Je rêve d’une vie 100 % virtuelle

Quand je suis sur mon PC, j’ai l’impression que tout le monde m’aime, veut jouer avec moi, et rester en vocal avec moi. On rigole entre nous et c’est facile. Je me sens à l’aise, dans mon élément. Derrière mon PC, j’ai l’impression que, quelle que soit l’erreur, un petit « Ctrl + Z », et elle sera effacée. Même si je me sens bête, ça restera derrière un écran, donc ce n’est pas vraiment humiliant.

Ma journée normale, quand je ne vais pas au lycée, est simple. Je me lève vers 11 heures. Après ma routine du matin – petit-déjeuner et douche, j’allume mon PC, je lance Discord pour voir si mes potes sont en vocal ou s’ils jouent.

On joue ensemble à Five M, Forza Horizon 4… Je branche mon volant de course et je commence à jouer avec ma Mercedes E63s Brabus. J’invite tous les amis que je vois en ligne pour faire des courses. Je suis trop fort, je sais que je vais gagner car j’ai la voiture la plus rapide.

Je me sens inutile en dehors de mon PC

À 16 heures, je sors un peu avec mes potes et je les rejoins au stade. Mais entre ma vie sur mon PC et celle de dehors, il y a deux mondes.

Quand j’arrive au stade, ils ont déjà commencé sans moi. Je n’aime pas jouer avec eux, parce que quand on joue au foot, je suis nul.

Je me sens inutile en dehors de mon PC. Dehors, je reste dans mon coin car j’ai l’impression de déranger mon entourage. J’ai peur d’aider, peur de me ridiculiser et de me sentir bête. Je parle rarement de ma vie derrière mon écran à mes potes. Même si parfois, quand ils ont un problème avec leur ordinateur, je les conseille sur les composants à installer et les bons plans pour les trouver pas chers.

Mes potes verront que le « geek » n’avait pas tort

J’aimerais tellement que la vie soit à 100 % derrière un ordinateur ! Je serais tellement à l’aise, je me sentirais comme chez moi : sans gêne, sans regret, sans défaut… Je serais carrément parfait… L’avantage, c’est que maintenant tout se fait sur ordinateur : ça va me faciliter la vie.

Copine, travail, ami·e·s… David s’est créé une vie parallèle dans le jeu vidéo « Second Life ». Ça lui a permis d’oublier ses problèmes, mais ça l’a surtout coupé du monde.

Dans quelques années, si tout se passe bien, j’aurais un boulot où je serais quasiment tout le temps sur un PC. Mes années à les améliorer et à les bidouiller me serviront. Ça me permettra sûrement de bien gagner ma vie. Mes potes verront que le « geek » des jeux vidéo n’avait pas tort. Il ne perdait pas son temps. Maintenant, il gagne sa vie et il est respecté.

Ouaïs, 15 ans, lycéen, Marseille

Crédit photo Unsplash // CC Mark Decile