Ma sœur m’a dit : « J’aurais préféré que tu te drogues plutôt que d’être homosexuelle ! »
Je pense avoir eu une vie de lycéenne semblable à celle de toutes les jeunes filles, dans l’ensemble. Des amies, une scolarité moyenne et un train de vie assez plaisant. La seule chose qui me différenciait, c’était mon homosexualité.
J’étais en couple depuis environ un an avec une fille quand ma soeur jumelle (qui est hétérosexuelle) est allée raconter à ma mère que j’étais lesbienne et en couple. Mes parents n’étaient pas au courant que j’aimais les filles. Je comptais leur annoncer mon homosexualité un jour, mais c’était encore trop tôt pour moi. Je ne sais pas pourquoi ma soeur a fait ça, par jalousie paraît-il… Ma mère normalement ouverte et très tolérante, contrairement à mon père, a changé de visage ce jour-là. Ses premiers mots ont été : « Tu es malade, va te faire soigner, il faut que tu ailles voir un psy, tu es malade ! » Je n’aurais jamais pensé qu’un jour elle sorte de tels mots à mon égard. Elle qui a une sœur et un frère homosexuels et qui les accepte, qui accepte la diversité et la différence de chacun.
Pendant un mois entier, elle ne m’a plus adressé la parole. Je crois n’avoir jamais autant pleuré que durant cette période. Mon père qui est lui très fermé d’esprit m’a acceptée. Ça lui a pris une semaine pour digérer la nouvelle, mais il n’a pas changé de comportement. Je crois même qu’il m’aime davantage. Il a tenté de raisonner ma mère, en vain.
« Tu verras quand tu seras mariée avec un homme… »
Heureusement, cela n’a eu aucune conséquence sur mon couple. Je me suis réfugiée auprès de ma copine, cela a même renforcé notre relation. Toutefois, elle a préféré couper tout lien avec ma sœur. Elle n’a pas digéré ce qu’elle a fait. Elles ne se sont plus jamais parlé, ce qui ne m’a pas dérangée. Une sœur jumelle peut rester une inconnue, une personne dont il faut se méfier…
Ma mère est revenue m’adresser la parole au bout d’un mois, comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé. Elle me disait : « Tu verras quand tu seras mariée avec un homme et que tu auras des enfants ! » Elle était dans le déni. Depuis ce jour, j’ai de très bonnes relations avec mon père, mais moins avec ma mère. Elle me tolère ; ce qui est un grand pas je trouve. Mais je n’oublierai jamais ses paroles et je ne lui pardonnerai jamais son attitude et son mépris. Tout comme je ne pardonnerai jamais à ma sœur jumelle de m’avoir volé mon coming-out, d’avoir volé une partie de ma vie privée.
@chanhwanism a fait son coming-out en famille à 12 ans. Elle en a fait un thread Twitter qui a beaucoup tourné ! C’est naturel et spontané, à checker !
STORYTIME : je fais mon coming out, ça tourne pas comme prévu ⚢
— looloo (@chanhwanism) 9 août 2017
Mais cela ne m’empêche pas d’avancer et de faire ma vie telle que je l’entends. Ma grande sœur, en apprenant mon homosexualité, m’a dit : « J’aurais préféré que tu te drogues. » C’est blessant, mais je suis passé outre. Et elle m’a acceptée. Enfin au début. Depuis qu’elle est en couple et qu’elle a des enfants, je ne peux plus avoir de contact avec eux car mon beau-frère « ne veut pas de gens comme ça » chez lui. J’ai plus aucun contact avec ma sœur et je ne peux pas voir mes neveux et ma nièce, ce qui m’attriste chaque jour.
Je suis toujours en couple avec une fille, nous avons notre appartement et notre petite vie à nous. Je pense que la seule chose que cet événement a changé en moi, c’est mon caractère. Je suis devenue une personne très sensible et je prends les choses très à cœur. Mais en aucun cas cela ne changera qui je suis ou mon orientation sexuelle.
Océane, 24 ans, étudiante, Saint-Etienne
Crédit photo Pexels // CC Sharon McCutcheon
Que c’est triste…..!!! Courage, il faut absolument continuer sur le chemin choisi.
Salut !
Je compatis ! J’ai annoncé mon homosexualité à ma mère il y a quelques mois, elle m’a également sorti des conneries (même si c’était un peu moins « hard » que chez toi ) alors qu’elle a toujours été « ouverte » en apparence. Elle m’a également « volé » le moment où je voulais l’annoncer à mes frères et sours contre mon consentement. (Car, je lui avais dit plusieurs fois que je ne voulais pas qu’elle leur en parle encore, que je n’étais pas prête) Elle n’a pas respecté cette demande. Du coup, c’est devenu une sorte de tabou et je ne sais plus comment leur en parler moi-même.
Bref, tout ça pour dire que je vois très bien ce que tu veux dire et que je te souhaite bon courage !