En cuisine et sous pression
Le 20 juin, mon stage débute. Angoissée, je passe les portes de l’hôtel, je me mets en tenue et j’entre dans la cuisine. Ça se voit que je stresse. Mon chef de cuisine prononce alors ces mots : « Il faut toujours de la bonne pression, jamais de la mauvaise. »
Je suis surprise qu’il dise ça, mais je lui souris, puis je visite la cuisine. Elle est lumineuse, les murs sont d’un blanc époustouflant. Elle est en forme de U à l’envers. La musique n’y est pas forte, mais assez pour qu’on l’entende. L’ambiance n’est pas la même qu’à mon premier stage en bac pro hôtellerie-restauration, et ce n’est pas plus mal. Ce premier stage avait été horrible, il m’avait beaucoup découragée, au point d’avoir peur du prochain… qui fut génial et fantastique.
À l’aise et en confiance
Ce dernier a duré trois semaines, pendant lesquelles j’ai alterné entre les entrées, les desserts et les plats. J’étais bien, je m’y sentais vraiment à l’aise. L’équipe était bienveillante. J’aimerais y retourner l’année prochaine. Je travaillais et donnais mon maximum, ne voulant décevoir personne. J’ai pris confiance en moi et en mon travail. C’était la première fois depuis au moins six ans.
Une fois, je devais faire de la chantilly, sauf que j’avais pris du sucre semoule au lieu du sucre glace. Le second de cuisine m’a alors dit : « En cuisine, on apprend de ses erreurs. » C’est ça la bonne pression : c’est quand on se trompe et que la personne qui te voit faire t’explique calmement que tu as fait une erreur.
L’équipe de cuisine m’a même offert un fusil pour aiguiser mes couteaux à la fin car j’avais bien travaillé. J’ai vraiment été émue de ce geste.
« Non mais ce n’est pas possible là ! »
Mon tout premier stage de seconde, lui, avait débuté milieu janvier dans un autre restaurant. J’étais deux semaines en service, puis deux autres en cuisine. La première semaine avec la gérante du restaurant s’était bien déroulée, mais à partir de la deuxième, ce fût plus compliqué. Je faisais mon maximum et ce n’était pas suffisant pour elle. Elle râlait et criait sans arrêt des phrases comme : « Non mais ce n’est pas possible là, tu le fais exprès ! » Quand je faisais une erreur, c’était encore pire : « Tu es aveugle ? Tu vois bien que c’est sale là ! »
La troisième semaine, j’ai commencé à être en cuisine. La femme était gentille mais je n’étais pas à l’aise. J’avais peur de faire des erreurs. La pression était constante, mais beaucoup plus présente quand c’était l’heure du rush. Il y avait une vingtaine de couverts. On était trois en cuisine et ma maîtresse de stage était seule en service. J’avais cette pression que j’essayais de garder pour moi et de ne pas montrer. J’étais énormément stressée avec la peur de faire des erreurs sans arrêt.
Quand mon prof est venu m’évaluer, la gérante a menti sur plein de choses et j’ai pris une mauvaise note. Je n’ai pas osé parler, étant timide. Même après je n’ai rien dit, en me disant que c’était ma faute. Maintenant, je me rends compte que c’était celle de la gérante. Dans mon deuxième stage, j’avais le droit de me tromper sans qu’il y ait des conséquences. Le rush était actif mais j’avais un sourire au lèvres, car là, j’aimais mon métier.
Marion, 15 ans, lycéenne, Hautes-Alpes