En chimio depuis le confinement, merci les soignants !
Depuis fin mai, je fais des séjours réguliers à l’Institut Curie. On m’a diagnostiqué un ostéosarcome au bras gauche pendant le confinement. Et heureusement que je suis bien entourée !
L’animatrice rend mes journées plus courtes et amusantes en organisant des après-midis cuisine ou jeux de société, des babyfoots. J’ai découvert les cours d’arts plastiques, de sport adapté, de journalisme… J’ai d’ailleurs vu un réel changement entre des semaines passées à l’hôpital pendant le confinement et depuis le « retour à la normale ». Il y a plus d’activités, le temps passe plus vite.
Des soignants souriants derrière leurs masques
J’ai d’abord été hospitalisée trois semaines pendant le confinement, mais cela m’a paru beaucoup plus long, étant hospitalisée cinq jours sur sept. À l’hôpital, on a été confinés jusqu’au 23 juin. il n’y avait aucune activité. Je passais mes journées seule avec un de mes parents à regarder la télé toute la journée, avec les machines qui sonnaient pour annoncer la fin de la perfusion. Je faisais des Uno avec mon père, mais ça ne permettait pas de faire passer une journée entière. Je ne sortais de ma chambre que pour faire des allers-retours dans le couloir me permettant d’éviter une piqûre anticoagulante… Ce sont des piqûres quotidiennes pour faire circuler mon sang. Je les déteste !
Les seules personnes que je croisais étaient les soignantes qui me changeaient mes perfusions. C’étaient les seules personnes, autres que mes parents, avec qui j’avais une discussion. Ça me faisait du bien.
Depuis le début de la crise sanitaire, nombreuses sont les personnes à ne pas avoir passé les examens nécessaires au dépistage du cancer. Des centaines de milliers de tests que les soignants peinent à rattraper aujourd’hui selon Sud Ouest.
Un hôpital parisien s’efforce de rattraper les cancers qui n’ont pas été diagnostiqués pendant le confinement, avec le sentiment de vider « l’océan à la petite cuillère »
L’hôpital attend la vague des cancers éclipsée par le #Covid_19 ➡️https://t.co/YsPZok5g0a @gbourovitch #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) August 29, 2020
Les infirmiers venaient aussi lorsque je les appelais quand ma pompe sonnait. Ils venaient avec de la bonne humeur, certains sont plus drôles que d’autres, mais tous sont souriants derrière leurs masques. Les infirmiers, les personnes qui passent pour le goûter et le repas, nous disent toujours que, si on a besoin de quoi que ce soit, on peut les appeler et leur demander. Ça me rend sereine et en confiance de me dire que toutes ces personnes peuvent m’aider si besoin.
Je pense à autre chose que ma maladie
À la fin du confinement, j’ai pu rencontrer d’autres personnes chargées de m’accompagner, comme la psychomotricienne. Elle m’a aidée à me sentir mieux dans mon corps. Cette séance m’a permis de prendre du recul et de ne pas me concentrer exclusivement sur la partie « malade » de mon corps. J’ai aussi rencontré la diététicienne qui m’a fait comprendre qu’il faut que je prenne du poids pour l’opération. Elle insiste sur le fait que je prenne des compléments alimentaires (qui ne sont pas vraiment bons, même si c’est pour mon bien). J’ai fait la connaissance de la psychologue aussi. J’appréhendais beaucoup le premier rendez-vous car j’avais une « mauvaise image » du métier de psychologue mais, au final, on a parlé de moi, de comment je me sentais, et ça m’a fait du bien de parler.
C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré l’animatrice. J’ai aussi pu rencontrer les autres enfants du service. Je me suis sentie moins seule. Le fait de découvrir toutes les activités et toutes ces personnes (hors soignants) qui m’accompagnent dans mon hospitalisation et ma guérison m’a fait réaliser que la période confinée paraissait vraiment plus longue. Lorsque l’animatrice et des jeunes vont jouer au babyfoot ou à un jeu de société, elle passe toujours dans ma chambre pour me demander si je veux y participer. Ça me fait plaisir de me dire qu’ils pensent à moi.
Hugues aussi a passé son confinement avec les soignants. Admis en réanimation à 22 ans, la Covid a failli lui coûter la vie.
Lorsque je pense aux différentes activités organisées les après-midis, je suis de bonne humeur, je vois mes journées plus courtes. Ça me remonte le moral, je pense à autre chose que ma maladie. Ça change de mon état d’esprit pendant le confinement. Je vais encore rester neuf mois en chimiothérapie. C’est très long, mais le fait qu’il y ait à la fois les soignants pour ma santé et l’animatrice pour m’occuper fait que je redoute moins les mois à venir.
Lauralyne, 15 ans, lycéenne, Paris
Crédit photo Unsplash // CC Engin Akyurt