Municipales (5/5) – en 2020, ça se passe sur les réseaux
C’est ma première campagne en tant que tête de liste. Il y a six ans, j’étais candidat aux élections municipales et à la fin de cette campagne, j’avais eu pas mal de frustrations. J’ai considéré que c’étaient les méthodes d’un autre temps. À 19 ans, j’étais responsable de la com’ numérique. Je faisais beaucoup de terrain, mais dans une campagne aux élections municipales, avec des cinquantenaires, on te demande pas ton avis sur ce que t’aimerais faire.
Il y avait déjà une forte présence des réseaux sociaux à l’époque : Twitter, Facebook… Mais aujourd’hui, il y a une professionnalisation qui est hyper intéressante. Le souci du détail sur les images était beaucoup moins fort. J’ai pas du tout le souvenir qu’on ait débattu des heures sur une couleur, sur une police, sur l’agencement d’une page Facebook, sur combien de personnes on avait atteint…
Les réseaux sociaux, si on n’y est pas, on a tout perdu
J’utilise les codes de notre génération. Chaque publication est travaillée en amont, avec le visuel ou la vidéo qui va avec, parce que je sors pas une proposition si j’ai pas fait une vidéo là-dessus. Et on a un planning de publications qui doit être scrupuleusement respecté.
Chaque semaine, dans la réunion d’équipe, il y a un point qui est fait par le coordinateur du pôle image. Il nous dit : « on a touché X personnes cette semaine en plus, comment on peut faire pour toucher plus de monde. » C’est clairement le pôle qui est le plus en ébullition, celui qui demande le plus de travail. Parce qu’après, sur le programme, y a moins d’échanges. Ça reste l’image qui nous monopolise. J’ai des gens qui sont community manager dans leur vie pro et qui le font dans la campagne, des gens qui travaillent dans la tech’, dans les médias…
Les réseaux sociaux si on n’y est pas on a tout perdu, mais c’est pas ça qui nous fait gagner des voix. C’est un peu comme créer un disque dur sur lequel les gens se rendront après nous avoir rencontrés pour voir la totalité de notre campagne. Et on veut permettre à ceux qu’on ne rencontrera pas de la vivre. On imagine que les gens vont scroller notre page Facebook quelques jours avant les élections.
Municipales 2020 : il y a des méthodes qui sont indémodables
C’est complémentaire avec le terrain, puisqu’on constate qu’après chaque opération de terrain de deux heures, dans les jours qui suivent, on constate un boom de visites sur notre page même si on ne publie rien. Donc cela signifie qu’une personne rencontrée physiquement va ensuite aller sur notre page Facebook pour avoir plus de renseignements.
Pour les élections municipales 2020, la ZEP a recueilli les témoignages de jeunes candidats. Car pour s’engager en politique, pas besoin d’attendre la cinquantaine ! A lire également dans Libération.
1/5 : « Un jeune candidat noir, ça ne laisse pas indifférent »
2/5 : « La politique c’est pas que pour les hommes de 50 ans »
J’utilise des nouvelles méthodes, mais aussi les anciennes. On a décidé d’avoir un local en plein centre-ville et c’est une publicité permanente. Y a pas un soir où j’ai pas un rendez-vous avec quelqu’un au local. C’est hyper important de continuer à faire du terrain aussi, du porte-à-porte, des affiches… Il y a un quartier avec plein de petits pavillons et juste à côté de chez eux il y a un stand d’affichages. Ils sont obligés de passer devant. Nous on colle souvent là-bas et vraiment tout le monde m’identifiait.
Faire du tractage, arriver avec son seau de colle… Ça reste des vieilles méthodes mais c’est hyper efficace. Même aux municipales 2020. Il y a des choses qui sont indémodables.
Alexandre Saada, 25 ans, candidat au Pré Saint Gervais (93)
Crédit photo © Alexandre Saada // Visuel La ZEP