HPI, je combats l’ennui

Depuis que je suis tout petit, je m’ennuie avec les gens. Je n’avais pas les mêmes centres d’intérêt qu’eux. J’aimais déjà les ordinateurs. Eux, ils aimaient le foot. J’ai été diagnostiqué HPI assez tôt, vers 3 ans. Je m’ennuie tout le temps. Le seul endroit où ça va, c’est dans les jeux vidéo. C’est l’un des seuls défis qui me permet de ne pas m’ennuyer, même si je n’ai jamais bloqué sur une énigme dans un jeu. C’est même souvent un peu trop facile, mais bon, c’est déjà ça.

Je ne me sens pas appartenir à cette grande masse que sont les personnes de mon âge. Je ne leur parle jamais. Ils ne me parlent jamais non plus, ça me va bien comme ça. Je vais être un peu vexant, mais parfois je trouve les autres jeunes un peu idiots. Je ne vois pas vraiment d’intérêt à me faire amis avec des gens qui ont une faible probabilité de m’apprendre quelque chose ou de m’aider dans des tâches pointues. Ils vont souvent trouver ça ennuyeux et inintéressant. Ils travaillent dur pour avoir des bonnes notes, mais c’est tout.

Je reste un assez bon élève. Je fais toujours mes devoirs quand je peux les faire, et j’ai une assez bonne mémoire. Il est très rare que je révise avant d’aller à un contrôle. Souvent, je me contente juste de bien écouter en classe. Je n’ai pas de sensibilité particulière, voire même j’arrive très bien à me couper du monde extérieur  et à me concentrer même dans un endroit super bruyant. Je peux rêver (penser à autre chose à la limite du rêve) tout en restant présent devant le cours, donner l’impression que j’écoute.

Je penser déjà au doctorat

En informatique, je fais ce qui me plaît. Tout ce qui me passe par la tête, que ce soit un peu de développement de logiciel, des jeux ou monter mon propre ordinateur, modifier ma Switch et peut-être bientôt une PS4. Mon plus gros projet : un ordinateur fonctionnel incrusté dans un bureau. Il y aura une vitre en plexiglass pour pouvoir voir l’intérieur.

J’aime bien aller voir des thèses, ce qui est rare à mon âge. Ma mère présente justement la sienne ce mois-ci. Je suis souvent allé à son laboratoire de psychologie, où j’ai rencontré les autres doctorants, très sympas, et je suis donc allé voir leurs thèses aussi.

Je ne m’intéresse qu’à ce genre de sujets qui sont très poussés ou précis. Je suis aussi allé voir un séminaire sur l’affordance (la capacité d’un objet à générer une action). Je me suis déjà intéressé à des trucs improbables pour moi, comme la pâtisserie. Je compte faire un doctorat, ou des études pour faire du développement informatique, évidemment.

Arthur, 15 ans, lycéen, Montpellier