Yaya Shouna 01/12/2021

Maman solo : sans ma mère, je serais sous l’eau

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Élever ses filles sans leur père à 22 ans, Yaya Shouna le ferait beaucoup plus difficilement sans l'aide de sa mère.

Ma mère se lève pour déposer les filles si je suis en retard, elle les récupère vu que je finis tard. Si elle a le temps, elle leur fait à manger, elle joue avec elles… Et depuis que j’ai accouché de la dernière, elle dort avec l’aînée, avec qui elle est grave fusionnelle. C’est grâce à elle que j’arrive à gérer.

Ma soirée commence à 18 heures. Ma fille de 2 ans et demi vient vers moi avec des bisous et la dernière vient à quatre pattes en pleurant pour un gros câlin et pour que je lui donne le sein. Je profite un peu pour jouer avec elles, faire la bagarre, écouter de la musique sur YouTube…

Des soirées rythmées par les enfants

À 19h30, je les fais manger tranquille, et je les mets en pyjama. La dernière, je la mets au lit vers 20 h 30 dans son berceau qui est dans ma chambre, ça me permet d’avoir un moment pour moi, de manger sans problème et d’avoir du temps pour l’aînée. 

Vers 21 heures, s’il y a des films intéressants à la télé, je reste jusqu’à la fin avec ma mère et ma première fille qui dort avec elle, sinon je pars rejoindre la petite dans ma chambre jouer sur mon téléphone ou dormir jusqu’à ce qu’elle se réveille à 22 heures pour me rejoindre dans mon lit et téter. 

À 4-5 heures du matin, il faut que je m’attende à ce qu’elle me fasse ma fête à me taper, à jouer. En gros, à me réveiller… pour se rendormir à 6 heures. Et je commence ma journée à 7 heures, pour aller à ma formation.

Visa refusé pour le père

Je suis fatiguée mais je ne le montre pas, car je ne veux pas que les gens aient pitié de moi. Si je suis fatiguée, c’est parce que je fais des nuits blanches parfois ou parce que je n’arrive pas à dormir, en partie à cause de mes filles. Mais je reste forte.

Je suis en couple avec le père de mes enfants, mais je ne vis pas avec lui. Ça aurait été possible de les élever à deux, sauf qu’il vit à Madagascar sans papiers… On a essayé deux fois de le faire venir en France par visa, mais ça n’a pas marché vu qu’il y a de la corruption là-bas.

Je voudrais qu’il soit là pour qu’on élève tous les deux nos enfants. L’aînée l’a rencontré en fin d’année 2019, elle avait dix mois. C’était pour que son père fasse sa reconnaissance et fête ses un an. Et vu qu’elle commençait à parler, à comprendre certaines choses, elle le réclamait.

La meilleure mère et mamie

Par rapport au père de mes enfants, maman me donne des conseils, elle me soutient dans mes démarches. Ça m’aide beaucoup qu’elle s’occupe de mes enfants, sinon je ne pourrais pas avancer entre ma formation, et déposer ou chercher mes enfants.

Ma maman est toujours là pour moi. Des galères, on en a eu, et on est toujours toutes les deux. On a vécu ensemble, c’est mon petit journal secret et c’est la meilleure mère et mamie. Pour mes grossesses, elle m’accompagnait pour mes échographies. Elle a raté mon premier accouchement, elle était venue quand j’avais mes contractions mais le temps qu’elle arrive, j’étais déjà défoncée par l’anesthésie de la péridurale. Après, elle est rentrée pour prendre son petit-déjeuner, la sage-femme lui avait dit qu’elle avait le temps. Mais manque de pot, elle est arrivée trop tard !

En attente de logement

Avec ma mère, je suis hébergée chez ma tante. Elle accepte ma situation mais on se sent un peu empressées. Concrètement, ma mère m’aide plus que ma tante. Mais ma tante m’aide le weekend, à rester avec les filles et à les faire dormir vu que moi je suis un peu débordée. Par contre, avec elle, il ne faut surtout pas faire de bruit le matin vu qu’elle dort jusqu’à 10 ou 11 heures. Et ce n’est pas facile.

J’ai fait des demandes de logement qui m’ont toutes été refusées. Je voudrais avoir mon chez-moi… Ça changerait tout : j’aurais mon indépendance, mes filles auraient leur coin de jeux. J’aimerais aussi avoir ma propre chambre avec mon espace en tant que jeune maman, et que mes filles aient leur chambre avec leurs jouets. Et si elles me réveillaient en pleine nuit pour me rejoindre, ce ne serait pas grave.

Yaya Shouna, 22 ans, en formation, Paris

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