ZEP 18/03/2016

« Tu joues aux jeux vidéo ? Mais t’es une fille ! »

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Les jeux vidéos c'est pas que des mecs ! 44% des gamers sont des femmes et pour Jeanne ça ne devrait pas être problématique.

« Tu joues aux jeux vidéo ? Mais t’es une fille ! » Cette phrase, je l’entends depuis toute petite. Tout le temps, par tout le monde. Les premiers ont été mes parents : « Tu ne préfères donc pas jouer aux poupées ? »

Au collège, j’étais la fille étrange

Même si de nombreux progrès ont été effectués , nous vivons toujours dans une société où nos sexes déterminent nos goûts, nos loisirs, notre façon de vivre. Je joue aux jeux vidéo depuis que je suis capable de tenir une manette dans mes mains. J’ai donc commencé très jeune, en jouant avec mon frère. Au départ, mes parents étaient déconcertés, mais voyant qu’au final, je m’amusais aussi bien en jouant aux poupées qu’aux petites voitures et aux jeux vidéo, et que cela ne faisait pas de moi une enfant anormale, ils m’ont laissée faire comme j’en avais envie. J’ai donc grandi en pensant qu’il était normal de pouvoir faire les choses que l’on a envie, peu importe notre sexe.

Puis, lorsque je suis entrée au collège, j’ai commencé à comprendre que tout le monde ne pensait pas comme moi. On a commencé à me ranger dans une case. J’étais la fille étrange, sans beaucoup d’amis, qui jouait aux jeux vidéo et qui ne prenait pas soin d’elle. Dans la tête des gens, tous ces éléments étaient liés. Si j’étais comme ça, c’était uniquement parce que je jouais aux jeux vidéo. Il était inconcevable pour ces personnes d’imaginer le fait que, si je n’avais jamais joué aux jeux vidéo, ou si j’arrêtais d’y jouer, je serais toujours la même. Non, il était évident que la normalité pour une fille était de chercher à avoir le plus d’amis possible, d’avoir toujours le dernier vêtement à la mode.

Jouer avec des « gens comme moi »

J’ai donc commencé à me poser des questions. Je me suis demandé ce qu’était la normalité. A l’époque, j’en suis venue à la conclusion que c’était eux qui avaient raison. Tout le monde semblait penser comme eux, donc ils devaient forcément avoir raison. J’ai donc commencé à parler à plus de monde, à essayer de m’habiller un peu mieux, de me « faire jolie ». Ça n’a pas duré longtemps. Parce que je n’étais pas comme ça, ce n’était pas moi. Alors je me suis dit que je n’étais pas comme tout le monde, que j’étais différente, pas normale. J’ai donc recommencé à vivre comme j’en avais envie. Mais, ce n’était plus pareil. Je ne jouais plus avec mon frère depuis longtemps, mais en ligne, avec des personnes rencontrées sur internet. Et je ne jouais plus seulement pour m’amuser, mais pour être avec ces gens, que j’appelais des « gens comme moi ».

Ce n’est que vers la fin du collège, donc à peu près deux, trois ans après, que j’ai compris que je n’avais pas de problèmes, et que la « normalité » n’existe pas. Nous sommes tous différents les uns des autres, et si nous n’étions pas conditionnés dès notre enfance à penser et à vivre d’une certaine manière, il y aurait sans doute autant de filles que de garçons jouant aux jeux vidéo.

Les jeux vidéos, trop cool

Aujourd’hui, je suis passée en seconde, je ne joue plus que très peu par rapport à avant. Et je n’ai toujours pas changé. J’ai toujours un cercle d’amis assez restreint, je ne fais pas vraiment attention à la manière dont je m’habille, dont je me prépare. Ce sont mes choix. Je vis comme je l’entends sans me préoccuper du jugement des autres.

Les jeux vidéo m’ont apporté énormément de choses. De véritables amis, rencontrés sur internet il y a des années, qui, étant toujours plus vieux que moi, m’ont aidée à grandir et qui viennent parfois me voir à Nantes. Une super moyenne en anglais. Mais aussi des souvenirs incroyables. Des fous rires, de la rage (beaucoup, je déteste perdre !), de la peur, vu que je n’ai pas rencontré que des personnes qui voulaient mon bien, de la colère, car quoiqu’il arrive, dans la majorité des cas, que ce soit de manière positive ou négative, on est discriminée lorsqu’on est une fille sur internet.

Mais, par-dessus tout, beaucoup de joie.

Parce que les jeux vidéo, c’est trop cool.

Jeanne, 16 ans, lycéenne, Nantes

Crédit photo Pixabay

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3 réactions

  1. Bonjour Jeanne, ton article m’a beaucoup touché car je me suis un peu retrouvée dans la même situation. Depuis que je suis toute petite je joue aux jeux vidéos et je jouais surtout avec mon meilleur ami. Ensuite quand j’ai déménagé j’ai commencé à jouer toute seule parce que ça me convenait. Seulement, à mon arrivée au collège c’est vrai qu’on a commencé à me classer comme « une fille » et donc je n’osais pas dire aux gens que je jouais aux jeux
    vidéos parce que la plupart se moquaient.
    Maintenant, je suis en Terminale, j’aime toujours autant jouer mais je préférerais jouer avec d’autres personnes. Sauf que la plupart du temps les garçons excluent les filles de la discussion lorsque ça parle de jeux vidéos, ils me disent « nan mais tu connais pas » (en parlant d’un jeu que j’adore) et quand je trouve le moment pour dire que je joue ils me regardent bizarre et certains me disent « mais t’es une fille… ».
    Du coup j’ai perdu masse confiance en moi et je préfère jouer en ligne sans mon micro comme ça personne ne sais si je suis un garçon ou une fille et ils me parlent normalement, pas comme si j’étais une débile.

  2. Hey ! Certes, dans ce sondage, il est dit que 44% des gamer sont des filles, mais je le trouve beaucoup trop vague, parce qu’il prend en compte toutes les plateformes et tous les types de jeux. Sur les jeux en ligne, en m’appuyant sur mon expérience personnelle, je me permet d’affirmer qu’il n’y a absolument pas 44% de filles. ( sauf peut-être sur wow ? ). De plus, on ne peut pas vraiment prendre ce genre de sondages au pied de la lettre, car il est très facile de mentir sur son sexe/genre sur internet.
    Merci pour ton commentaire ! ( PS : les team sur LoL, y’a que ça de vrai !^^ )

  3. Salut, je suis un gars, j’ai 30 ans, joueur de Jeux vidéo depuis mes 3 ans et ayant eu ma première console a 4 ans (que de souvenir, cette master system avec psycho fox), et je peut t’assurer que je comprend ce que tu expliques, tu peut être fier d’être celle que tu es, il n’y a pas de doute la dessus, et si tu veux je te laisse un article sympa, ( http://www.jeuxvideo.com/news/458300/chiffres-de-vente-profils-de-joueurs-portrait-du-jeu-video-francais-en-2015.htm ) a la fin tu as les profiles « types » des joueurs de jeux vidéo français, et rassure toi, la gente féminine est bien représenté, 44%, il est très loin le temps ou c’était un loisir de « gars », et les personnes qui pensent comme ça de nos jours sont des personnes qui ne se renseignent pas, suivent ce qu’ont leur raconte a la télé, et du coup sont des personnes bien plus fermés qu’elles ne le pensent (je me suis toujours dit que ceux qui me trouvaient anormal l’étaient bien plus que moi depuis ma toute petite enfance). Des études on été faites, scientifiques et portant sur des larges panels de gens, elles ont toute démontrées que les dires comme quoi les joueurs seraient tous négligés, sans amis, et le reste sont complètements infondés et d’expérience personnelle, souvent ces personnes là qui croient avoir beaucoup d’amis se retrouvent seules quand elle sont face au mur. Les jeux permettent non seulement de s’amuser, mais quand le multi est pris en compte, tel que dans les mmo, style wow, des valeurs morales sont prisent en compte aussi, quand on rentre dans une guilde, qu’on créé une equipe sur LoL, ou qu’on joue juste pour le plaisir avec des amis.
    Pour terminer : OUI les Jeux Vidéo c’est trop cool !

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