L’année du bac, j’ai dû travailler pour subvenir à mes besoins
Je suis lycéen en année de terminale à Mantes-la-Jolie. Je dois travailler en même temps que l’école par manque de moyens financiers et j’ai du mal à gérer les deux.
À la rentrée 2018, j’ai dû travailler pour me faire de l’argent et pouvoir me payer le permis et le code. J’avais déjà la bourse, mais ce n’était pas assez (je sais pas trop combien, c’est ma mère qui gérait ça). Tous mes grands frères sont partis de la maison, il ne restait que moi et ma mère. Mon grand frère nous aidait mais il ne pouvait pas toujours et ma mère ne peut plus travailler. J’étais donc le seul à travailler et à apporter du soutien à temps plein à la maison car on est pas très proches du reste de la famille.
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Crédit photo Unsplash // CC Kai Pilger
Après plusieurs mois, j’ai réussi à économiser et m’inscrire à l’auto-école. Pendant un moment c’était cool, tout mon salaire allait directement dans ma poche ! Et je pouvais donner plus d’argent à ma famille et mes proches car ils en avaient besoin. J’étais à temps partiel du fait de mes études et je touchais peu, environ 500 euros par mois. Je donnais la plupart des sous à ma mère pour les courses ou autres charges, puis je gardais juste ce qu’il fallait pour me payer le code et le permis. Du coup, il me restait pas grand-chose pour moi, juste histoire de sortir manger dehors, deux ou trois fois par semaine.
Du boulot, de tous les côtés
En janvier, j’ai été un peu dépassé par le code, les bacs blancs, l’orientation scolaire, les cours, le travail et ma vie sociale. Je finissais le lycée, j’allais direct au travail jusqu’à 20h30 puis je rentrais, je mangeais, je me douchais et j’allais dormir. Le bac et l’orientation, je savais que je ne pouvais pas négliger ça, mais j’ai commencé à sécher les cours, pour me reposer ou alors pour passer du temps avec mes proches. C’était un moyen de ne plus penser à rien et de me vider la tête.
Au travail, je me prenais des réflexions à cause de ma fatigue : « T’es fatigué alors que t’es à temps partiel, tu fais rien d’autres le reste du temps. » Ça m’a vite soûlé parce qu’ils connaissaient pas ma vie et que j’avais pas envie de me justifier ni de leur raconter. Ils savaient que j’étais à l’école, mais pour eux, l’école c’est facile. Comme si je faisais rien d’autre de ma semaine !
Vers avril, j’ai trouvé ce que je voulais faire après le bac et tout de suite, j’ai commencé à réfléchir. Comment j’allais organiser ça ? D’abord, je me suis reconcentré sur les cours et j’ai préparé ma lettre de démission pour me relâcher et avoir plus de temps pour préparer le bac. Ça m’a permis de réviser et d’aller en cours, j’ai même arrêté de sécher.
Grâce à ce que j’ai mis de côté jusqu’à maintenant, je peux subvenir aux besoins de ma famille, le temps de retrouver un travail après le bac.
Née dans un milieu défavorisé, Inès a dès qu’elle a pu commencé à accumuler les petits boulots. Un travail pour s’offrir l’avenir qu’elle voulait ? J’ai toujours travaillé pour ne pas être une charge pour ma famille
Les gens ne devraient pas prendre les étudiants qui travaillent en plus de leurs études à la légère, car ce sont des vrais travailleurs qui d’après moi s’investissent beaucoup dans leur vie, plus que les gens qui ont seulement leur emploi. Pour moi, le plus pénalisant, c’était que l’argent que je gagnais ne valait pas la perte de temps. Le lycée aidait peut-être avec la bourse mais c’était peu et en plus, ils étaient toujours en retard sur les versements, c’était très important pour nous, pour vivre ou investir.
Je trouve ça injuste d’avoir dû, à seulement 18 ans, encore au lycée, travailler pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. On ne m’a pas assez valorisé en tant que vrai travailleur et comme personne responsable. On me voyait encore comme un gamin.
Sabri, 18 ans, lycéen, Mantes-la-Jolie
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