Kévin K. 11/01/2021

Football : passer pro, l’obsession malgré mes blessures

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Kévin s'entraîne comme un dingue pour devenir footballeur professionnel. Ses blessures minent son moral, mais sa motivation reste intacte.

Une à deux fois dans la semaine je m’entraîne avec mes potes pendant 2 heures. Je fais de la motricité. Des tours de terrain. Des exercices de passe. Je travaille ma finition en frappant ou en faisant des une deux. Des contrôles orientés avec frappe. Ensuite c’est gainage, pompes, abdos, je charbonne de fou. Je travaille et travaille encore et encore pour percer dans le foot et être joueur pro. C’est mon rêve depuis que je suis né. J’ai grandi avec un ballon. Je vis du foot. J’ai commencé à l’âge de 5 ou 6 ans.

Je suis attaquant de pointe car je suis bon offensivement et je suis rapide. Je précise qu’être pro c’est un rêve pas un objectif. La différence pour moi c’est que si j’en fais un objectif, je vais trop me mettre la pression dans ma tête pour signer et ça va s’en ressentir de ouf sur mon jeu. Je vais jouer perso. Je ne penserai qu’à moi. Pour moi, devenir pro, c’est quelque chose qui vient avec le temps et le travail, car tout travail mérite récompense, il n’y a pas de secrets.

Le confinement m’a fumé physiquement

Mais les obstacles sont nombreux. A commencer par les blessures. Ma première blessure douloureuse était à l’âge de 10 ans. Une fracture de la cheville droite. A ce moment-là j’étais en CM2. Je la vivais plutôt bien parce que c’était la première et que j’avais tous mes potes qui me soutenaient. C’étaient vraiment des bons. Ma famille m’a aidé aussi. J’ai guéri et tout était carré jusqu’à la classe de troisième. Nouvelle fracture de la cheville. Là c’était différent. Quelque chose clochait. Je commençais à ne pas me sentir bien moralement. À me dire que le football ce sera compliqué avec toutes ces blessures.

Mon entraîneur prenait souvent de mes nouvelles et il me donnait des conseils pour éviter que je me blesse à nouveau. Il me rassurait en me disant que ça allait passer. Que ça partirait rapidement. Je le croyais, mais en même temps j’avais un doute. Je me réveillais très tard et je mangeais comme un gueudin. J’avais pris du poids. J’étais sur les nerfs, susceptible. Une fois mon petit frère m’a fait une blague, il me faisait des tapettes sur la tête, mais je l’ai mal pris et je suis monté dans les tours. Après, je me suis dit que c’était à cause de ma blessure que je m’étais énervé.

Au bout d’un mois ça allait mieux. J’allais enfin reprendre le foot et le confinement est arrivé. Ça m’a fumé physiquement. J’ai eu du mal à reprendre après. A être bien. J’ai fait de la préparation physique pour me remettre en forme puis la saison a démarré en août 2020. Tout a bien fonctionné au début. Au lycée ça allait bien. Je reprenais des jambes et puis j’ai eu un contact avec quelqu’un d’autre et j’ai senti mon poignet faire « crac ».

Encore une blessure. Celle-là m’a traumatisée. Je me suis dit que je serais toujours blessé et ça m’a vénère. Tellement que je voulais plus descendre de mon bat’ voir mes potes. Je restais chez moi à rien faire. Ma famille était triste. Ils me réconfortaient beaucoup. Ma mère était toujours là et mes frères et sœurs m’aidaient à penser à autre chose en jouant à la Play. Mon père me disait que ça irait. Ça m’a aidé à me distraire. J’avais la tête dans les nuages avec eux.

Tout le monde joue pour sa peau

La vérité toutes ces blessures, elles me mettent la haine parce que j’aime beaucoup le foot et j’ai perdu du niveau. Elles ont freiné ma progression. Ça me limite physiquement. À chaque fois que je reprends, je ne suis pas en forme et ça m’empêche de retrouver mon niveau. J’espère que les entraînements suffiront. Pour compenser, je m’entraîne deux fois plus. Je reste après les entraînements. Je continue pendant la semaine dès que j’ai le temps. Je fais des frappes, des passes, des jongles, et à la fin je fais des pompes, des abdos…

Avant ma blessure je ne faisais jamais tout ça. Maintenant j’ai pris l’habitude et je vois que je progresse. Mes blessures sont complètement guéries et je n’angoisse pas trop de me blesser à nouveau, mais l’année dernière ça me stressait beaucoup.

Dans mon équipe tout le monde veut passer pro, du coup il n’y a pas de collectif. Tout le monde joue pour sa peau. C’est bien parce que chacun devient meilleur, mais du coup l’équipe joue moins bien ensemble. En ce moment on gagne, mais avant le confinement on avait du mal parce qu’on jouait trop perso.

Le foot, c’est ce que je sais faire de mieux

Mes parents savent que je veux passer pro, ils m’encouragent et me disent de travailler pour y arriver. Mon petit frère de 14 ans est dans la même situation et ils nous soutiennent tous les deux. Passer pro, pour moi, c’est une obsession. C’est quelque chose qui va arriver. Je ne vais pas renoncer parce qu’il faut croire en ses rêves. Si ça ne marche pas j’aurai grave le seum car j’ai travaillé de fou et que le foot fait partie de ce que j’aime le plus au monde. C’est ce que je sais faire de mieux donc ça me fera du mal, mais au calme, la vie continue.

Mon plan B, ce sera de trouver un taf parce que je ne me vois pas faire un autre sport que le foot. J’aimerais avoir un métier qui serait autour de ce sport comme coach, entraîneur adjoint voire même propriétaire d’un club. Avoir un métier qui rapporte beaucoup d’argent pour me permettre de vivre une belle vie au calme et de compenser ma déception si je ne passe pas pro… Mais on en est pas encore là.

 

Kévin, 15 ans, lycéen, Aulnay-sous-Bois

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