2/2 Quand l’équipe va, tout va
À 5 ans, j’ai vécu ma « première fois ». C’était au stade Chaban-Delmas à Bordeaux lors d’un match Bordeaux – Saint-Étienne. De voir un match autre part qu’à la télévision, c’était le rêve. Voir la foule, les chants, les drapeaux, les couleurs, les joueurs en chair et en os. Un rêve et un coup de foudre ! C’est là que mon histoire d’amour avec les Girondins a commencé. Depuis ce jour, il y a presque vingt ans, j’ai une relation passionnée avec ce club. Et ça impacte ma vie sous plusieurs aspects ! À commencer par mon emploi du temps. Je planifie mes semaines en fonction des horaires des matchs. Impossible de rater un match, quitte à le regarder sur le téléphone. Dans ces moments-là, je rentre dans ma bulle. Interdit de me déranger !
Dès que je le peux, je me déplace pour suivre mon club. Mais ça me demande une organisation car je suis en fauteuil roulant. Un aller-retour en train depuis Paris, une nuit d’hôtel voire deux, avec chambre spacieuse pour pouvoir circuler, donc plus chère, plus le prix de la place au stade, à chaque fois ça me coûte près de 250 euros tout compris ! À ce prix, je choisis cinq à six matchs par an. Et je ne compte pas mon budget en produits dérivés : écharpes, sweats, mugs, couettes… toutes aux couleurs des Marine et Blanc. Dans ma chambre, j’ai du Girondin sur les murs avec des posters et dans les tiroirs où je range les maillots des différentes saisons, des serviettes…
« Je serai leur supporter jusqu’à mon dernier souffle »
L’année dernière, un soir de défaite, j’ai posté un commentaire avec ma propre analyse du match sur le WebGirondins, le média en ligne dédié au club. Ils l’ont trouvé pertinent et ils m’ont contacté pour intégrer l’équipe qui anime les émissions. Depuis, je participe à des talk-shows. Ça peut être un débrief avec de l’analyse et des statistiques à commenter : les kilomètres parcourus, le nombre de passes, de tirs, le plan de jeu… Je passe aussi beaucoup de temps sur Discord ou WhatsApp à collecter des infos et à débattre des compositions d’équipe. Je vais aussi souvent dans un bar de supporters bordelais en région parisienne.
La dimension affective est aussi très prenante : quand l’équipe va bien, je vais bien, quand elle va mal, je suis renfrogné. Mon cœur bat Marine et Blanc ! En vingt ans, j’ai vécu un tourbillon d’émotions, les pires comme les meilleures. Par exemple, pour le titre de champion de Ligue 1 en 2009, j’ai tellement crié devant ma télé que les voisins sont montés pour se plaindre du bruit. À l’inverse, lors de la descente du club en deuxième division en 2021, mes larmes ont beaucoup coulé.
Parfois je me dis que je n’en peux plus de cette équipe, que je ne regarderai plus un match… Mais au suivant, je suis toujours là. Mes petites amies m’ont souvent reproché de faire passer le foot et les Girondins avant elles. C’est que je suis comme un amoureux transi, prêt à tout par amour de mon club. Je serai un supporter des Girondins jusqu’à mon dernier souffle. Ça fait partie de mon identité. J’aimerais transmettre cette passion à mes futurs enfants. Comme un héritage.
Tim, 24 ans, étudiant, Paris
Crédit photo Hans Lucas // © Laurent Perpigna Iban – Des supporters accompagnent le bus des joueurs avant la rencontre Bordeaux – Rennes, à Bordeaux, le 2 mai 2021.