Après 24 ans, mon père n’est plus alcoolique
Mon père et moi, nous sommes très proches. C’est toute ma vie, mon héros. Quand on est ensemble, c’est super drôle, on passe nos meilleurs moments. J’en profite énormément avant qu’il soit trop tard. Car, parmi tous ces bons moments, un problème venait le détruire lui et toute ma famille : son alcoolisme.
Ce problème en engendrait d’autres comme les violences conjugales et les violences verbales. Cela a eu un énorme impact sur mon quotidien, comme de ne plus sortir avec mes copines et mes voisines, car je devais m’occuper de la maison et de ma mère. Il pouvait être violent envers elle, mais pas envers nous, ses enfants. Ça m’attristait énormément de voir mon père ivre tous les jours. Et ça, depuis la naissance de mon grand frère.
Un jour, ma mère nous a dit que c’était à cause de ses fréquentations quand il était plus jeune que mon père s’était mis à boire. Qu’il n’arrivait pas à arrêter, qu’il était accro. Mais aussi, à cause de la relation avec sa famille, eux qui étaient très malveillants et mauvais.
La crise de trop
Avec toutes ses addictions, mon père a eu de très gros problèmes de santé qui ont détruit son foie, ses poumons et ses reins. En plus, il devait surveiller son taux de cholestérol. Ma mère n’en pouvait plus de tous ses problèmes, car elle se faisait violenter. Quand il levait la main sur elle, mes sœurs et moi, on essayait de l’en empêcher en les séparant. Elle pouvait le quitter à tout moment. Mais, elle restait pour mon frère, mes sœurs et moi. Après tout, elle aimait son mari.
Un jour, il regardait un film dans le salon. Moi, j’étais dans ma chambre. J’entendais des bruits étranges. Au départ, je pensais que c’était la télévision. Mais dans ma tête, quelque chose me disait que je devais quand même aller jeter un coup d’œil. Donc je suis descendue. Et là, j’ai vu mon père au sol, en train de faire une crise d’épilepsie. Mon premier réflexe a été de dégager l’espace. Puis, je lui ai tenu la tête pour pas qu’il avale sa langue. Tout ça, en tremblant.
Ce genre de crise était déjà survenu plusieurs fois auparavant. Mais, cette fois-ci, c’était très fort. Les pompiers l’ont hospitalisé pendant deux semaines. Elle m’a expliqué que son corps était très en manque, car il avait essayé d’arrêter l’alcool pendant deux jours. Pendant tout ce temps, mon père avait enfin réalisé que ce n’était pas bien et qu’il nous faisait souffrir. Que ça soit sa femme ou nous, ses enfants.
On n’y croyait pas
Après 24 ans de patience, mon père a enfin arrêté l’alcool. Au départ, on pensait que ce n’était que des paroles, comme il le disait tous les jours. Mais, plus le temps passait, plus on constatait que c’était réel. Il n’est jamais parti dans un centre de désintoxication. Il était motivé à arrêter de boire et a pris cette initiative seul.
Le matin, il n’est plus ivre. Il se réveille, fait du thé pour ma mère et nous fait à manger tous les jours pendant qu’elle est au travail. Il s’est réconcilié avec ses frères, ses sœurs et sa mère. Il fait le ménage, passe plus de temps en famille. Sa santé va beaucoup mieux, il ne fait plus de crise d’épilepsie.
Même si mon père était un alcoolique, je ne lui ai jamais manqué de respect. Je l’aimais, et je l’aime car, c’est mon père.
Sadjida, 19 ans, étudiante, Pontoise