Jessica L. 08/02/2020

Entretien d’embauche : « Votre CV est bien mais vous habitez trop loin »

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Après ma licence, j'ai cherché un service civique. Habitant dans l'Oise, j'avais pas anticipé que la distance serait mon plus gros obstacle pour obtenir une réponse positive...

Ma licence d’écologie en poche, je n’ai pas trouvé de master pour cette année. J’ai donc cherché à passer des entretiens d’embauche pour un service civique début août. À ce moment-là, je ne savais pas à quel point le temps de trajet serait un problème. Ce qui n’était qu’un détail s’est avéré être mon plus gros handicap…

L’environnement étant ce dans quoi je pense bosser plus tard, j’ai décidé de m’engager dans ce domaine. Pas mal d’assos axées environnement proposaient des missions sur Paris. Beaucoup me plaisaient, comme le développement de l’engagement pour le commerce équitable, la préservation de la biodiversité, le tri des déchets… Habitant dans l’Oise, je me suis renseignée sur les temps de trajet : un train et un métro. 45 minutes – une heure max. Parfait. J’ai envoyé quatre, cinq candidatures sur Paris. C’était déjà pas mal !

« Tu vis vraiment trop loin… on ne peut pas risquer des retards »

Une semaine plus tard, je n’avais qu’une réponse : un refus. Toujours motivée, j’ai encore candidaté sur Paris, mais également aux alentours (Seine-et-Marne, Somme, Nord-Pas-de-Calais, Essonne…). Au bout de dix jours de recherches, j’ai décroché un entretien sur la valorisation du patrimoine naturel urbain. Mon premier entretien d’embauche. Un succès ! « On voit que tu es débrouillarde », « Tu es autonome et tu aimes ce que tu fais, ça me plaît. » On pouvait croire que j’avais mes chances ! Jusqu’à ce que je reçoive un appel de l’asso, me disant : « Tu vis vraiment loin, ton profil est intéressant, mais j’ai quelqu’un qui vit plus près… C’est un poste important, on ne peux pas risquer des retards. » Le bon coup de massue.

À l’inverse de Jessica, de plus en plus de personnes habitant en ville font le choix de garder leur travail en métropole mais d’aller s’installer à la campagne. De l’amélioration de la qualité de vie à la quête de logements moins chers, Olivier Delacroix a écouté leur témoignages sur Europe 1.

Déçue certes, mais pas vaincue, j’ai continué mes recherches… Par peur de ne rien trouver, j’ai déposé au total une vingtaine de candidatures dans Paris et ses alentours. J’ai ciblé des parcs et entreprises plutôt que des assos, dont quelques-unes en Alsace, Lorraine et Aquitaine. Il y en avait bien un dans le tas qui allait finir par me prendre… J’ai eu trois autres entretiens fin août et début septembre à Amiens, vers Rosa Parks et à Paris 15ème. Mais non. Même scénario. « C’est bien, mais t’es trop loin. » Concernant Amiens, ayant fait mes études là-bas je pouvais aisément trouver un logement à côté, je connaissais déjà les lieux (ce que je n’ai pas manqué de préciser). Pour les deux autres, j’en avais pour 45 minutes – une heure max.

Cette fois, au lieu d’un refus, on est allés plus loin

J’ai effectué au total près de 30 candidatures dont certaines sont toujours en attente pour quoi… cinq entretiens ? « Service Civique, une mission pour chacun au service de tous », tel est leur slogan. « Le pouvoir d’être utile »… Et pourtant, aucune asso ou entreprise n’avait voulu me prendre sous prétexte de la distance. Pourtant concernant Amiens, j’avais évoqué la possibilité de vivre à moins de 20 minutes de l’entreprise… Pour les missions sur Paris, j’avais également évoqué à chaque entretien d’embauche la possibilité de loger temporairement chez mon copain qui vit dans le 10ème.

Début septembre, j‘ai été contactée par la mairie de Blanc-Mesnil (93) pour un RDV. « Tu as l’air autonome et débrouillarde, ton profil me plaît »… Quasiment les mêmes phrases, qui maintenant me faisaient presque peur… « Tu mets combien de temps à venir ici ? » Aïe. Encore cette question. 50 minutes. Cependant, cette fois, au lieu de prendre un refus, on est allés plus loin. « Sache que si tu nous rejoins, tu représenteras la mairie, tu devras passer encore un entretien et si tu le réussis, il faudra attendre la validation du maire. » On était presque mi-septembre. Une semaine plus tard, j’ai eu mon second entretien d’embauche et finalement le maire a validé ma candidature.

Se lever à 6h30 et rentrer après 22h30, c’est épuisant

Depuis le 2 octobre, je suis ambassadrice écocitoyenneté à la mairie de Blanc-Mesnil. Une heure de trajet en transports en commun, ligne K, RER B (toujours en retard avec des malaises voyageurs) et bus, avec en parallèle un contrat étudiant à 10h/semaine chez Burger King. Se lever à 6h30 et rentrer après 22h30 trois soirs par semaine certes c’est épuisant, mais le jeu en vaut la chandelle. Mes collègues sont super sympas, mes journées sont bien remplies, j’ai accès à plein de formations via les partenaires de la mairie !

Quand t’habites à la campagne, il est fréquent d’aller chercher du travail dans les villes. Parce que comme Alice nous l’explique, à la campagne y a rien.

Le petit bonus, c’est que je peux également me rendre sur place en voiture quand j’ai la flemme des transports. En attendant, je ne suis pas arrivée une seule fois en retard, parce qu’on m’a appris à anticiper mes déplacements bien avant cela (merci maman !), comme partir 10 à 15 minutes en avance aux heures de pointe. Et par-dessus tout, maintenant on peut dire que je suis utile !

 

Jessica, 22 ans, volontaire en service civique, Ver-sur-Launette

Crédit photo Unsplash // CC Joshua Rawson-Harris

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1 réaction

  1. Bravo pour ta persévérance !

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