De l’autonomie au moment de passer à table…
À moi la grande vie ! À moi Paris ! J’ai quitté Perpignan pour intégrer l’école de mes rêves. J’ai laissé sans regret la confortable maison familiale de 150 m2 pour un studio de 12m2. Je suis AU-TO-NO-ME. Une adulte qui doit s’assumer seule, libre et que rien ne pourra arrêter…
Jusqu’à ce que je rencontre ma première difficulté : MANGER !
Un budget de 2 euros par repas
Fini l’appel « À table ! » de mes parents où j’avais juste à m’installer devant mon assiette et râler quand ce n’était pas bon ! Pendant un mois, tous les soirs ; j’ai vécu de grands moments de solitude dans ma kitchenette de 3m2 en fixant mon micro-onde sans savoir quoi en faire. Mince ! Faut-il l’avouer ? Mon école de rêve est en fait une école de… cuisine renommée. Je vais devenir cuisinière ! Mais là, je suis restée désespérée devant ma plaque électrique avec mes 2 € de budget par repas. Je me voyais, cuisinant de supers repas gastro avec mes amis. En réalité, c’était plutôt un tête à tête avec ma télé en mangeant des frites discount. Car oui, la solution de facilité s’est imposée à moi : le régime… fast food ! Et, au bout d’un mois, la sanction est tombée : 4 kg de Nuggets dans les cuisses, 13 boutons sur le front et surtout 300 € dépensés en nourriture industrielle…
Mot clé sur google : « Comment cuisiner rapidement sans four ? »
J’ai alors été obligée de revoir mes habitudes alimentaires. Premier réflexe : Google. Mot clé : « Comment cuisiner vite sans four ? » Et là, surprise. Persuadée que ma recherche serait vaine, je découvre une association étudiante engagée dans la cause alimentaire des étudiants désespérés comme moi. Je ne suis plus seule face mon micro-onde. Cette association propose des ateliers de cuisine et des épiceries solidaires, une belle entraide entre étudiants. Les membres mettent aussi en œuvre des actions de sensibilisation sur les risques d’une mauvaise nutrition. Tout cela dans le but de faciliter notre fameuse entrée dans la vie active.
Bien sûr, cela n’élimine pas toutes les difficultés des jeunes qui, comme moi, s’alimentent mal, faute de temps et d’argent. Mais aujourd’hui je ne suis plus accro aux nuggets.
Faty, 21 ans, élève en école de cuisine, entre Paris et Perpignan
Illustration CC Getty images