Une relation fusionnelle avec la Play
J’adore jouer à la Play. Depuis toujours, c’est ce qui me donne envie de rentrer chez moi. Je joue à tout, mais en ce moment, je joue surtout à Dying Light, avec mes frères et mes amis. C’est un jeu de zombies. Je joue aussi à Ghost of Tsushima. Je l’ai vu dans le Playstore, j’ai le compte PS+ de mon pote, il m’a prêté ses codes et j’ai accès à plein de jeux. Ceux que je préfère, ce sont les jeux d’aventure, ceux auxquels on joue tout seul. Je ne suis pas trop multijoueurs. Quand on joue à plusieurs, je ne suis pas concentré sur mon gameplay.
En ce moment, j’y passe environ six heures par jour. Six heures, pour moi, ça représente peu de temps, par rapport à avant. J’ai déjà joué beaucoup plus, parfois 24 heures. C’était pendant le Covid. Après avoir joué, je dormais, puis je refaisais 24 heures. Il y avait école à distance… alors je ne faisais que jouer.
Des sensations fortes en illimité
En vérité, je n’ai pas fait beaucoup de cours en visio. C’était plus des semaines de trois ou quatre jours de cours que de cinq jours. Des fois, les profs n’étaient pas là. Et je n’avais même pas de PC. Je faisais tout sur mon téléphone… Franchement, ça ne servait à rien, l’école sur le téléphone. Alors que la Play, c’était sur la télé.
Je faisais des nuits blanches sur la Play. Mes parents n’ont jamais rien remarqué. J’attendais qu’ils dorment, la porte de ma chambre était fermée et je mettais mon casque. À 6 heures du matin, quand ils me trouvaient réveillé dans ma chambre en train de jouer, ils pensaient que je venais de me lever. Ils ne se disaient rien de particulier.
Avec mes frères, on jouait à Minecraft, Fortnite, Tricky Towers… Surtout Minecraft, parce qu’on peut se créer notre propre monde, on fait ce qu’on veut. C’est mon monde, c’est mes règles. Quand je jouais, je ressentais de la joie, de la tristesse, de la nostalgie. Des fois, j’avais même des frissons.
La quitter pour retrouver les potes
Parfois, j’ai quand même l’impression que jouer c’est moins bien qu’avant. J’aime toujours ça, mais ça a changé. Les jeux ont évolué. Les jeux à l’ancienne, ils étaient mieux que maintenant. Moi aussi j’ai changé, j’ai grandi. Je ne peux plus faire 24 heures d’affilée, je suis moins hypé.
Avant, je jouais autant car je n’avais rien d’autre à faire. C’était divertissant, je ne m’en lassais jamais. Les seules autres activités que j’avais faites c’était avec mon centre de loisirs en primaire. Sauf que maintenant, je sors plus, je sors beaucoup même, avec mes potes, dans la ville. Ça parle de tout et de rien. On galère, mais au moins on galère tous ensemble.
On est obligés de se poser dans des endroits sales, genre ça pue la pisse. Avant, c’était beaucoup dans des parcs. Maintenant, on va dans un parking fermé, on appelle ça le « KGB ». On se pose dans des escaliers pour sortir du parking. Avant, c’était des plus grands que nous qui se posaient là, c’est comme ça qu’on a connu cet endroit. Et quand on en a marre d’être là, on rentre, et on rejoue à la Play ensemble.
Mohand, 16 ans, volontaire en service civique, Les Lilas