Faire mes contours pour rester frais
Souvent, quand je vais chez le barber, je lui dis : « Fais ce que tu veux .» Comme quand j’ai fait un taper avec des traits en haut de la nuque. C’est lui qui m’avait conseillé, en me disant que ça allait bien m’aller. Un taper est une coupe pour homme où la longueur des cheveux est graduée de la nuque aux côtés : c’est comme un dégradé, mais court.
Je vais dans un barber qui s’appelle Kalvin. Il n’y en a que deux qui me coiffent car j’ai confiance en eux. L’un des deux s’appelle David, je le connais depuis le collège parce qu’il était surveillant dans mon établissement. L’autre s’appelle Calvin, et il est spécialisé dans le hairstyle.
Le hairstyle, c’est une sorte d’art car on peut faire toutes sortes de dessins sur son dégradé. Moi, je lui demande de faire mes contours avec un dégradé américain, avec un trait ou un dessin selon mes envies. Je fais essentiellement toutes sortes de traits. J’ai des potes à moi qui se font des cœurs, des toiles d’araignée, un cardiogramme avec la fréquence cardiaque ou encore une plume.
Rap, foot et originalité
J’y vais depuis la cinquième. Les clients ne sont que des hommes, ils ont entre 8 et 30 ans. Il y a une bonne ambiance avec de la musique, tout ça, comme du Tiakola, du Central Cee, et plein d’autres rappeurs d’actualité, c’est dar. On parle de tout et de rien : les vacances, les soirées, la famille, le lycée… Dans le salon, il y a des écrans pour suivre les matchs de la LDC (Ligue des champions) et d’autres choses dans le genre. Je ne suis pas un footeux, de base, mais j’aime bien regarder.
Depuis qu’il a découvert la coiffure par hasard, Adam s’occupe de ses voisin·es pour 5 ou 10 euros. Un moyen de se faire de l’argent de poche et d’aider ses parents.
J’y vais toutes les trois semaines environ. Cela me coûte 18 ou 22 euros en fonction de ce que je fais. J’ai une totale confiance en eux. J’en ai essayé d’autres pour comparer, mais ça coûtait trop cher et le dégradé n’était pas ouf. Si ça ne tenait qu’à moi, j’irais toutes les semaines parce que mes cheveux repoussent vraiment super vite, mais les darons ne sont pas d’accord, parce que ça coûterait trop cher sur le long terme.
Pour moi, c’est important d’avoir les contours bien faits, pour me sentir beau, tout ça. J’ai souvent eu des réactions positives, que « j’avais des couilles d’essayer ». Je n’ai pas peur du regard des gens, ça me pousse à faire des choses hors du commun. Je me sers du barber pour me différencier des autres, pour ne pas être comme « tout le monde ».
Mathis, 17 ans, lycéen, Yvelines
Crédit photo Pexels // CC Thgusstavo Santana
Le barber
Le barber, c’est pas un barbier, et c’est pas non plus un coiffeur. En fait, c’est l’artiste des contours et de la couleur, qu’il s’agisse de tes cheveux ou de ta barbe.
L’avantage du barber, c’est qu’il chouchoute toutes les cultures, alors que les coiffeurs et coiffeuses sont souvent formé·es à travailler un seul type de cheveux. Le barber, lui, s’applique à raser et dompter les poils latinos, arabes, afros…
Cette discipline, tout droit venue des États-Unis dans les années 2010, est devenue hyper populaire en quelques années… notamment grâce aux rappeurs, aux joueurs de foot et aux influenceurs, qui demandent des contours tous plus incroyables les uns que les autres.
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Certains salons parisiens sont carrément devenus des références, et leurs réalisations sont suivies par des milliers de followers sur les réseaux. Mais pas de panique : si t’as pas le budget ou le courage d’aller jusqu’à Paris pour avoir des contours frais, il y a forcément un barber qui a ouvert pas loin de chez toi.