J’anime des camps scouts écolos
Lorsqu’on fait des week-ends, j’ai parfois un enfant qui ramasse un déchet par terre et qui me dit qu’il va le garder pour le mettre à la poubelle du lieu où on campe. Dès qu’un papier s’envole, ils se mettent à courir pour le rattraper. Ça me met du baume au cœur de voir qu’ils nous ont écoutés et qu’eux aussi, ça les touche. À l’inverse de mes amis, qui ont un peu de mal avec tout ça. Petit, on découvre le monde, on est un peu plus sensible. Puis, plus grand, on a tendance à le prendre comme un reproche.
Cela va faire sept ans que je suis aux Éclaireuses et Éclaireurs de France (EEDF), un mouvement de scoutisme laïque. J’ai appris les valeurs qui permettent aux éclaireurs de se différencier : la solidarité, la démocratie, la laïcité, la coéducation et l’écocitoyenneté.
La dernière me semble assez importante, voire urgente. L’écocitoyenneté, l’écologie, le développement durable… Beaucoup de synonymes pour pas beaucoup d’action. Je me sens concernée par tout ça : les reportages chocs, les animaux en voie de disparition, la fonte des glaces, le réchauffement climatique, l’élévation du niveau de la mer, les températures en hausse. Tout cela me hante car j’ai peur de ce qu’il pourrait se passer à l’avenir. Avec mes amis, j’ai parfois l’impression d’être la reloue de service.
Tout le monde se poilait, je grinçais des dents
« Tes cigarettes, tu pourrais les mettre à la poubelle au lieu de les écraser par terre, tu ne crois pas ? » Je ne les agresse pas, au contraire, j’essaie de leur dire de manière à ce qu’ils se questionnent. Parfois, je n’ose rien dire pour ne pas gâcher l’ambiance, comme à ma dernière soirée. Un ami nous a ramené en voiture, c’était la nuit, il n’y avait pas un chat et il roulait super vite en faisant exprès de ralentir, puis repartir, puis ralentir… Ça peut paraître pas grand-chose, mais ça pollue beaucoup ! Évidemment, tout le monde se poilait, et moi je grinçais des dents. Mais, sur le coup, je n’ai rien dit.
Parce que, dans mon entourage, j’ai deux sortes d’amis : les compréhensifs et ceux qui n’entendent pas le problème. Ou alors ils me disent : « Oh t’inquiète pas normalement, je le fais jamais mais là j’ai la flemme » ; « De toute façon, on sera morts avant. » J’ai un peu la haine, surtout lorsqu’on peut voir un étang magnifique et qu’en se penchant un peu, une bouteille flotte, puis des papiers de gâteaux, alors qu’il y a des poubelles à 500 mètres.
Prendre soin de là où on habite, laisser propre un lieu où on est resté, ne pas jeter ses déchets n’importe où, recycler… Est-ce trop difficile ? Comme je dois faire ces remarques à mes amis, je me demande pourquoi la plupart ne font pas ces gestes tout seuls. Pour eux, l’écologie passe au second plan, comme pour notre société actuelle… Malgré toutes les émissions et les informations ! Moi aussi, parfois, j’aimerais me dire qu’on n’a pas de deadline, qu’on ne sait pas quand ça nous tombera dessus… Justement pour ne plus avoir peur.
L’écologie fait partie de notre vie
Depuis trois ans que je suis animatrice aux EEDF, j’essaie de sensibiliser les enfants à l’écologie, avec l’aide de mes amis animateurs. Là-bas, je peux éduquer, sensibiliser sur ce domaine. Je trouve ça difficile : il faut trouver les mots, on essaie de leur faire prendre conscience que l’écologie fait partie de notre vie.
Dès son plus jeune âge, Max-Elie a été sensibilisé à l’écologie par ses parents. Mais ce qui est la norme pour lui ne l’est pas pour le reste de son entourage…
On organise des temps où on prend un sujet : le racisme, l’égalité, l’écologie… et pendant vingt, trente minutes on l’aborde en petit groupe de cinq ou six louveteaux (les 8-11 ans). Ça dépend des groupes, mais la plupart sont captivés par ce qu’on raconte. On essaie de répondre aux questions sur pourquoi il ne faut pas jeter ses papiers par terre, les conséquences du réchauffement climatique, les espèces en voie de disparition.
Aujourd’hui, j’essaie de sensibiliser au plus mes louveteaux et mes amis à l’écoute, le tout en rigolant pour ne pas passer pour la fille pénible. Avec les autres, j’ai lâché l’affaire.
Nine, 21 ans, en formation, Toulouse
Crédit photo Pexels // CC Vanessa Garcia