Mon anxiété, c’est OK sur TikTok
Depuis toute petite, j’ai toujours senti une sensation bizarre lorsque je vois une foule autour de moi. Lorsque je rends un contrôle que j’ai réussi ou raté. Je n’ai jamais su décrire cette sensation et même aujourd’hui, je sais juste que ça me glace le sang. Et je me sens oppressée. Ce n’est qu’après de longues années que j’ai su que c’était de l’anxiété.
L’anxiété m’a toujours pénalisée dans la vie. Lorsque je fais du shopping avec mes amis par exemple : quand il y a beaucoup de monde dans les galeries, je commence à me sentir mal. J’ai peur de me faire juger par toute cette foule. Je ne peux donc pas passer un bon moment avec mes amis sans que cela se transforme en calvaire. J’ai peur d’être de trop, de gâcher leur bon moment quand je suis en crise.
Je n’aime pas leur en parler par peur de les ennuyer. Même si je suis sûre que ça ne les dérangerait pas. Je ne leur ai jamais réellement parlé de l’anxiété, ni de ma vie d’avant par peur de réveiller d’anciens traumatismes, comme le harcèlement que j’ai vécu. Bref, je ne peux en parler à personne.
Me créer une bulle pour me sauver
L’anxiété est nocive. Lorsque j’en fais je peux faire des crises de boulimie ou alors ne plus manger. Je peux aussi me ronger les ongles jusqu’à la peau ou me gratter jusqu’au sang sur les cuisses. Rien ne peut me calmer. Le seul moyen à peu près convenable pour essayer d’empêcher ça, c’est de m’écrire des lettres à moi-même. Dans ces lettres, je suis parfaite. Je suis la fille qui n’a pas de complexes, qui est proche des personnes qu’elle aime. Bref, la meilleure version de moi-même.
L’anxiété m’a toujours suivie. Depuis toute petite. Mais elle s’est beaucoup plus développée au collège, quand mon harcèlement a commencé. J’ai donc développé une phobie scolaire suivie d’anxiété. Je ne suis pas allée au collège durant tout un trimestre. Grâce à la CPE de mon établissement, j’ai pu regagner l’école avant la fin de l’année. Mais j’avais toujours la peur d’être jugée en sport, ou la peur de participer à l’oral.
Imaginez être dans une salle de 30 personnes qui vous fixent droit dans les yeux. Et imaginez qu’ils vous critiquent dans les moindres détails comme « ah, mais elle est débile c’est même pas ça la réponse », « mais c’est une intello » ou « pourquoi elle force sur son accent anglais elle se prend pour une bilingue ? ». Toutes ces remarques, c’était ce que mon anxiété me disait. Dans ma tête. Alors je me suis renfermée dans la lecture et l’écriture. J’ai créé un monde à part : ma bulle.
Sur TikTok, on se comprend
L’anxiété est un sujet tabou. En même temps, sur les réseaux sociaux, il y a de plus en plus de personnes qui en parlent. Notamment sur TikTok et Instagram. Ça me libère. Je me dis qu’il y a des personnes comme moi, que je ne suis pas seule. Car avant sur les réseaux, personne n’en parlait. Aujourd’hui, il y a des comptes dédiés à la dépression, l’anxiété, l’anorexie et pleins d’autres troubles.
Toute la communauté est bienveillante : on partage les mêmes expériences. Donc dans les commentaires il n’y a aucune haine. J’adore @queer_bienveillante qui normalise le fait de se sentir mal : on ne doit pas culpabiliser de la dépression. Il y a également @bananagnes qui montre son combat contre l’anorexie. @colorsofmarion traite aussi de ces mêmes sujets. Il y a plein d’autres comptes qui sont incroyables.
Dans la vraie vie, je ne me sens pas encore libre d’en parler à d’autres personnes que ma mère. Car j’ai toujours peur d’être « incomprise ». Je me souviens qu’une fois, en 4e, une amie à qui je m’étais confiée et avait dit que mon harcèlement était faux et que je simulais ! Elle se vantait d’avoir plus de problèmes que moi. C’était tellement déplacé de sa part. Donc oui, aujourd’hui, je préfère en parler avec les communautés en ligne plutôt qu’en vrai.
Anahe, 15 ans, lycéenne, Marignane