Hanae H. 31/03/2020

Mon intégration, c’était sport !

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Déménager à 8 ans, ce n'est pas évident. Heureusement, grâce à l'athlétisme, je suis parvenue à trouver ma place dans cette nouvelle vi(ll)e. Intégration réussie !

En septembre, j’ai intégré l’AS (Association Sportive) de Bondy en athlétisme. Le premier entraînement, ma mère m’y a accompagné ; j’avais 9 ans et je venais d’arriver d’Italie. Une intégration importante.

J’avais mon nouveau jogging, mes baskets et mon bandeau de sport. On s’est trompées d’endroit donc on est arrivées en retard. J’étais stressée, j’avais peur de faire n’importe quoi. Je n’étais pas dans mon environnement de d’habitude. Il fallait que je montre aux autres que j’avais des capacités. Au stade, y avait une trentaine de jeunes qui avaient entre 8 et 10 ans. Je connaissais personne à part une fille qui habite dans la même cité que moi.

On s’est rencontrées deux mois et demi plus tôt, au début de l’été. J’étais descendue au parc de la cité en tenue de sport pour rencontrer du monde. Cette fille était en train de courir. On s’est mises à discuter, puis à courir ensemble pendant quasiment toutes les vacances. Et puis on est devenues copines. On n’était pas dans le même collège, mais on s’est retrouvées dans le même club d’athlétisme.

On était liées par le sport

En fait, j’suis arrivée à Bondy après avoir déménagé de Bari, en Italie. J’ai grandi là-bas. J’avais 5 ou 6 ans quand mes parents m’ont inscrite dans un club d’athlétisme. Mon père m’emmenait déjà depuis un an courir dans le parc près de chez nous. Ça a fait naître en moi une passion. La passion de la course, du dépassement de soi, de l’effort. Et aussi de la compétition.

Un vecteur d’intégration le sport ? Dans le court-métrage « Black Blanc Beur » de Prïncia Car et Matthieu Ponchel du Studio Lambda, un jeune d’origine asiatique et un groupe de femmes doivent d’abord prouver qu’ils et elles ont leur place sur le terrain.

 

Dans mon club à Bari, on n’était pas beaucoup. Il y avait ma sœur et trois autres filles. On s’entraînait une fois par semaine, le samedi. Avec le temps, les filles sont devenues mes copines. On était liées par le sport, on se retrouvait tous les samedis et parfois les dimanches pour les compétitions. En cross, je commençais à progresser, à gagner mes premières courses. J’étais bien dans ce club, j’avais trouvé ma place.

Et puis, le 3 juin 2015, mes parents nous ont annoncé qu’on allait déménager. Ils voulaient se rapprocher du reste de notre famille qui habite dans le 93. Je voulais pas, mais ma mère m’a expliqué que c’était mieux pour nous. J’allais devoir abandonner mes copines, mon club, mes entraînements… J’étais triste. J’allais quitter tout ce que j’avais construit en six ans.

Malgré la pression, j’arrive première

En arrivant en France, j’ai eu peur de ne pas réussir à m’intégrer, de ne plus être la première sur le podium. Ma mère s’est renseignée pour savoir s’il y avait un club d’athlétisme à Bondy. Sinon, je pense qu’ils auraient choisi une autre ville. Je suis passée d’un pays à un autre, d’un club de cinq filles à un club de trente personnes. Il a fallu que je me refasse des amis et que je me retrouve une place.

J’ai donc décidé de m’inscrire pour les compétitions. Ma première s’est déroulée en novembre, c’était un cross de 1,4 km à Neuilly. On est tous arrivés avec les couleurs du club : des maillots verts et blancs. Ma famille était là pour m’encourager. Malgré la pression, je suis arrivée première. Ça m’a permis de montrer à l’entraîneur le niveau que j’avais. Tout le club s’est mis à me féliciter. C’est à partir de cette première compétition que je me suis sentie intégrée.

L’intégration dans un autre pays, c’est toujours un grand pas. Telida vivait au Koweït et elle aussi, à 10 ans, est venue s’installer en France.

Ce qui est différent par rapport à Bari, c’est que l’athlétisme en France est beaucoup plus mis en avant. Il y a plus de clubs, plus d’entraînements et plus de gens qui font de la compétition. C’est une bonne nouvelle pour moi ! Je fais d’ailleurs trois entraînements par semaine au lieu d’un seul en Italie. J’ai gardé contact avec mes copines italiennes avec Instagram et parfois il m’arrive de les appeler. Je suis encore triste de les avoir quittées mais finalement, je pense que j’ai plus de chances de percer ici qu’à Bari.

 

Hanae, 13 ans, collégienne, Bondy

Crédit photo Pexels // CC Andrea Piacquadio

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