Mes vidéos sur Insta, un moteur de confiance en moi
Ma première vidéo Instagram, c’était en juillet 2018. J’ai dû affronter ma timidité devant les gens et devant la caméra. Pour la première fois, j’étais l’acteur principal. Le titre, c’était : « La liste de la dot. » En gros, je demandais à une pote comment ça se passait avec la dot en Afrique : la famille de la fille doit écrire une liste avec tout ce qu’ils désirent que tu leur donnes pour prendre leur fille, et c’est abusé. Je regarde un peu trop des mini-séries congolaises, on appelle ça des théâtres congolais, et ça m’a inspiré.
J’avais le stress avant : que ça se passe mal, que la vidéo soit nulle… et ça avait mal commencé avec la pluie. Et puis un pote m’a dit qu’il avait kiffé, qu’il avait trouvé ça drôle. Il y a un autre qui voulait qu’on fasse la partie 2 ensemble. J’ai eu plusieurs propositions de gens qui voulaient participer dans mes vidéos et ça m’a fait plaisir. Là, j’étais déjà pressé de sortir une nouvelle vidéo.
En un an, j’ai publié 41 vidéos drôles [depuis supprimées de son compte]. J’ai fait aussi trois vidéos Triller et cinq vidéos de danse en binôme avec mes potes. J’étais dans les 500-600 followers, un truc du genre, et aujourd’hui j’en ai 2 564 ! Mais je trouve ça peu… mdr. Très sincèrement, je ne me croyais pas capable il y a un an de faire toute ces vidéos.
J’étais obligé de faire mieux que tout le monde
Avant, je tournais des vidéos avec des vidéastes, mais quand j’arrivais sur les tournages, comme je ne connaissais pas les gens, je ne leur parlais pas. Je disais bonjour, c’est tout. Au moment de tourner, je n’arrivais pas à me lâcher parce que j’étais pas l’acteur principal, et je me mettais pas la pression. Quand un truc n’allait pas, je donnais mon avis, mais pas devant tout le monde, pas devant l’acteur principal et le propriétaire du tournage. J’arrivais pas à parler devant les gens. Déjà devant la caméra j’avais du mal. Je me disais que peut-être ils allaient pas apprécier… Je n’étais pas tellement considéré. J’étais pas une personne sur qui on comptait beaucoup au tournage.
Kevin a été inspiré par ces séries congolaises qu’on trouve sur Youtube. Entre télénovelas brésiliennes et soap opéras anglo-saxons. En voici un bel exemple (non sous-titré) !
Pour ma vidéo, j’étais obligé de faire mieux que tout le monde parce que c’était ma vidéo. Je devais mettre les gens à l’aise, surtout que je tournais aussi avec des gens que je connaissais pas avant. En fait, c’était le but : fallait que l’ambiance soit bonne, pour que la prochaine fois, quand je les appelle, ils viennent tourner. Je les avais trouvés sur Instagram, je leur envoyais des messages en privé pour leur proposer de tourner. Au début, c’était chaud, on a fait plusieurs prises, j’arrivais pas à me concentrer parce que les autres me regardaient. J’arrivais pas à articuler parce que le stress était énorme. Et puis finalement le premier jour, j’ai tourné trois vidéos !
Mon record sur Instagram ? 1000 vues en moins de trois heures
Je me suis mis à l’aise à partir de la neuvième vidéo, où je parle de l’entretien d’embauche congolais. Et j’ai pris confiance en moi quand j’ai vu que les vues montaient, que le nombre d’abonnés augmentait aussi. J’avais des bons commentaires, des partages, des likes, tout ce qui peut motiver quelqu’un sur Instagram quoi ! « Force à toi », ça revenait toujours, ou : « Bien vue l’idée ! » Les gens parfois me prenaient pour un fou ! Parce que je faisais trop de bêtises, ils disaient : « Il va plus jamais s’arrêter, ça y est on l’a perdu. »
Le max que j’ai fait, c’est 8 700 vues sur une vidéo. J’ai eu 800 likes dessus. C’est grave une motivation et une façon d’avoir confiance en moi, car les vues se font grâce aux partages. Et quand ça partage, ça veut dire que t’as bien fait le taff. Pour que je sache que j’ai réussi, je dois faire 1k en moins de 24 heures. Cette vidéo, c’était le record, j’ai fait 1000 en moins de trois heures.
Après tout ça, j’ai plusieurs fois été invité sur des tournages. Avec l’expérience que j’ai acquise, les gens comptent beaucoup sur ma présence et je me sens plus à l’aise. Si je dois donner une idée devant tout le monde, je la donne. Un grand que je connais, il veut toujours que je sois là : y a des moments où il tourne pas juste parce que je suis pas disponible pour participer ! J’avoue que je suis un peu gêné d’être beaucoup plus mis en avant dans des projets qui ne m’appartiennent pas, mais d’un autre côté, je suis content et fier de moi.
Réseaux sociaux et confiance en soi : grande utilisatrice d’Instagram, Ariane a décidé de décrocher : ciao les selfies, elle a une meilleure image d’elle-même.
Maintenant, quand je dis à mes amis que j’ai connus après avoir commencé que j’étais timide avant, ils ne me croient jamais : « Si t’es timide, tu peux pas faire des vidéos, danser devant les gens ! » Devant un recruteur, j’ai toujours le stress, mais quand il s’agit de prendre la parole devant les gens ou même devant une caméra, là oui, je me sens plus à l’aise.
Même que, quand j’étais en BTS, à la rentrée 2018, deux mois après avoir commencé les vidéos, il y a eu les élections pour désigner le délégué. Je triais les feuilles de vote, parce que j’étais plus à l’aise et quand je parlais tout le monde m’écoutait. J’ai eu le plus de vote : j’étais élu, mais j’ai pas accepté d’être délégué. Rester tard pour le conseil de classe, non merci !
Kevin, 21 ans, en formation, Paris
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