Je n’ai pas su quoi faire quand ma copine a eu un cancer

Premier amour innocent du lycée, elle vivait en France et moi à l’étranger. On avait déjà neuf mois de relation (dont six à distance), et était très proches. On avait des plans pour les vacances de Pâques et d’été. Un soir, elle m’appelle sans prévenir. Elle tâte le terrain pour me préparer et m’annonce : « Je ne peux pas venir, j’ai un cancer. » Ma seule réponse : « Ok. » Déni ou incrédulité de ma part, sentiment d’abandon pour sa part. Ce fut le début du déclin de notre relation, qui se termina quelques mois plus tard.

Durant ces quelques mois, je me suis senti comme un zombie. Occupé à passer ma terminale à l’étranger, je voulais que l’année se finisse au plus vite afin de rentrer en France. Être avec elle, c’était la seule idée que j’avais en tête, le reste je l’ai négligé. Je ne prenais plus au sérieux les cours, j’ai tourné le dos à la plupart de mes amis, j’ai arrêté de prendre soin de mon corps. À la fin, je me sentais comme une loque solitaire. Grossièrement, je tuais le temps sans progresser dans ma vie.

Des années à s’en remettre

Pourtant, je ne savais pas comment m’y prendre. J’avais envie de lui montrer que j’étais à 100 %, mais je lui paraissais absent. J’essayais d’être conscient de son état, mais cela lui sonnait comme une excuse. Je planifiais mon projet autour d’elle, mais elle y voyait un manque d’ambition. En gros, on n’était plus sur la même longueur d’onde. En fin de compte, je n’arrivais pas à être réellement là pour elle, et je ne pouvais rien faire de plus. On a fini par se séparer.

Aujourd’hui, j’ai 24 ans. Cette période de ma vie m’a hanté jusqu’à mes 21 ans. Je n’arrivais plus à avoir de connexion émotionnelle avec les gens, mais ça s’améliore. Parfois, elle et moi, on en parle avec légèreté, mais on n’oublie pas la douleur qu’on a ressentie et les conséquences que ça a eu sur nos rêves et projets : je n’ai jamais pu faire l’armée, et elle ne pourra jamais avoir ses propres enfants.

Fernandez, 24 ans, étudiant, Essonne