« Le sport, c’est ma bulle »
Du haut de mes 9 ans, je me suis sentie totalement attirée par cet immense stade du Red Star. Je savais que le foot, c’était le sport de mes rêves. Ma passion. Ma détermination. C’était un matin de vacances. Ma mère a tout de suite vu que j’étais absorbée par ce terrain. Dans ce club, tout était parfait pour moi. Les prix, autour de 200 ou 300 euros l’année, sont très abordables pour ma mère. Les coachs, mais aussi mes coéquipières, m’ont très vite mise à l’aise. Au foot, on joue collectif !
Là-bas, j’étais comme dans un autre univers, détachée du monde de d’habitude, dans une bulle de laquelle je ne voulais plus sortir. Le problème, c’est que mon coach faisait des réflexions. Quand on arrivait en retard, il nous disait : « Trois tours de terrain ! » Après deux ans et des centaines de match, je me suis rendu compte que la pression était trop forte pour moi. C’était inimaginable de faire un mauvais choix devant le coach et tous les gens dans les gradins. Je me sentais gênée. J’essayais de ne regarder personne. Je me disais que c’est moi qui faisais perdre les autres.
« Au stade en bas de chez moi »
D’un côté, je ne pouvais pas voir un futur sans pratiquer un sport car je m’étais habituée à ce train de vie. Je m’entraînais deux fois par semaine, le mercredi et le samedi pendant deux heures et demie. Je jouais un match à peu près un week-end sur deux. Sans ça, je m’imaginais m’ennuyer tous les week-ends. D’un autre côté, j’ai eu peur, ou plutôt de l’appréhension, de tomber sur un coach aigri comme celui que j’avais eu. J’ai passé un an sans pratiquer un seul sport. À ce moment-là, je me suis ennuyée. Je n’ai rien fait à la place. Je suis restée chez moi. Parfois, j’allais dans le stade en bas de chez moi taper dans la balle, mais pas de manière « professionnelle ». Rien de sérieux, quoi !
365 jours plus tard, j’ai cherché un sport, un « vrai sport », en club, pas juste en bas de chez moi. Je me suis inscrite à la danse hip-hop. C’était tous les samedis. Après quelques cours, j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi. Pas par rapport à ma professeure, mais parce que ce n’était pas assez énergique. J’étais la plus grande dans le groupe des 6-12 ans. Il fallait aller au rythme des plus petits. C’était lent. J’en ai quand même fait pendant un an. À la fin, la prof faisait des trucs spéciaux pour moi et après elle allait aider les plus petits. Je me suis quand même éclatée mais pas assez pour continuer.
Grâce à son club de foot, Tom a trouvé du travail. Le problème, c’est qu’il se sent redevable, sur le terrain et au quotidien.
Depuis, je ne sais toujours pas ce qui est fait pour moi. Je suis très très active. Je bouge tout le temps. Je cours tout le temps. Je fais des footings de presque une heure. C’est important pour moi de bouger ! Si je ne bouge pas, je m’ennuie et, en plus, je bouge pour le plaisir. Quand je cours, je ressens de l’adrénaline. Je suis seule dans mon monde. Je ne vois rien autour. Juste moi. J’ai besoin de me défouler après des journées à être assise à écouter un prof. Je dois dépenser toute l’énergie qu’il me reste. Je songe à refaire du foot, en espérant ne pas tomber sur un entraîneur comme celui avec qui j’ai passé deux ans. Je pense retourner au Red Star. Le stade a été rénové et tous les coachs ont changé.
Elya, 14 ans, collégienne, Saint-Denis
Crédit photo Pexels // CC Laura Rincón