Écouter et lire… Patti Smith, une âme d’enfant
Marion m’a offert Glaneurs de rêves de Patti Smith. Amoureux inconditionnel de la poétesse, je n’avais pas imaginé l’émotion que je pourrais ressentir à la lecture de son nouveau récit. Encore moins sa force universelle.
« La musique des glaneurs qui accomplissent leur tache. Elle se tord, elle s’allonge, elle secoue le silence. On rassemble ce qui doit être rassemblé. Ce qui fut délaissé. Ce qui fut adoré. Des bribes d’esprit humain passées, on ne sait comment, entre les mailles du filet. Prises dans un tablier. Cueillies par une main gantée. »
Ode à l’enfance
Lutter contre le renoncement, toujours, et garder à l’esprit les bonheurs passés. La nostalgie me guette toujours lorsque je rentre dans le Gers, chez mes parents. La campagne environnante y est toujours en éternel changement. On ne saurait le voir si l’on ne s’y arrête pas. Toujours changeante et pourtant toujours baignée d’une brume de souvenirs. J’ai plongé avec Glaneurs de rêves dans ces imaginations d’enfant que je croyais perdues. « Fais un vœu ! »
Illuminations
J’avais adoré Just Kids, illuminé des phares new-yorkais. Les Glaneurs s’apparente plus au désir nostalgique de redevenir celle qu’elle n’a pas été ; celui qu’on n’a pas été. C’est la force, et peut être la faiblesse du récit. Le rapport à sa propre enfance est par définition fantasmé, idéalisé. Face à la perte de repères de l’entrée dans l’âge adulte, l’identification de roches solides dans son passé peut apparaître comme un moyen de résister aux futures marées.
Enfin je quitte la roche
Patti Smith glanée par le soleil. Parce que c’est finalement ce qui importe. Faire fi des réalités du présent pour s’imprégner des enchantements du passé. Garder son âme d’enfant. La cultiver, comme on cultive la terre. S’y rouler dans un éclat de rire inopportun. Conserver dans des bocaux de mémoire de l’arrière-cuisine de la maison des grands-parents les feuilles vivantes des souvenirs et l’herbe fraiche du plaisir.
Et, apprendre de la poétesse : « Et ces conseils, prodigués avec une grâce si entière, ont empli mes membres d’une telle légèreté que j’ai été soulevée jusqu’à planer au-dessus de l’herbe, même si tous me voyaient encore parmi eux, prise dans les tâches humaines, les deux pieds sur terre. »
Théo, 23 ans, en recherche d’emploi, Paris
Glaneurs de rêves, Patti Smith, éditions Gallimard, 2014, pour la traduction française.
Crédit photo Gite de Soumeillan (Gers)