Meryem M. 11/12/2014

Comment j’ai (peut-être) trouvé mon orientation professionnelle

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Dégoûtée par mes années de Droit, indécise quant à mon avenir, j'ai découvre l'oisiveté du chômage, les rejets des employeurs et l'égarement. Puis, j'ai découvert la mission locale.

À 18 ans, le lycée, c’est fini.

Après le bac, je me suis orientée – au hasard, par dépit – en fac de droit. Mais ce n’était pas pour moi. Il m’aura fallu deux années de galère avant de saturer et de m’avouer que je n’y étais pas à ma place. La  pression des parents, celle qu’on s’impose à soi-même, la peur de l’inconnu, l’ignorance de soi… Toutes ces choses ont joué dans mon indécision, mon incapacité à mettre fin plus tôt à l’imposture.

Quel métier ?

Une pensée que j’avais longtemps tuée a alors refait surface, et ne cesse depuis de me torturer : « Pour quel métier suis-je réellement faite ? »

Après ma L2, j’ai enduré six mois de passivité, puis six autres à me confronter à la dure réalité du monde du travail. CV trop vide ou trop rempli, peu d’expériences ou beaucoup trop, discrimination, compétitivité, incompréhension, piston.

Et ces refus. Ces lettres froides, hypocrites, qui vous remercient et vous prient cordialement de ne plus importuner l’entreprise ; ces autres qui ne vous sont jamais envoyées.

J’ai parfois été tentée de lâcher prise et de garder la tête sous l’eau. Mais mon obstination m’a finalement fait persévérer.

Premier rendez-vous : l’envie de fuir

Le hasard s’est encore une fois présenté. Je me suis inscrite à la mission locale de ma ville, avec l’espoir de, peut-être, trouver les réponses à mes questions, de recevoir de l’aide pour trouver une voie, une formation… n’importe quoi.

Dès le premier rendez-vous, j’ai voulu fuir. Prendre mes jambes à mon coup. Installée bien devant, à la vue de tous, j’ai cherché pendant une bonne dizaine de minutes le moyen de me faufiler en toute discrétion hors de la salle.

L’« atelier orientation » a, comme son nom l’indique, pour but de nous aider à définir un objectif et à l’atteindre. Cette première heure n’était qu’une petite introduction durant laquelle nous devions tous nous présenter, un à un.

J’ai vu les autres participants arriver un à un, tous semblaient aussi dépités et égarés que moi. Et au bout de la vingtième minute une fille a pris la parole, en réponse à la conversation qui se tenait et à laquelle je n’avais pas été attentive.

Et si j’avais trouvé ma place, ici ?

Ses mots m’ont tout de suite interpellée car ils semblaient sortir de moi. J’ai eu soudain l’impression de m’entendre parler.

L’indécision, l’égarement, la révolte, la dévoraient elle aussi, et tous les autres présents. J’ai ensuite pensé, l’espace d’un instant, que peut-être… peut-être bien que j’étais à ma place ici.

Alors je n’ai pas fui, je n’ai pas pris mes jambes à mon cou, mais je suis simplement devenue attentive à ce que ces gens avaient à dire, ces gens qui exprimaient parfaitement ce que je ressens.

Je reste aujourd’hui, présente, avec l’espoir que, peut-être, je sortirais de cette expérience moins déroutée, avec un projet professionnel concret.

 

Meryem, 20 ans, Essonne

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1 réaction

  1. L’article est déjà ancien, j’imagine que depuis tu as trouvé ta voie, et si ça n’est pas le cas, je te souhaite de la trouver bientôt. Ton article a produit un écho en moi ; il y a seulement un an j’étais au plus bas, je songeais à quitter le droit à l’issue de la deuxième année, définitivement, pour faire peut-être une classe prépa ou bien des lettres tout simplement, sans être sûre que ces nouvelles perspectives étaient plus réjouissantes. Chaque cherchais à identifier les causes de ce malaise pour finalement me rendre compte qu’elles étaient multiples. La taille réduite de ma promotion qui faisait que je subissais pleinement le harcèlement, les méthodes d’enseignement que je trouvais parfois discutables, mon manque d’entrain. Tout cela m’a fait sombrer dans une dépression sévère, j’étais en proie à des pensées suicidaires très violentes, m’empêchant totalement d’aller en cours. Je remettais tout en question, des méthodes d’enseignement à mes capacités intellectuelles. J’avais l’impression de brasser du vide et que la seule chose que j’entrevoyais c’était le néant. Mais finalement, il y a eu autre chose que du néant. Une famille plus que jamais présente, des amis. Et surtout un stage obligatoire dans un tribunal, un stage qui touchait à ce que j’aimais dans le droit, parce que finalement il y avait malgré tout quelque chose que j’appréciais dans le droit. Là-bas j’ai fait la rencontre de personnes extraordinaires qui m’ont épaulée et redonné conscience. Rien que pour ces personnes-là j’ai eu envie de persévérer, de relever la tête, de tenir jusqu’à la fin. Durant ce stage j’ai vu la pratique, j’ai vu le droit tel qu’il est pratiqué réellement, j’ai été confrontée aux exigences réelles du métier de juge, ainsi qu’aux réalités sociales ; réalités dont nous sommes si souvent coupés en droit, à plus forte raison dans des cursus élitistes. Si je ne suis toujours pas certaine de vouloir être juge, j’ai au moins le sentiment que je ne suis pas une étudiante en trop, que j’ai ma place en droit, même si d’autres tentent de me dire le contraire. Alors je suis allée aux partiels, malgré les crises de larmes, malgré les pensées suicidaires qui n’avaient pas tout à fait disparu après le stage, malgré le sentiment que cela est vain. Et j’ai réussi mes partiels mieux que je ne l’avais espéré, malgré mon état de santé qui était alarmant. La route est encore longue, il est vrai. J’ai du prendre la décision difficile de redoubler malgré des résultats satisfaisants pour m’éloigner d’un environnement qui me tuait à petit feu. En quelque sorte j’ai du fuir pour vivre, pour continuer sans y laisser ma santé, et peut-être ma vie. Mais pour rien au monde j’aurais quitté le droit, parce que je voyais une lumière au bout du tunnel et que l’après me faisait peur. Je commençais à aimer le droit, certes pas encore autant que les lettres, l’histoire ou les langues, mais il y avait comme une flamme en moi que je ne voulais pas éteindre aussitôt qu’elle était née. Des études de lettres m’auraient sans doute plu, mais la crainte permanente de ne rien trouver à la sortie auraient sûrement entamé ce plaisir. Et n’étant pas une grande manuelle, je n’aurais jamais pu trouver de métiers en dehors de mon domaine d’études ou entamer une formation. Au fond je ne préfère pas songer à ce qu’aurait été l’après, je préfère me dire que je suis désormais en paix avec moi-même et que j’ai retrouvé le plaisir d’étudier, ce qui il y a un an encore était impensable. Nos deux parcours montrent à quel point il est difficile de trouver un équilibre, qu’il est si fragile des fois, mais qu’il y a tout de même l’espoir qu’on le trouve un jour.

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