Chloe Z 05/11/2020

Dans mon lycée, le protocole sanitaire renforcé c’est du blabla

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Les cours à 35, la cantine et la récré blindées, ça me fait flipper pour ma santé. Le protocole sanitaire de M. Blanquer, c'est une blague.

Quand j’ai appris que quasi tout était reconfiné sauf les établissements scolaires, j’étais un peu surprise. Au lycée, le risque d’attraper le coronavirus est constant. Je m’attendais à de nouvelles mesures mais, dans mon lycée, le protocole sanitaire n’a pas été renforcée depuis la rentrée. Sur le papier peut-être mais pas en pratique.

Je me dis qu’ils ont sorti ce protocole sanitaire pour alléger leur conscience mais que, en pratique, rien n’est applicable et, M. Blanquer, il le sait. À chaque fois, dans ses discours, il dit « dans la mesure du possible », mais lui-même sait que ce n’est pas possible quand on est 2000 élèves. Comment sommes-nous censés respecter les gestes barrières, la distanciation et empêcher le brassage des élèves dans un lycée de cette taille ?

En cours, on est toujours en classe entière

Avant le confinement, les salles étaient aérées toutes les trois heures. Maintenant, certains professeurs gardent les fenêtres ouvertes pendant tout le cours, mais c’est l’une des seules nouveautés. Mais, en plus du froid, nos feuilles volent alors ce n’est pas pratique.

Et, en section générale il n’y a plus de « classe » à proprement parlé à cause de la réforme du bac. Dans ta classe, tu peux avoir des élèves qui ont pris des spécialités totalement différentes de toi, de ce fait c’est impossible d’avoir une salle par classe. M. Blanquer devrait le savoir, c’est sa réforme.

En tant qu’élèves, même si on a envie de faire plus attention et de respecter les gestes barrières mais on ne peut pas. Le bus pour se rendre en cours le matin est blindé, à la récréation tout le monde est dans le hall ou devant pour fumer. Il n’y a pas de distanciation possible. En cours, on n’est pas en demi-groupe non plus, on est toujours en classe entière. Les cours d’EPS sont également maintenus, toujours en classe entière et sans masque. Je ne comprends pas pourquoi, dans ce cas-là, les salles de sport sont fermées, alors que les personnes y vont seules, tandis que nous on est 30/35 à faire des sports collectifs. C’est assez contradictoire.

Selon l’épidémiologiste William Dab, préserver l’éducation des jeunes aux dépens de leur santé n’est pas la meilleure solution pour endiguer la pandémie.

Je sais qu’ils essayent d’alléger la cantine parce que mon lycée sert 1700 repas par jour. Le lundi, je mangeais toujours de 12 heures à 13 heures et maintenant je vais manger de 13 heures à 14 heures mais c’est tout. Je ne pense pas que ce soit réellement efficace, on est tous sans masques et la queue pour la cantine n’a pas diminué.

En fait, c’était une rentrée normale, un peu comme si de rien était. Lundi on a un peu parlé de Samuel Paty mais concernant les nouvelles mesures sanitaires personne n’a donné son avis, rien.

Au lycée, l’administration dissimule les cas Covid

J’entends dire à la télé que le virus ne circule pas dans les établissements scolaires… c’est totalement faux. Dans mon établissement, avant les vacances, les cas de Covid étaient dissimulés par l’administration mais on finit toujours par l’apprendre. Une amie va l’avoir, ou quelqu’un de sa classe et l’information va circuler rapidement, c’est jamais l’administration qui nous en informe. J’ai appris qu’une camarade de ma classe l’avait eu via ses réseaux sociaux (elle était absente environ trois semaines). Quand les cas s’additionnaient réellement dans une classe, l’administration pouvait le dire pour que les autres se fassent tester, mais c’est rare. Une amie était même « cas contact » à cause des cas de Covid dans sa classe mais ils lui ont quand même dit d’aller au lycée, le temps qu’elle reçoive le test. Le lycée nous informe seulement lorsqu’un enseignant est contaminé.

Le fait de ne jamais réellement savoir, ça installe une sorte de crainte générale, surtout pour ceux qui font plus attention. Il y a une partie des élèves qui sont un peu inconscients. Il y a beaucoup de fumeurs, et à la sortie tout le monde s’agglutine pour fumer, sans distanciation, sans masques. Et il n’y a pas de récréations en décalé pour y remédier. Les surveillants ne disent rien. Ils ne surveillent jamais les sorties du lycée, et encore moins aux heures de récréation.

J’aimerais un vrai protocole sanitaire renforcé

J’ai un peu peur d’aller au lycée, j’ai peur d’attraper le coronavirus et de le refiler à ma famille. Ma soeur et moi on est les seules qui sortons souvent pour aller dans nos établissements respectifs.

J’aimerais un vrai protocole sanitaire renforcé, de vraies mesures pour limiter le nombre d’élèves présents dans l’établissement pour limiter les contacts et, si ce n’est pas possible, de reprendre les cours en distanciel le temps que la situation s’améliore. J’ai la crainte qu’on ne puisse pas finir le programme, mais j’arrive à m’organiser à distance. On est quand même dans une deuxième vague de coronavirus, et je trouve que les mesures dans mon lycée ne sont pas adaptées à la situation.

À l’université aussi, la rentrée est en peine. Pour les licences 1 de psychologie de l’université de Paris, elle a même été annulée, et les étudiant.e.s sont longtemps resté.e.s dans le flou.

Mardi 3 novembre, on aurait aimé faire un blocus pour dénoncer la mauvaise gestion de la crise sanitaire dans les établissements mais on a rapidement été arrêté par le CPE, et la police est intervenue. Ça n’a pas été violent. Le CPE a appelé la police par peur que ça dégénère et pour nous dissuader. Les élèves ont pris peur et ça s’est vite calmé, malheureusement on n’était pas assez nombreux pour que ça tienne.

Quand on demande la reprise des cours en distanciel, on nous catégorise de fainéants. Selon certaine personne sur les réseaux sociaux, on demanderait ça parce qu’on n’aurait pas envie de travailler alors que c’est juste qu’on ne veut pas prendre de risques pour nos familles et pour nous-mêmes. On est laissés de côté dans les décisions alors qu’on est presque les seuls à devoir sortir, quand la moitié du pays est confiné.

 

Chloe, 16 ans, lycéenne, Île-de-France

Crédit photo Hans Lucas // © Nicolas Portnoi

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1 réaction

  1. Vous êtes à 35h à faire du sport parce que ça reste le groupe classe, qui a déjà des risques de se contaminer. Mais si tu veux faire basket le soir dans un gymnase avec ton club, tu sors de ton groupe classe pour rencontrer d’autres personnes, et donc un autre cluster que le groupe classe (ou le groupe lycée) peut naître.
    Après, la problématique, c’est aussi que les élèves ne sont pas toujours très sérieux. J’ai effectué un remplacement en collège, et les gamins ne gardent pas leur masque. Donc de toute façon, faisabilité des gestes barrières ou pas, à partir du moment où les jeunes se baladent tout le temps avec le masque sous le menton, on ne peut plus rien faire ! C’est inutile de se laver les mains ou de faire manger les élèves par classe sans leur permettre de se mélanger, s’ils passent leur temps à se parler à 10cm sans masque.

    Les histoires de venir quand même en cours en attendant le test… ça dépend de l’établissement, pas du ministère. Dans le collège où j’ai travaillé, on dit aux gamins de rester chez eux.

    Le problème aussi avec les cours à distance, c’est qu’il y a des élèves qui ne sont pas équipés d’ordinateurs, ou d’internet, pour pouvoir les suivre ! Et ils ont le droit d’avoir un enseignement d’une aussi bonne qualité que les autres élèves ! C’est là que l’on voit que c’est vraiment compliqué. Et puis il y a aussi des établissements qui n’ont pas assez de place pour diviser les classes, ou de couloirs assez larges pour les distances. Dans mon premier lycée, les couloirs étaient tellement larges qu’on pouvait mettre 5 personnes de front. Dans le second, on ne passait même pas à 3. C’est aussi la réalité des établissements qui fait la possibilité de mesures. Mais aussi la responsabilité des élèves. Le gel protège pendant 45min. En portant son masque correctement et en mettant du gel toutes les 45min, il n’y a quasiment plus besoin de s’éloigner d’1 mètre.

    On ne peut pas faire de distanciel parce qu’on sait que pendant le premier confinement ça n’a pas fonctionné. Tous les profs/établissements ne sont pas convenablement équipés. Tous les élèves non plus.

    http://enirenrekhtoues.blogspot.fr/

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