En coloc à l’hôtel, j’ai des idées noires
Le soir, je me sens seul dans l’hôtel où je suis hébergé. Quand j’appelle ma famille, mon coloc se plaint dès que je parle. Quand je vais aux toilettes, il se plaint aussi du bruit de la chasse d’eau. Il vient du Bangladesh, et on ne parle pas la même langue : il parle très mal le français et moi, je ne parle pas anglais.
On n’échange pas ensemble, on n’a aucune interaction, pas de lien. Souvent, je reste seul sur mon lit et je pense à beaucoup de choses. J’ai des idées noires, j’arrive pas à être positif. Ça me crée des maux de tête terribles.
Je voulais partager un logement pour échanger avec quelqu’un qui me comprenne, mais ce n’est clairement pas le cas. J’aimerais en parler à mon éducateur, mais j’ai peur qu’il me dise : « Tu viens d’arriver et tu te plains déjà ? »
Alors pour me détendre, je prends mon téléphone et je joue un peu. Mais à l’hôtel, on n’a pas internet et le crédit, ça coûte cher. Il n’y a même plus de télé. Avant, la télé, ça m’aidait un peu à oublier mes problèmes, mais elle est cassée, et elle n’a pas été remplacée.
Les nuits à l’hôtel : seul et insomniaque
Souvent, je mets beaucoup de temps à m’endormir, je réfléchis, je me dis : « J’espère qu’on va me changer de chambre. » Les fois où j’arrive enfin à dormir, c’est mon voisin qui se réveille. Il ouvre grand la fenêtre dans la nuit et le froid me réveille. Et c’est reparti pour une insomnie.
Ma famille me manque beaucoup. Heureusement que mes amis à l’association me soutiennent, sinon ma tête exploserait. Ils me disent d’être patient, que les choses iront mieux avec le temps, que bientôt je pourrais communiquer avec mon colocataire, car il va apprendre le français.
Mais je ne sais pas comment je dois me comporter avec lui. Je n’apprécie pas son attitude. Il me dit avec des gestes qu’il n’est pas content d’être avec moi. Il dit que je fais trop de bruit, il tchip et tout. Moi, je lui dis rien, je prends mon mal en patience et j’espère pouvoir changer de chambre. J’aimerais être avec quelqu’un qui me comprend mieux, je me sentirais moins seul.
Alasko, 17 ans, en formation, Paris