Porter le voile, la meilleure décision de ma vie
Le 9 octobre 2021, je me suis voilée. Depuis, je me sens mieux dans ma peau. Je suis tellement fière de moi ! Tout a commencé petit à petit. J’y pensais depuis un an. À chaque fois que je sortais, je me sentais mal à l’aise, j’avais honte. J’avais une sensation bizarre. J’avais qu’une envie, c’était de rentrer chez moi. J’avais envie d’être couverte : j’étais prête mentalement à porter le voile, c’était sûr.
Les voiles, on ne les trouve pas partout. Ce n’est pas quelque chose qu’on achète dans les centres commerciaux ! Il faut aller dans des boutiques spéciales, qui vendent toutes sortes de tissus (soie de Médine, mousseline…). Le voile n’est pas béni. On peut l’acheter et le mettre directement sur la tête. Il n’y a pas de couleur interdite. On choisit le tissu en fonction de la saison et de la forme de la tête. En été, la soie de Médine est le meilleur choix, car elle est très légère et fraiche. La mousseline, c’est très fin. Cela colle plus sur la tête, et donc cela s’adapte à la forme du visage. Pour savoir le mettre, j’ai appris en observant ma mère et mes tantes. Je prends aussi exemple sur Tiktok ou Youtube, où des femmes voilées font des tutos.
Le grand jour
Le samedi 9 octobre, je suis allée dans une boutique, et j’ai acheté plein de voiles. Ce fut mon meilleur achat de l’année ! Ce jour-là, je me suis dit : « Nayla, c’est ton jour, c’est maintenant ! » Je ne regrette absolument pas, et je ne regretterai jamais. Mes amies et ma famille sont également contentes pour moi. Ma mère a très bien réagi, étant elle-même voilée. Elle m’a vue le lundi suivant, au moment d’aller en cours, sortir de chez moi avec mon voile. J’ai vu de la fierté dans ses yeux.
Ma mère m’a conseillé de ne pas faire attention au regard des gens. On me dit parfois des trucs bêtes comme : « Tu es forcée de le porter ? » ; « Dans deux semaines, tu enlèveras, c’est sûr »… Ça m’exaspère ! Comme si on n’était pas capable de prendre une décision pour soi-même ! J’ai remarqué les regards de travers dans la rue. Le souci pour toutes les voilées, ce sont les établissements où c’est interdit. C’est très embêtant de devoir le retirer au lycée. Je l’enlève après avoir franchi le portail, mais les gens ont toujours des remarques à faire. Parfois, leur ton est agressif, comme si j’avais fait quelque chose de grave. C’est qu’un bout de tissu, n’abusons pas ! C’est dommage qu’en France on ne puisse pas être libre de porter le voile. D’ailleurs, j’envisage de faire des études à la fac, étant donné que le voile y est autorisé.
Porter le voile, il faut bien y réfléchir avant. Prendre son temps pour pouvoir se lancer. Cela peut être un choix personnel, ça ne veut pas dire que quelqu’un nous y oblige ! Moi, j’ai fait le choix d’être voilée. Et j’en suis fière !
Nayla, 17 ans, lycéenne, Montpellier