Mon premier salaire sera pour ma mère

Je suis en quête d’un boulot pour subvenir aux besoins de ma mère, qui a la santé fragile et a tout sacrifié pour moi. Mais vu les difficultés pour trouver un travail en 2021, lassitude et désespoir commencent à m’envahir. C’est une course contre la montre. Une course que je suis en train de perdre…

Je suis diplômé d’un BTS gestion de la PME depuis huit mois. Après mes études, je partais pourtant plein d’espoir. Je voulais m’insérer dans la vie active et je souhaitais juste un boulot simple, sans prise de tête, qui me servirait à économiser pour la voiture et, qui sait, pour une maison modeste… Des postes d’agent de libre-service dans un magasin, agent de propreté ou même veilleur de nuit m’auraient amplement satisfait. Je suis plutôt avide de tâches répétitives.

Léo cherche désespérément du boulot, alors même qu’une réforme de l’assurance-chômage durcit le mode de calcul des allocations et inquiète demandeurs et demandeuses d’emploi et syndicats. Qu’est-ce que ça va concrètement changer pour celles et ceux qui sont inscrit·e·s à Pôle emploi ? Franceinfo a listé ces changements, profil par profil.

Jeune diplômé, cadre, travailleur précaire… Voici ce que la réforme de l’assurance-chômage change pour voushttps://t.co/4vPGlZD49m pic.twitter.com/VQvguo05vA

— franceinfo (@franceinfo) September 30, 2021

Tous les jours, je réponds aux annonces sur les sites internet. Je me déplace physiquement à la recherche de n’importe quelle enseigne ou entreprise. Je fais du porte-à-porte, en essayant tant bien que mal de me vendre de la meilleure manière. Être en recherche d’emploi, quand on est jeune et qu’on n’a aucun contact dans le monde de travail, qu’aucun de ses parents ne travaille, et qu’on n’a pas encore le permis, c’est dur. J’ai l’impression que, peu importe les efforts que je fais et le nombre de CV et de lettres de motivation que je dépose, je ne risque pas d’obtenir un emploi sans miracle…

En larmes devant son compte à découvert

Aussi sûr que le temps file vite sans se retourner, la santé de ma mère se dégrade et nos moyens financiers s’amenuisent… Les fois où je la vois craquer, en larmes devant son compte à découvert après avoir payé le loyer, la nourriture et nos diverses dépenses sont autant d’occasions que je passe à me maudire… Mon père nous a plus ou moins mis à la porte, ma mère et moi. Elle ne peut pas travailler en raison de sa santé fragile. Elle a toujours insisté pour m’offrir un quotidien pour que je n’ai rien à envier à mes camarades…

Depuis le début de la pandémie, le père de Wendy craint de perdre son emploi et ne refuse aucune mission. Le chômage a pris toute la place dans leur vie…

Mais me voilà adulte et de nouveaux besoins apparaissent : le loyer, la nourriture, les assurances, le permis de conduire, une voiture… Sans voiture, pas de boulot. Mais quand on a à peine de quoi payer le permis, comment se l’offrir ? Pour l’heure, je n’ai aucune solution.

J’apporte ma contribution, j’aide à payer autant que possible les courses, je me déplace à sa place quand elle n’a même plus la force de marcher, mais, tant que je n’aurais pas un travail, rien ne changera et on devra toujours s’inquiéter des fins de mois, la boule au ventre. Mais je suis décidé à offrir à ma famille le niveau de vie qu’elle mérite, et à faire en sorte que les dernières années de ma mère soient paisibles.

Léo, 22 ans, en formation, Brest

Crédit photo Hans Lucas // © Thibaut Durand