Le street workout, se dépenser sans compter
Comme pratiquement tout le monde dans le street workout, j’ai commencé en faisant des pompes dans ma chambre. Je me rappelle que la première fois, j’ai voulu faire le maximum possible et atteindre les 200 pompes. Je faisais mon max de pompes, puis je me reposais. Jusqu’à l’épuisement. Au bout de deux heures, j’étais aux alentours de 130, en retard pour le dîner et complètement mort ! Résultat : une semaine d’énormes courbatures aux pectoraux et aux bras. Je me rappelle encore demander de l’aide à mes amis pour mettre ma veste ! Par la suite, on regardait plein de vidéos, on parlait que de ça.
Le sport, c’était un peu en fond dans ma vie, j’ai toujours aimé ça. Je me suis donné à fond dans la natation, l’athlétisme, puis dans les sports « d’école » comme le hand, l’escalade, le demi-fond, l’acrosport.
Au lycée, un très bon ami m’a proposé de venir avec lui une après-midi. Il m’a montré une figure de street sur son téléphone, le front lever, qui consiste à s’accrocher à une barre et à lever son corps parallèle au sol. Bien entendu, on n’a pas du tout réussi, mais c’était super marrant et on a passé une super aprèm. J’avais maintenant un objectif : avoir le front lever. On a ensuite découvert tout un univers incroyable de figures, et on a mis tous nos amis au sport.
La base du street c’est de pratiquer sans dépenser
Je vais à plein de spots proches de Paris. La plupart du temps, je vais à Paris 17, à La Villette ou à celui de Courbevoie. Il y a plein de personnes différentes mais on retrouve souvent les plus assidus, surtout lors de rassemblements organisés. On crée des liens d’amitié et on prévoit des entraînements ensemble.
L’ambiance générale est incroyable. Tout le monde se motive, il y a de la musique, tous types de niveau, très peu de jugement, voire pas du tout. La plupart sont bienveillants et donnent des conseils spontanément.
Quasiment tout le monde fait sans coach, car la base du street est aussi que chacun puisse pratiquer sans dépenser. Un coach n’aurait pas beaucoup de sens… En plus, on regarde des vidéos d’athlètes de haut niveau qui donnent eux-mêmes des conseils. Je suis énormément de sportifs sur les réseaux, ça donne beaucoup de motivation pour atteindre un jour leur niveau et ça a beaucoup aidé à populariser ce sport.
Au début, ça peut faire bizarre de faire du sport devant tout le monde donc je conseille d’y aller avec des amis pour se sentir plus à l’aise. Perso, j’y pense pas du tout. Je fais ma perf ou mon entraînement, et c’est tout. Et puis, la plupart du temps, les gens t’encouragent et te donnent de la force.
Une rivalité saine, un sentiment d’acceptation
Il y a souvent des compétitions non officielles organisées sur les réseaux pour qu’on puisse se retrouver et s’entraîner tous ensemble, encore plus pendant l’été. La première fois, on n’a pas osé s’inscrire car il y avait des athlètes internationaux et je me suis dit que je n’arriverai à rien. Alors que je n’aurais certes pas terminé premier mais j’aurais été dans les meilleurs participants. Je me suis quand même bien amusé ce jour-là, j’ai fait pas mal de rencontres et j’ai quand même pu montrer mon niveau.
Si le street workout est si prisé, c’est aussi dû au manque d’infrastructures sportives et culturelles de certains quartiers. Au Bourget, Merveille aimerait autre chose qu’un banc pour passer le temps.
Au bout de la deuxième année, j’avais engrainé tous mes amis. On se retrouvait tous les vendredis après les cours pour s’entraîner. Ce qui a forcément créé une rivalité saine à vouloir dépasser les autres pour être le meilleur, mais on s’entraidait tous. J’ai aussi rencontré de nouvelles personnes avec plus ou moins d’expérience qui partagent la même passion que moi. Faire partie d’une communauté fait se sentir bien et accepté.
Théophile, 18 ans, volontaire en service civique, Levallois-Perret
Crédit photo © La ZEP