3/5 La police rôde tout le temps autour de notre lycée
Hier, la BAC est passée devant nous, les lycéens. Ils nous regardaient mal, fronçaient les sourcils et ont dit : « Vous nous regardez bien ! » C’étaient des Blancs habillés en noir. On n’a pas répondu. Ça arrive tout le temps. Je n’ai pas aimé car, une fois, ils ont regardé mes parties intimes : ils ont tiré mon caleçon pour voir si je cachais quelque chose.
Une autre fois, des policiers à moto coursaient un homme noir devant le lycée. Ils sont montés sur le trottoir, ils ont roulé à fond. C’est la nouvelle patrouille à moto, ils sont habillés en noir, leurs nouvelles motos sont noires et puissantes.
Ils mettent des gants et regardent leurs parties intimes
Je ne suis pas choqué de voir les policiers tout le temps car le quartier est très mal fréquenté à cause de la « colline du crack » juste à côté [évacuée en novembre 2019, ndlr]. L’an dernier, les toxicomanes rentraient et faisaient leurs besoins dans les escaliers et les poubelles.
Série 4/5 – Les contrôles abusifs de la police se caractérisent également par les regards portés sur la personne contrôlée. Marcel subit ces regards, l’air supérieur des policier·e·s et l’inquiétude des passant·e·s.
Les flics passent pratiquement tout le temps à la sortie du lycée, à 10, 12, 13, 15 heures… Ils roulent doucement, parfois se posent au feu rouge et regardent s’il y a des gens qui fument du cannabis. Parfois, ils contrôlent des élèves. Ils mettent des gants et regardent leurs parties intimes. Ce n’est pas violent en général. De toute façon, on est habitués quand on est Arabes ou Noirs.
Yassine, 15 ans, lycéen, Paris
Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)
Contrôles et violences à répétition dans les quartiers
20 fois plus de risques d’être contrôlé quand on est un jeune homme noir ou arabe
Les 18-25 ans sont sept fois plus contrôlé·e·s par la police que le reste de la population. Parmi elles et eux, ce sont les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes qui en subissent le plus : 80 % d’entre eux ont été contrôlés ces cinq dernières années.
La moitié des enquêtes de l’IGPN ouvertes pour des faits de violence
En 2020, l’inspection générale de la Police nationale (IGPN) a reçu 5 420 signalements. 1 101 enquêtes judiciaires ont été ouvertes, la moitié pour violences. 38 enquêtes ont également été ouvertes par l’IGPN en 2020 pour injures à caractère raciste ou discriminatoire (contre 21 en 2019).
Les banlieues aussi ont leur porte-voix
L’équipe de l’écho des Banlieues s’est rendue au quartier des Mille-Mille, à Aulnay-sous-Bois, pour le raconter à travers les regards de ses habitant·e·s. Un documentaire de trente minutes qui questionne entre autres le traitement médiatique des quartiers et les violences policières.