Maryam M. 21/05/2019

Pendant trois ans, je suis sortie avec un garçon qui me battait

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Mon copain était parfait... jusqu'à ce qu'il me trompe et me frappe. Après avoir beaucoup pardonné, j'ai enfin mis un terme à cette relation mais j'ai perdu confiance en moi.

Je suis sortie avec un garçon pendant trois ans. Il avait deux ans de plus que moi. Il habitait dans ma ville.

J’étais au collège quand j’ai commencé à lui parler. Au début, tout était parfait. C’est un mec qui faisait la prière, allait à la mosquée, il était protecteur… Tout était vraiment parfait. Il ne buvait pas, ne fumait pas. BREF, parfait !

Notre histoire est devenue puissante et sincère très rapidement. On s’est vus plusieurs fois avant de se mettre en couple. Des petites embrouilles se sont immiscées entre nous, mais ça me passait au-dessus car j’avais confiance. Le 7 avril, une fille est venue me voir : elle parlait avec lui depuis un an. Il me trompait avec elle, lui promettait le mariage. À ce moment-là, ça m’a fait débiel d’entendre ce qu’elle racontait. C’était tout mon contraire cette meuf : elle n’était jamais sortie avec des garçons, elle était dans la religion et même la chicha, elle n’y touchait pas. Elle se maquillait pas, elle était discrète. PTDR, mon opposé carrément, la fille parfaite. Il m’a parlé et m’a rassurée, je l’ai cru. Après cette fille, de nombreuses filles ont suivi, avec le même discours. En trois ans, une dizaine environ. J’ai toujours pardonné, mais j’étais blessée.

En juillet 2017, je suis partie dans le Sud avec mes copines et les gars d’un quartier voisin, dont un ex flirt que j’avais recalé. Mon mec a donc ragé et est parti parler à mon copain de l’époque. Il est parti lui dire qu’on avait dormi ensemble. Il a pris mon téléphone et lui a envoyé un message qui disait : « Je suis en couple, arrête de me casser les couilles. » Chose que je n’aurais jamais dite, je le respectais trop. Des mensonges et encore des mensonges. À mon retour, nous nous sommes vus et il m’a frappée. Je suis partie à l’hôpital. J’ai eu des béquilles pendant quelques semaines. Suite à cette histoire, je me suis beaucoup embrouillée avec mes proches, dont ma mère. Elle m’a virée de chez moi, le dialogue était rompu. Ma mère avait peur pour moi. Aussi, une amie très proche de moi a essayé de m’ouvrir les yeux, mais je l’ai mal pris car j’étais amoureuse et je ne voulais rien savoir. N’ayant pas de père ni de frère, il était mon seul repère masculin. Il était présent malgré le fait qu’il soit devenu mauvais et savait être à l’écoute. Il s’est excusé et je l’ai pardonné encore une fois parce que je croyais en lui et je l’aimais.

Violent, mon gars m’a fait la misère

Pendant mon séjour dans le Sud, il avait commencé à boire et à fumer. Après cet été, plus rien n’a été comme avant : il est devenu insolent, irrespectueux, etc. Souvent des ex réapparaissaient. Mais je le pardonnais toujours parce qu’il avait les bons mots, il me connaissait par cœur, il savait comment me parler. Puis, il a commencé à parler avec une fille de sa cité et il m’a lâchée pour elle. Il revenait toutes les deux semaines et j’y croyais encore. De septembre 2017 jusqu’à mars 2018, il m’a fait la misère. Lorsqu’on se séparait lui et moi, j’étais archi en déprime, je pleurais, je comprenais pas pourquoi, je ne sortais plus, même l’école, c’était mort. Au bout d’un moment, j’ai arrêté de raconter nos histoires à mes copines car leurs paroles me faisaient encore plus de mal.

#NousToutes est un mouvement féministe né en 2018 pour combattre les violences sexistes et sexuelles. Le samedi 14 novembre 2018, la manifestation a réuni plus de 50 000 indigné.e.s.

En mars 2018, je me suis réveillée et j’ai eu un déclic. Au bout de deux ans et demi, j’en ai eu marre des reproches des gens et de passer pour la petite conne qui ne voulait pas lâcher un mec qui s’en foutait (d’après les gens hein, pour moi il m’aimait malgré tout, c’était moi la préférée numéro 1). J’ai commencé à parler avec des garçons car je voulais le blesser comme il m’avait blessée. Lorsqu’il a appris ça, il m’a frappée encore une fois. Je suis restée à l’hôpital deux jours. Il est revenu me parler, je l’ai pardonné même si personne n’était pour. J’avais peur de lui, mais je ne voulais pas me l’avouer. Je l’ai quand même présenté à ma mère qui n’était pas pour, mais qui a accepté pour moi. Au début, elle m’a interdit de lui parler, elle m’a dit : « C’est lui ou moi. Si tu te remets avec lui, tu vas me tuer. » Mais plus le temps passait, plus elle se rendait compte que j’allais mal sans lui : je ne sortais plus, je ne mangeais plus. Alors elle a fini par accepté.

Cette histoire ne m’apportait rien

Il voulait que je sois la femme de sa vie, la mère de ses enfants. Il venait d’avoir 18 ans et moi 16 ans, il attendait que je sois majeure pour qu’on s’en aille loin d’ici, dans le sud de la France. On s’était promis ça quand on était en vacances ensemble.

Mais les derniers temps, il m’interdisait de sortir, choisissait comment je m’habillais. Il avait une grande emprise sur moi et je n’étais plus moi-même. J’étais amie avec son amie d’enfance mais il m’interdisait de lui parler. Les choses ont fait que nous deux, c’était vraiment mort : il y avait trop de rancunes, de mensonges, de haine et on a été blessés des deux côtés. Il est devenu de plus en plus mauvais, de plus en plus violent. J’ai mis trois ans pour me rendre compte que cette relation était destructrice, que cette histoire ne m’apportait rien. J’étais H24 dans le mal, je n’allais pas en cours, j’ai perdu du poids et l’appétit.

Il m’a détruite intérieurement. Je n’arrive plus à avoir confiance. Pour moi, un garçon finira par me faire du mal un jour ou l’autre. J’ai peur qu’un garçon recommence à me faire du mal autant que lui. Mais cette histoire m’a rendue plus forte. Si un garçon me paraît violent même verbalement, je m’éloigne, c’est le mieux à faire. J’ai assez donné.

Mon ex m’a bloquée des réseaux, j’ai changé de numéro et j’évite de me faire remarquer. Je ne reste plus là où il traîne. Même y passer, j’évite. Je ne veux pas qu’il ait de mes nouvelles, ça lui ferait autant de mal qu’à moi quand je vois des snaps de lui. Je suis encore en contact avec certains de ses potes, mais on évite de parler de lui. J’ai eu du mal, mais j’y arrive peu à peu. Je lui souhaite aucun mal, je n’arrêterai pas de l’aimer mais je finirai par l’oublier. C’est le mieux pour nous.

Là, ça fait deux mois qu’il n’est pas chez lui. Avant que je le bloque, on s’est embrouillés et il m’a dit qu’il allait bientôt revenir. J’appréhende son retour,  j’ai peur qu’il sache avec qui je parle et qu’il veuille me frapper. J’espère ne pas le croiser, encore moins avec une fille. Je ne suis pas encore prête mentalement et j’espère réellement qu’il va me laisser tranquille.

Maryam, 17 ans, volontaire en service civique, Saint-Denis

Crédit photo Unsplash // CC Ben Blennerhassett

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5 réactions

  1. Salut Maryam.
    J’ai 49 ans, je suis un homme.
    Et ce dont tu parles n’est pas de l’amour, mais une passion-attachement.
    Ça correspond à des manques, des manques du regard masculin sur toi, que tu es prêtes à chercher à n’importe quel prix, au prix de te nier toi-même.
    Quelqu’un qui te frappe parce que tu parles à un autre, alors qu’il ne cesse de te tromper, crois-tu qu’il t’aime ?
    On peut se tromper à deux, se faire du mal parce que chacun, dans un couple, trimballe des zones douloureuses au fond de soi. Mais par ignorance, pas par intention. Cela on peut le pardonner car on est tous imparfaits.
    Mais une chose doit être au fondement de toute relation, c’est le respect. S’il n’y a pas cela au départ et après, il y a peu de chances que cela puisse être vraiment de l’amour.
    Tu es jeune, tu vas te reconstruire et apprendre.
    Si tu apprends à éviter ce qui te fait souffrir et à aller vers ce qui est bon pour toi, à te respecter toi-même, tu verras que la nature des rencontres que tu fais changera.
    Je te souhaite le meilleur, prend soin de toi, je crois en toi.
    Que le meilleur t’accompagne et t’eclaire.

  2. Ton histoire est très touchante et je trouve ça courageux de ta part d’en parler car beaucoup de personnes vivent ton cas. Et j’espère que ton témoignage fera agir certaines personnes qui ont vécu ta situation.
    J’espère pour toi que tu arriveras à te reconstruire au fil du temps.
    Mais en attendant pense à toi et pas à trouver quelqu’un.
    Prends ton temps car comme tu peux te douter maintenant on ne connait jamais les personnes à 100%.
    Entoure toi de ta famille, de tes amis et de tes proches et surmonte cette épreuve en profitant de ta vie…
    Bref bon courage, bisous

  3. Je trouve que c’est vraiment courageux de raconter son histoire. Mais si je devais te donner un conseil, ça sera « la bonté d’un homme se voit dans les yeux de ta maman ». Le jour où tu présenteras un homme à ta mère, si tu lis le sourire et la joie dans les yeux de ma mère, c’est que ton homme est le bon, écoute toujours ta mère car elle a vécu tout ce que tu vis et ce que tu vivras, elle a beaucoup plus d’expérience dans ce domaine. Et elle voudra toujours le bien pour toi.
    Bon courage

  4. Bonjour Maryam,

    Déjà c’est un grand pas que d’en parler. A moi aussi on m’a fait miroiter pas mal de choses, menti, manipulé. Concentres toi sur ce qui en vaut vraiment la peine, entoures toi des personnes qui t’apportent des ondes positives et surtout ne croit pas que c’est de ta faute si ça n’est pas le cas! Les malins savent très bien ce qu’ils font et tournent toutes les situations a leur avantage. Je te souhaite bon courage pour ta reconstruction, gardes la tête haute et surtout laisses le faire sa vie seule il est pas capables de prendre soin de toi!! Tu le feras certainement mieux par tout même ☺

  5. Bonjour Maryam, ce que vous écrivez est terrible et c’est extrêmement courageux de l’avoir écrit. Je suis lectrice de la Zep, mais je suis âgée. Si je peux vous conseiller depuis mon grand âge (52 ans) rapprochez-vous de vos amis et vos amies, celles en qui vous avez confiance, entourez-vous des personnes qui vous apportent douceur et bienveillance, la confiance reviendra tout doucement. Tous les hommes ne sont pas les mêmes, il faut arriver à dissocier la souffrance et l’amour qui se sont « collés » peut-être dans votre esprit à cause de cette aventure malheureuse. Un jour l’amour et la souffrance vont se dénouer, vous aimerez quelqu’un qui vous aimera sans vous faire souffrir. Mais il faut le temps de retrouver la douceur envers vous-même. Je vous souhaite le meilleur.

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