Harcelée, j’ai passé des années à le fuir
Il y a quelques années, un garçon, qui était dans le même collège que moi, est tombé amoureux de moi. Problème : ce n’était pas du tout réciproque. Second problème : il ne voulait pas comprendre que je ne l’aimais pas. Ce n’est pas faute de lui avoir dit et redit. Ce garçon harcelait mes proches et me stalkait dans la vraie vie et sur les réseaux pour qu’une relation naisse entre nous. Ça a duré plusieurs mois, plusieurs années même.
Je l’ai connu au centre aéré. On fréquentait le même lorsqu’on était beaucoup plus jeunes. Sans plus. Puis, on s’est perdus de vue et « retrouvés » au collège. Quand lui est arrivé, j’étais en classe de cinquième.
Harcelée, il allait même voir mon entourage
Au début, pour être honnête, je pensais qu’il allait vite lâcher l’affaire. Je lui laissais des « vus » et je ne le calculais même pas. Je lui ai fait comprendre qu’il ne m’intéressait pas. Malgré ça, non seulement il ne voulait pas entendre mes « non », mais racontait à qui voulait l’entendre que l’on sortait ensemble. Il disait même que c’est moi qui étais amoureuse de lui et collante, que je le regardais H24, que je parlais souvent de lui à ma meilleure amie. Bien sûr, ce n’était pas vrai du tout.
Pour obtenir des informations sur moi, il demandait à mes amies. Celles-ci n’avaient aucune idée de ses intentions. Alors, elles répondaient à ses questions. Il voulait savoir si j’avais quelqu’un dans ma vie, s’il m’intéressait, s’il avait des chances avec moi, etc. Un vrai interrogatoire. Ce malade est même allé voir ma sœur pour lui poser les mêmes questions, tout en restant volontairement flou sur ses projets. Il allait voir d’autres personnes de mon entourage qu’il ne connaissait même pas pour leur raconter qu’on était en couple depuis plusieurs mois.
J’ai appris qu’il me surveillait grâce à ma meilleure amie, qui me racontait tout ce qu’il lui disait. C’est à elle qu’il se confiait, soi-disant parce qu’il ne faisait pas confiance à ses « potes ». Je suis tombée des nues. J’étais surprise, surtout quand il lui envoyait des messages en lui disant : « S’il te plaît, demande à Tokyo si y’a moyen entre nous, parce que moi elle ne me répond pas et me lâche des vus… » Elle m’envoyait les captures d’écran. J’ai demandé à ma pote de lui dire que je n’étais pas intéressée. Il le savait déjà, mais il forçait. Ma meilleure amie avait peur, elle trouvait qu’il faisait psychopathe.
Pas peur de lui, mais de son comportement
J’ai appris qu’il en plaisantait avec ses potes et faisait comme si c’était un jeu. Ça l’amusait visiblement beaucoup. Moi, pas du tout. C’était trop. Marre d’être harcelée, je suis allée le voir un jour pour me confronter à lui en face-à-face. J’en avais trop marre. Je lui ai demandé d’arrêter son petit jeu. Il n’a rien dit sur le moment. Le soir même, il m’a harcelée de messages. Je l’ai bloqué de tous mes réseaux. Ça ne l’a pas empêché de continuer.
Apolline n’a pas consenti mais dans leur tête c’était un « oui ». Baiser, main baladeuse, sexe : son consentement n’a pas été pris en compte.
À cause de cette histoire, mes notes baissaient. Ma mère, à qui je n’osais pas en parler, n’était pas contente. Au collège, je l’évitais à chaque fois que je le voyais. À la récréation, je restais avec mes meilleurs amis. Je sentais son regard insistant sur moi. C’était ultra gênant. J’ai demandé à mes amis de ne pas le calculer, de ne surtout pas répondre à ses questions et de le bloquer sur les réseaux. Ils l’ont fait et m’ont soutenue.
Depuis que je suis entrée au lycée, je ne suis plus en contact avec ce garçon, je ne suis plus harcelée. Je n’arrive toujours pas à comprendre aujourd’hui pourquoi il est resté bloqué sur moi. Pourquoi moi ? Est-ce que je lui ai fait croire à un moment donné qu’il avait des chances ? Même pas. Je me refais toute l’histoire en boucle et je ne comprends toujours pas…
Tokyo, 15 ans, lycéenne, Grande-Synthe
Crédit photo Pexels // CC SHVETS production
Harcèlement sexuel
[aʁsɛlmɑ̃ sɛksɥɛl] n. m.
Le harcèlement sexuel se caractérise par le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, qui :
– portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant,
– ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
Le harcèlement sexuel est puni quels que soient les liens entre l’auteur·trice et sa victime. L’agresseur·euse risque deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
sa ma vraiment toucher je te soutien a mort courage