Ma plus grande inquiétude, c’est l’avenir

Quand j’ai déménagé avec mon père dans le sud, à 13 ans, je l’ai pris comme une bonne nouvelle. Malheureusement, je suis tombé de haut. En fait, la mentalité des gens, je n’arrivais pas. Je ne parlais à personne. Mes potes de là-haut me manquaient beaucoup. J’ai même arrêté l’école. J’étais en 4ème. Je restais dans ma chambre ou je sortais avec mon beau-frère. Je n’avais qu’une idée en tête à ce moment-là, retourner chez moi. C’était bien de ne plus aller à l’école, mais un prof s’est bougé pour moi et il m’a envoyé en prépa pro. Puis, il y eu le confinement. Maintenant, je retourne au lycée, je n’aime pas trop ça, mais c’est important pour avoir un travail. L’avenir, c’est ma grande inquiétude et ça me fait peur.

L’insouciance, c’était bien

Pourquoi ? Parce que tout change, tout le temps. J’aimais bien les moments quand j’étais petit, quand j’étais encore en maternelle ou en primaire, on n’avait pas à se soucier de grand-chose, on pensait juste à s’amuser. Avant, quand on arrivait à l’école, on allait courir, jouer à des jeux du genre la balle au prisonnier, la marelle, au chat. Puis, l’après-midi, on faisait la sieste, on jouait tout le temps dehors. Le soir, on allait au lit, il était 20h30. On était insouciants et c’était bien.

À ce moment-là, je vivais à 800 km d’ici avec mes deux parents. Puis, ils se sont séparés et ça a changé. J’avais 8 ans, je suis devenu inquiet pour mes parents. Au bout d’un moment, je me suis habitué, et j’ai retrouvé le plaisir de m’amuser. Avec mes copains, on sortait, on allait faire du vélo, on jouait à la Play. J’étais redevenu insouciant.

J’ai peur de l’avenir

La peur est revenue en moi. Quand j’y pense, j’ai peur de l’avenir, parce qu’on se rapproche de la mort et je ne sais pas ce que l’on devient après. Je crois aussi que j’ai peur de la mort depuis la disparition de mon arrière-grand-mère dont j’étais proche et de mon meilleur ami. Cela m’a fait prendre plus conscience du danger. Tout peut s’arrêter comme ça.

J’ai une autre peur que je ne sais pas expliquer, c’est de perdre mes parents, car ils ne m’ont pas appris à vivre sans eux. Je ne sais pas vivre sans leur présence. Même si ma mère est loin, je la vois aux vacances. Mon père, je le vois tous les jours. Je n’imagine pas devoir me débrouiller sans eux. Je ne leur dis pas, je garde ça pour moi mais quand j’y pense trop, ça me rend triste et inquiet. Pour oublier ce stress, soit je vais jouer à la Play ou soit je regarde un film. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi j’ai peur comme ça, j’en parle pas trop autour de moi. Je sais juste qu’il faut profiter de ses proches comme on n’est pas éternel.

Aurélien, 16 ans, lycéen, Alès