Et puis il y eut dimanche…
Ce n’est un secret pour personne : depuis mercredi cela n’arrête pas. Le 7 janvier, date précédemment anodine, s’est en quelques heures entachée de sang. Tâche que l’on n’a eu de cesse depuis de recouvrir d’encre, comme un hommage un peu tardif à ce magazine qui fut un nid emblématique de caricaturistes de talent, comme un hommage tristement actuel à ces morts innocents, comme une arme intelligente face à l’arme facile.
Au milieu de la peine, une lueur
Au milieu de cette peine, de cette incompréhension générale, une lueur se fit jour, même sur les réseaux sociaux, par le partage d’images, l’assaut de l’humour, la profession de foi de certains.
Elle fut présente également le soir, autour de la place allégorique de la République et d’autres places de France et du monde où l’on prouva que l’on était capable de se rassembler et de se soutenir quand les maux dépassaient les mots, contrairement à ce que l’on a pu entendre comme déclarations pessimistes sur une génération asociale, un temps égoïste.
Et puis, il y eut dimanche.
À travers cet amas brumeux de commentaires divergents sur les évènements qui se sont offerts à notre vue durant les derniers jours (« théoristes » du complot, adeptes du « Bien fait pour eux », tendance pathologique à penser hors d’une masse « nocive », etc), une chose subsista : le besoin d’être ensemble et d’extérioriser ce qui, en chacun, nous a touché.
Ainsi, des milliers de personnes, rassemblées dans les rues de Paris, les bâtiments tels des planches à la dérive au milieu d’une marée humaine qui tantôt progressait vers Nation, République, Bastille, tantôt stagnait dans les rues alentours, sans se plaindre. J’eu la chance de pouvoir être une vaguelette au milieu du flux brillamment saturé de la ville de Paris et de pouvoir enfin exprimer ma sidération face à cet acte et au terrorisme qui ne fait que gagner du terrain depuis maintenant trop longtemps. Loin de n’être que Charlie, nous furent plutôt les flambeaux ravivés d’un combat plus large, se voulant à la fois représentants d’un passé souillé et d’un avenir prévoyant. Nous fûmes, au milieu des cris, des applaudissements, des pancartes et des chansons, consciences éclairées des faits mondiaux et constants d’horreurs.
Il m’est important de mettre l’accent sur ce point qui, depuis hier, se trouve être une lame polémique tranchante : tandis que la solidarité était de mise, d’autres, dans leur coin, dénonçaient un complot politique, un « troupeau » plus qu’une nation.
À ceux là, je répondrai qu’il est préférable de ne pas se focaliser sur une mince ligne de cortège mais sur toutes les autres, et nombreuses elles furent.
Laura, 21 ans, diplômée de théâtre, Thiais (94)
Illustration Flickr CC Clichey