Le jour où j’ai fui la violence de mes parents
Ma vie n’était pas facile avec mes parents. Ils me frappaient, j’avais des bleus plein le corps. Ils ne me laissaient pas sortir, je n’avais rien le droit de faire. Ils ne me laissaient aller en cours que quand mes bleus avaient disparus. À 15 ans, lorsque je me suis ouvert un compte Facebook et que j’y ai discuté avec plusieurs garçons, ma vie a pris un tournant. Les discussions étaient amicales, mais mes parents l’ont appris et n’ont pas supporté. C’était vraiment de la maltraitance.
Alors, une fois, quand je suis revenue en cours, je suis allée voir une assistante sociale. Mais elle n’a pu rien faire car elle n’avait pas de preuve. J’avais envie de me suicider parce que je n’en pouvais plus de tout ça. J’ai eu le soutien d’un de mes profs qui m’a dit : « Ne fais pas un truc stupide parce qu’il y a des gens qui t’aiment. » J’ai repris mes esprits, je me suis dit que la situation allait changer mais… rien n’a changé. C’était toujours la même chose.
J’ai encore supporté la situation pendant quatre ans, jusqu’au jour où on a déménagé dans une autre ville il y a un an.
« Ça suffit, il est temps de partir »
Mes parents ont insisté pour que j’aille m’inscrire dans une association qui aide les jeunes. Ils voulaient que je m’inscrive là-bas parce qu’ils savaient que j’allais gagner de l’argent. Un mois après mon inscription, je devais faire un stage pour obtenir l’allocation et ma mère n’était pas d’accord. Mais comme je m’étais déjà engagée en signant la convention de stage, j’y suis allée.
Après quelques jours, ma mère a commencé à me critiquer. Elle me disait que je travaillais gratuitement, que j’étais stupide, conne…. Tous les jours, je devais supporter qu’elle me parle comme ça. Je n’en pouvais plus et je me suis dit : « Stop, ça suffit, il est temps de partir. »
La Maison des Maternelles avait, en 2017, réalisé un reportage en immersion dans les locaux du 119, le numéro d’appel d’urgence pour signaler une maltraitance d’enfant.
Quand j’ai fini mon stage, je suis allée voir ma conseillère et je lui ai parlé de tout. Elle m’a envoyée vers une association pour trouver une colocation. Ça a pris quelques mois parce que je n’étais pas sûre de partir. J’avais encore l’espoir qu’ils changent. Je me disais aussi que ça allait être difficile de ne plus jamais voir mes frères, sœurs et neveux parce que je savais que mon père refuserait que je les vois, et même que je leur parle. C’est une personne catégorique. Si je décide de partir, je ne pourrais plus jamais revenir en arrière. Et là, un jour, j’ai eu l’appel. L’association m’annonçait qu’une place se libérait !
Un sac de vêtements et 500 euros
C’était maintenant ou jamais. Je n’avais qu’un sac de vêtements et 500 euros mis de côté sans que mes parents le sachent. J’ai changé mon numéro de téléphone et je me suis préparée mentalement. Le jour où je suis partie, c’était juste avant le confinement. Je me suis levée à 6 heures du matin, j’ai pris mon sac, ma veste et j’ai couru sans arrêt. Dans ma tête, je n’arrivais pas à y croire : je partais de chez moi !!!
Arrivée au point de rendez-vous, j’ai attendu deux femmes de l’association qui devaient m’emmener à mon appartement. Avant, j’ai dû m’acheter de la vaisselle, une couverture, un oreiller, de la nourriture. Et j’ai dû payer mon loyer. Je gagne 490 euros tous les mois : ça me suffit pour vivre, pour m’acheter la nourriture dont j’ai besoin.
Je suis arrivée à l’appartement. J’y ai ma propre chambre, mon armoire. C’est super. Mais j’avais besoin de leur écrire. Je leur ai envoyé un mail pour leur dire que j’étais partie et que je ne reviendrai plus à la maison. Comme je n’ai pas eu de réponse, je les ai appelés. Ils m’ont demandé de rentrer, m’ont dit qu’ils allaient changer, que ça ne se reproduirait plus. Et je leur ai dit : « Non, là j’ai envie de faire ma vie. Pendant tout ce temps, j’ai souffert. » Ils ont répondu que, si un jour ils me voyaient, je finirai dans un cercueil.
C’est grâce à l’association que je suis arrivée jusqu’ici
Ça va faire quelques semaines que j’ai tout bloqué. J’ai juste gardé contact avec ma plus grande sœur. On se parle souvent parce que je n’arrive pas à définitivement couper les ponts avec tout le monde.
De jour en jour, ma vie me paraît plus joyeuse. Je ne m’inquiète plus, je suis plus libre, je prends mes propres décisions. L’association m’aide pour mes papiers ou quand je ne sais pas faire quelque chose. Lorsque j’ai besoin de parler, ils sont là pour m’écouter. C’est grâce à eux que je suis arrivée jusqu’ici.
Mélanie aussi subit de la maltraitance. Elle n’attend qu’une chose, que son père quitte le domicile familial et sorte de sa vie.
Si jamais une situation comme ça vous arrive, il vaut mieux partir à temps. Une histoire comme ça peut aller très loin. Je ne regrette pas ma décision. J’aurai une vie très belle, heureuse. Même si je n’ai plus de contact avec ma famille. C’est difficile de ne pas leur parler. Mais j’apprends doucement à me reconstruire. Je me sens bien dans ma peau et je me suis trouvé un travail, je vais partir en vacances (j ai dû économiser de l’argent mais ça en vaut la peine !). Et tout ça, je le dois à l’association.
Ils sont là pour moi dans les meilleurs et les mauvais moments. Tous les jours, ils m’envoient un message pour voir comment je vais. C’est ça qui est incroyable avec eux, ils sont là quand t’as besoin d’eux. C’est comme ma deuxième famille.
Sara, 20 ans, en formation, Alsace
Crédit photo Unsplash // CC Kevin Laminto
Courage à toi ma belle tu es très forte tu mérites tout le bonheur du monde ❤️
Courage ma puce. Penses dès maintenant à laisser un meilleur héritage à tes enfants !
Je vous souhaite bon courage pour la suite ! Vous avez pris une bonne décision.
En vous lisant, mon cœur se serre, mais dans la force de votre écriture on sent que vous avez toute la ressource en vous même pour vous libérer de cette souffrance.
Vous êtes courageuse, j’espère que votre vie désormais sera plus douce.
Courage bichette fière que tu a pu publier ton histoire depuis le temps que tu en parle
Pas facile. Bon courage a toi
Sois forte