il faut que je puisse compter uniquement sur moi-même en cas de problème. » Le sport de combat est la meilleure solution que j’ai trouvée pour ne compter que sur moi.
J’ai déjà plus confiance en moi et plus d’assurance !
Je suis issue d’une famille qui aime les arts martiaux. Mon père a fait 17 ans de karaté et mon frère 5 ans de Jeet Kune Do (le sport créé par Bruce Lee !). Mon frère et mon père m’avaient appris quelques techniques de défense. J’avais donc déjà quelques notions des deux sports. Je me suis dirigée vers le Jeet Kune Do car c’est plus un sport de self-defense. Avec un entraînement limite militaire !
J’ai commencé à pratiquer cette année, j’en fais quatre heures par semaine. Les entraînements nous font travailler le cardio pour qu’on puisse être endurant et on apprend les techniques de self-defense dans la rue. Celles qu’on apprend peuvent facilement être utilisées. Les entraîneurs sont très à l’écoute et nous encouragent beaucoup, même si on s’en sort pas forcément pendant les entraînements.
Ilhem, c’est dans le sport qu’elle essaie de s’imposer en tant que femme ! « Je suis footballeuse, et alors ? »
Je sais que ce sport m’aura rendue plus forte à la fin de cette année de terminale. Savoir que je commence réellement à pouvoir me défendre me donne plus d’assurance. J’ai déjà plus confiance en moi ! Je me sens moins faible. Je suis certaine que l’année prochaine, mes études seront plus simples à vivre car je pourrai me défendre contre certaines personnes un peu lourdes ! Aujourd’hui, je suis déjà plus proche de mon but d’être une femme indépendante. Grâce au Jeet Kune Do. Les personnes étrangères ne m’impressionnent plus autant qu’avant. Je sais que s’il y a un problème, je serai capable de me défendre et c’est tout de suite plus rassurant ! Bien que je n’ai heureusement jamais eu à mettre en pratique ce que j’ai appris.
Yasmine, 17 ans, lycéenne, Creil
Crédit photo TFM Distribution // Kill Bill Vol. 1 (film 2003)